Quand un doyen en place depuis 2007 rencontre celui qui le remplacera dès la rentrée que peuvent-ils bien se raconter... sinon des histoires de doyens. Dans quelques semaines, l'abbé Philippe Masson quittera le doyenné d'Auvelais qui englobe aussi Jemeppe-sur-Sambre pour devenir doyen principal à Florennes. L'abbé Francis Lallemand quittera lui sa paroisse de Bioul pour devenir doyen d'Auvelais. Deux prêtres pour qui ces prochaines semaines riment avec tri, cartons et... déménagement.
Un départ, une arrivée qui sont autant d'occasions de s'interroger sur le rôle qu'un doyen est amené à remplir. Le doyen Masson se lance: ''Le doyen n'a que la légitimité que l'évêque lui donne en le chargeant d'une mission, par exemple. Pour le public, nous sommes considérés comme les chefs des curés, ce n'est pas le cas. Nous n'avons aucune autorité sur les prêtres sauf si elle est donnée par l'évêque.'' L'abbé Francis Lallemand: ''Pour les gens, devenir doyen, c'est une promotion. J'aurais envie de dire que c'est surtout aller au devant des ennuis... Les personnes que je rencontre pensent aussi que je vais gagner plus: il n'en est rien!'' Et que dit le droit canon? Cet ensemble de règles qui régissent le fonctionnement de l'Eglise est laconique: le doyen, y est-il précisé, a notamment pour mission de veiller tant au bien-être spirituel que matériel des prêtres du doyenné. Il est encore le coordinateur. Il est également là pour donner l'impulsion pastorale au sein du doyenné. ''Le doyen lorsqu'il entre en fonction ne reçoit pas un cahier des charges avec ce qu'il a et n'a pas à faire souligne, avec regret, l'abbé Lallemand. Heureusement, je sais que je peux compter sur mes aînés pour m'éclairer.''

Impossible de rater le marché
Les deux prêtres sont attablés dans la grande pièce du presbytère affectée aux réunions. Les abbés Masson et Lallemand se connaissent bien. Et l'humour qu'ils pratiquent l'un comme l'autre, sans modération, n'est pas leur seul point commun.
Le doyen Masson aurait-il quelques conseils à prodiguer à son successeur? ''L'un n'est pas l'autre ponctue ce dernier. Quand je suis arrivé ici à Auvelais, j'entendais sans cesse 'l'abbé Lejeune (ndlr: le prédécesseur), il avait l'habitude de faire de telle manière. Ou encore 'l'abbé Lejeune disait que...' et je sais que cela m'énervait. C'était vraiment pénible...'' Alors les conseils sont plus d'ordre domestique... Mercredi, c'est donc jour de marché à Auvelais. Un marché très fréquenté. Le doyen Masson y passe régulièrement faire ses emplettes et c'est aussi dans les intentions du doyen Lallemand impressionné par le nombre d'ambulants comme de clients. L'occasion encore de rencontrer un maximum de personnes et pas que des habitués de la messe du dimanche.
Avant d'arriver à Auvelais, le doyen Philippe Masson exerçait son ministère à Martouzin. ''C'était un magnifique petit village de 250 habitants.'' Un ministère très paisible penseriez vous. Il n'en était rien. Parallèlement, l'abbé Masson était aumônier national des gens du voyage. ''Je pensais pouvoir mener les deux durant de nombreuses années.'' C'était sans compter sur une nomination... Mgr Léonard alors évêque de Namur le désignait comme nouveau doyen d'Auvelais. Le doyen Masson: ''C'était difficile de quitter les gens du voyage à qui j'étais très attaché. Et puis, la Basse-Sambre n'avait pas bonne réputation. Et sept années plus tard, je peux dire que je m'y suis magnifiquement plu. J'ai rencontré des gens super accueillants. Le slogan communal n'est-il d'ailleurs pas 'Sambreville la chaleureuse'?''

''Je vais même chez les ''bouffeurs de curés''''
Un doyenné où le prêtre est très sollicité. ''Le samedi soir, il y a trois messes tout comme le dimanche. Il faut encore ajouter la clinique d'Auvelais (CHR Val de Sambre) qui est un lieu de culte important. Heureusement, on peut compter sur une équipe d'aumônerie superbe.'' Le doyen Masson de glisser à l'oreille du doyen Lallemand: ''J'ai tenu mais cela devenait vraiment très dur: chaque week-end c'était une course folle. Si je n'ai pas pris la décision de restructurer c'est parce que je savais que je m'en allais. Il faut restructurer autrement c'est impossible.'' Et le doyen Masson d'ajouter: ''Ce sont des communautés différentes chacune avec son charisme. Toutes doivent être encouragées, tirées vers le haut.''
La balle est donc dans le camp du doyen Lallemand. Et pour l'aider à tout mener de front, celui-ci pourra compter sur une assistante paroissiale que le doyen Masson qualifie d'exceptionnelle. Il a aussi apprécié le travail de tous les bénévoles qui se mobilisent notamment pour faire fonctionner le secrétariat.
Un conseil, le doyen Philippe Masson en donnera néanmoins un à celui qui lui succède. La population de la Basse-Sambre est régulièrement touchée par des drames. ''J'ai pris l'habitude d'aller rencontrer les familles éprouvées et ce même si elles ne pratiquent pas, même si ce sont des ''bouffeurs de curé''. Je vais présenter tout simplement mes condoléances et à chaque fois cela a été apprécié.''

Horace et la guitare
L'abbé Francis Lallemand, 48 ans, n' a pas vraiment été surpris d'être nommé doyen. Son nom avait déjà été cité pour d'autres lieux. Originaire de Champion, l'abbé Lallemand est né dans une famille de six enfants. Ordonné en 1992, c'est à Florennes qu'il a exercé son ministère pendant huit années. C'est le secteur d'Anhée qu'il quittera donc tout prochainement avec émotion. Non seulement il quitte une très belle région mais aussi et surtout des paroissiens.
Si l'abbé Masson avoue un petit penchant pour le whist, c'est plutôt la guitare qui procure détente et bien-être au nouveau doyen. Un instrument à qui il a donné sa place lors des célébrations dans le secteur d'Anhée.''Ce sera précieux pour la messe des familles'' lance l'abbé Masson.
''Je suis moins stressé souligne l'abbé Lallemandque quand j'ai quitté Florennes pour Anhée, je ne connaissais pas ce qu'allait être mon travail de curé. Je vais maintenant coiffer le chapeau de doyen, je suppose que ça ira.'' Et puis le doyen ne sera pas un homme seul dans son nouveau presbytère. Il pourra compter, comme c'était déjà le cas à Anhée, sur la compagnie d'Horace, un adorable Schnauzer. Un chien sympa mais qui, paraît-il a un caractère bien trempé!
Christine Bolinne