Les convictions chrétiennes rendent-elles goût à la vie lorsque celle-ci est ternie par un handicap ? Un colloque tenu au Mont de la Salle à Ciney, organisé par la Pastorale des personnes ayant un handicap, a tenu à le prouver.

Aveugle, Emile a cherché sa voie autrement qu’avec sa canne Son travail et son intégration tout azimut lui ont été certes nécessaires, mais il a vite senti que d’autres voies lui seraient indispensables : aider les autres dans leur cheminement difficile, mais aussi vivre l’enseignement du Christ. C’est ainsi qu’il a trouvé des signes, des messages, un chemin et une réponse à ses inévitables interrogations.

Parents de deux enfants handicapés, Monsieur et Madame G. n’ont pas vécu le calvaire que le destin semblait leur avoir tracé, pleinement convaincus, qu’il y a une vie même si celle-ci semble brisée. Avec Dieu pour les accompagner, ils ont eu la force pour trouver des étincelles de bonheur et pour faire face aussi aux plus désagréables situations de la vie. « Comment osent-ils encore rire » ? Ceux qui ont trop souvent posé cette question reçurent comme réponse, celle de l’amour. Parce que ces deux personnes ont vécu justement une merveilleuse histoire d’amour, en couple, alimentée par le regard qu’ils n’ont jamais cessé de porter sur le message du Christ.

Logopède dans une institution qui accueille des personnes déficientes profondes, Christine cherche avec elles des chemins d’humanisation : « accompagner une personne gravement handicapée, c’est un défi qu’il est possible de relever. La société et l’Eglise ont tout à gagner dans une telle aventure. Derrière le handicap, il y a un être humain et si l’on se refuse à accomplir des chemins de vie avec une personne handicapée, même profonde et même si la tâche paraît insurmontable, c’est une part d’humanité qu’on se refuse à faire vivre », soulignait-elle avec la force de ses plus solides convictions.

Aumônier à « Foi et Lumière », l’abbé Nys y a côtoyé Jean Vanier. Impossible de rester insensible au témoignage de cet apôtre de notre temps qui a fait de sa vie un combat pour que les sociétés acceptent les plus faibles de leurs enfants. « Faire grandir l’autre, se faire l’ami du petit, accomplir un chemin avec lui, tout cela constitue le cœur de l’Evangile. La pauvreté n’est pas un obstacle mais un appel à aimer. Le pouvoir, l’argent, tout cela n’a de sens que s’ils sont au service de la relation, affirme l’abbé Nys dans une intervention pétrie d’émotion. La grande souffrance des personnes handicapées, c’est le rejet plus que le handicap. L’abbé Nys a trouvé les mots justes pour nous dire que les chemins de l’amour restent les plus beaux.

L’amour justement, le chemin libérant de l’Evangile, le droit d’avoir des convictions et de les dire, tels sont le points forts qui ressortirent de ce colloque.
La Pastorale des personnes handicapées de Namur peut se réjouir de l’avoir organisé. Elle nous a convaincu.

Léon Etienne