Le trentième anniversaire de ces rencontres belgo-françaises sera célébré le 12 novembre 2015, en Belgique. La date est déjà inscrite dans les agendas des participants. Pour l'édition 2014, ils étaient une quarantaine au rendez-vous. Au départ, ces rencontres transfrontalières étaient organisées uniquement à l'intention des prêtres. Au fil des années, elles se sont ouvertes aux diacres et aux assistants paroissiaux.
Des liens d'amitié mais aussi de travail existent de part et d'autre de la frontière. Ainsi, en mars dernier, les enfants du doyenné de Gedinne retrouvaient les jeunes voisins de Nouzonville - Ardennes françaises - pour, le temps d'une après-midi, se préparer, ensemble, à la première communion. En juillet dernier, les assistantes paroissiales et une catéchiste se rendaient à Nouzonville pour une après-midi de découverte axée sur Marie. Des contacts qui devraient encore se multiplier.

Un monde en mutation
Cette trentième rencontre des prêtres frontaliers a été l'occasion pour les participants de suivre un brillant exposé du Père Joël Morlet. Le vicaire général du diocèse de Châlons-en-Champagne est sociologue. Et dans son exposé, il a parlé d'un monde en mutation dans lequel nous évoluons. Le Père Morlet citera les migrants toujours plus nombreux, les métropoles toujours plus grandes et un homme qui se doit d'y vivre dans les meilleures conditions. Les défis sociaux sont eux aussi de taille avec un fossé qui ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres; avec les familles séparées et ''recomposées''; avec un lien conjugal souvent bien ténu. Le sociologue ne pouvait passer sous silence ce glissement vers une individualisation toujours plus marquée, un amour de chacun pour la liberté, ''sa'' liberté, qui peut amener à une perte du sens du bien commun. Les changements comme le relèvera le sociologue touchent également la religion avec une sécularisation marquée, la place de l'Islam.. Et la liste des changements ne s'arrête bien sûr pas là avec, encore, une place toujours plus grande voire trop grande prise par les nouvelles technologies. Et une question: l'homme est-il fait pour être constamment branché, informé voire surinformé?

L'Eglise, lieu de repères
Dans son intervention, le père Morlet s'inquiétera encore quant à la santé de la planète: comment va-t-on, dans un avenir proche, réussir à nourrir 10 milliards d'individus?
Beaucoup de questions. Qu'y répondre? Le Père Morlet insiste en disant que l'Eglise reste un lieu de repères. ''L'Evangile est un trésor qu'il faut faire connaître. Notre pastorale est trop lente par rapport à l'évolution actuelle de notre monde. L'Eglise se doit d'être en empathie avec les personnes qui, par exemple, sont sans travail. Elle doit être proche des gens et pas que tendre vers un idéal. Je suis heureux de constater que l'Eglise est prête à dialoguer sur des sujets comme les couples divorcés, l'homosexualité...'' L'intervenant épinglera les changements déjà en cours avec l'arrivée du pape François.
Photos: V.P.