''Quand j'ai appris que Mgr Vancottem souhaitait me rencontrer, je me suis interrogé: soit c'est pour me dire qu'il est content de moi soit il a des reproches à me faire'' lance l'abbé Tornafol. Aujourd'hui, quand il repense à cet épisode, il en sourit.... Mgr Vancottem voulait lui faire part de son projet: lui confier la responsabilité du doyenné de Walcourt. ''Je ne m'y attendais pas du tout. Mgr Vancottem m'a suggéré d'aller sur place, de rencontrer le doyen en place l'abbé Pivetta (*), de lui parler. Je crois que l'évêque n'a jamais imaginé que je n'allais pas répondre favorablement''souligne le prêtre. L'abbé Tornafol va refuser cette désignation. Il avait pourtant été séduit par le doyenné, par la présentation donnée par le doyen Pivetta... Mais voilà, il doute. Il craint de ne pas être à la hauteur. Les mois passent et dans la tête de l'abbé Tornafol, cette proposition fait déjà partie des souvenirs. A la rentrée 2014, l'évêque réitère sa proposition. ''Alors, je me suis dit que je devais faire confiance à l'autorité. J'ai décidé de me remettre entre les mains de ceux qui m'accompagnent tout en étant bien conscient que ce n'est pas pour cela que tout ira bien...''
L'abbé Jean Tornafol a donc préparé son déménagement et fait ses adieux à Bertogne. ''Un départ, c'est toujours un déchirement même si on sait que cela fait partie de la mission. Des liens s'étaient créés, j'avais engrangé des souvenirs mais cela me donne aussi de la vitalité pour la suite.''

''J'ai reçu leur confiance
A Walcourt, l'accueil a été très chaleureux. ''Les changements ne sont pas évidents à vivre pour les paroissiens qui étaient habitués depuis vingt ans avec le même doyen. J'ai immédiatement senti que je recevais leur confiance. Se retrouver face à des gens souriants aide beaucoup...'' Lors de sa première messe à Walcourt, l'abbé Tornafol était impressionné et pas uniquement parce qu'il se trouvait face à une nouvelle communauté. ''C'était la première fois que je célébrais dans une basilique. J'ai toujours célébré dans de petites églises des Ardennes. Et quand je me suis retrouvé à l'autel, j'ai levé les yeux et je me suis senti tout petit...'' Une émotion rapidement dissipée.
Des paroissiens qui comprendront très vite combien leur ''nouveau'' prêtre est attaché à saint François de Sales. Un Savoyard originaire d'Annecy... que l'abbé Tornafol apprécie tout particulièrement pour la qualité de ses prêches. Saint François de Sales appréciait, à la fin d'une messe, les commentaires des chrétiens et tout particulièrement si on lui disait: ''ce que vous avez dit dans votre homélie me fait aimer Dieu.'' L'abbé Tornafol:''Je veux prêcher avec le coeur et j'espère ainsi réussir à toucher les paroissiens au coeur.''
Il va donc, dans les semaines à venir, découvrir le doyenné et ses habitants. Il va aussi s'intéresser au riche folklore de la région avec les marches, bien sûr.''Elles font partie de mon ministère. Elles sont très attendues par les gens, je vais donc m'y intéresser.''
Découverte aussi du travail de doyen. ''Là, je ne connais pas. Je n'ai pas de programme ou plutôt je vais tenter d'être un moteur fédérateur entre les prêtres. Je vais écouter tout en sachant qu'à un moment donné il faut savoir prendre une décision. Je sais aussi que le doyen n'est pas un super curé.'' Et le doyen d'ajouter: ''Je vais prendre le temps... Je suis un Savoyard et nous avons la réputation d'être lent. Chez nous, comme en Suisse, on a l'habitude de dire: 'y a pas le feu au lac!'''

''Le Seigneur doit avoir des origines savoyardes''
Il avait 6 ans lorsque Jean Tornafol a senti qu'il était appelé. ''C'était au moment de ma première communion et déjà je disais que je serais prêtre. L'hostie, Jésus me parlaient. J'ai aussi grandi avec le pape Jean-Paul II comment ne pas être séduit par son côté évangélisateur. A mon tour, je voulais transmettre la joie de croire.'' A 12 ans, il se rend, en famille, au sanctuaire de la Salette, un haut lieu marial des Alpes. Un lieu très fréquenté et pas que par les Savoyards: ''ça nous parle'' ajoute tout simplement l'abbé Tornafol qui se souvient de son émotion, de son regain de désir pour la prêtrise.
Ce n'est pourtant qu'en 2003 qu'il sera ordonné prêtre. ''Le Seigneur doit avoir des origines savoyardes. Avec moi, il a pris son temps. Dans mon pays de montagnes, on comprend bien que pour arriver au sommet, la ligne droite est peut-être le plus court chemin mais c'est loin d'être le plus évident. Il vaut mieux monter en zigzaguant on arrive ainsi plus tranquillement au sommet.'' Une manière imagée de faire comprendre que Jean Tornafol prendra son temps pour se former: il était arrivé au séminaire de Namur en 1997.
''J'avais déjà peu de temps libre comme curé. Je crains que, comme doyen, ce ne soit encore pire'' ajoute encore le prêtre. Heureusement, le doyen Tornafol sait comment se détendre. Il aime se promener dans la nature. L'Entre-Sambre et Meuse lui offrira de beaux et grands espaces. Il apprécie aussi de regarder des films, quelques séries à la télévision. Il trouve également la détente en cuisinant - à un moment il avait même envisagé de devenir cuisinier-. ''J'aime la table pour sa convivialité. Autour d'une table, il se passe beaucoup de choses. C'est un lieu privilégié de convivialité. Je trouve que l'on se parle plus facilement.'' Il n'est pourtant pas un spectateur assidu des émissions consacrées à la télévision hormis ''Top chef''. ''Ce sont des professionnels qui se mesurent et on apprend des choses. Dans les autres émissions, je suis toujours déçu de voir comment cela tourne au règlement de comptes.''
Christine Bolinne

(*) Le doyen Jean-Claude Pivetta a quitté Walcourt suite à sa nomination comme doyen principal de Bastogne