Lundi encore, à l'issue de la messe en wallon, l'abbé Malherbe était un curé heureux. Son petit sourire disait toute sa satisfaction d'avoir, une fois encore, rempli sa mission. Ce sermon du lundi des Fêtes de Wallonie, occupe une partie de son esprit depuis le mois de juin. Et quand il arrive à ''l'oublier'' il y a toujours bien un Namurois pour lui rappeler qu'il doit être ''méchant dans son discours''! ''Il n'y a pas de raisons pour que je sois méchant, rétorque l'abbé. Les personnes qui sont ciblées ne sont pas présentes pour se défendre.'' Etre méchant, ce serait trop facile. Etre ''arsouille'', railleur, c'est différent. Et en la matière l'abbé Malherbe est même plutôt un spécialiste...
Il a toujours bien quelques rosseries à servir en zakouskis comme il dit. ''Insi mi, i gna saquants djoûs, à l'vèsprêye, vos n'aloz nin m'crwère, dja rescontré Bart, oyi De Wever, au cwin do Passage Wérenne et dèl reuwe d'l'inquiêtude; il èsteut comme pièrdu. Dja fé l'èfôty por li causer flamind: ''Hoe gaast het met u, alles goed?'' Et li m'a rèspondu: oyi; maî nin dès masses!'' Le curé de saint-Jean, totalement hermétique à l'informatique, a souligné la maîtrise du pape Benoît XVI, face aux nouveaux moyens de communication. Le pape a déjà utilisé twitter pour communiquer. ''Twitter, c'èst d'l'anglais; ça voût dîre: gazzouiller''; comme c'èst bia, hein. En walon ça s'dit: ''tchipeler''. Vla don l'pape qui tciple'' comme on mouchon!'' Un petit mot sur DSK? Le sourire est radieux: ''c'est le nom d'une crème pour faire maigrir le ventre?''

Paul Malherbe, l'homme de coeur
Ce sermon même si beaucoup y voient plutôt un discours (!) veut aussi pousser à faire réfléchir. L'abbé Paul Malherbe, un homme au grand coeur qui, depuis toujours est là pour aider ceux qui sont dans la détresse. Détresse, pauvreté... figuraient ainsi au coeur de son homélie. Il a redit son incompréhension face à un monde dans lequel beaucoup vivent avec quasi rien. ''Et totes cès djins-là ont fwin... fwin d'pwin, maîs ossi di paîs, d'one têre qui lès r'çîs, adon qu'is sont r'bourés di tos lès costés èt qu'ont lès r''tape è l'êwe, fwin ossi d'on lodje'mint, d'on twèt quand on s'trouve du l'vôye sins s'plut mète à iute; fwin d'on-ovradje, adon qu'on à d'djà bouchî à bramint d'uches, èt qu'on s'ètind dire: 'Gn-a-rin por vos!' ''. Fwin ossi d'amoûr, di rèspèct, vos qu'èst d'one ôte race, d'one ôte culture, d'one ôte Langue, d'one ôte relijion... fwin di dignité, tot simplement.'' L'abbé déplorera l'indifférence des nations dites ''civilisées'' devant cette indifférence. ''C'èst l'tèribe èt l'deure parole: ''Nos n'plans nin tot l'mim.me, riçîre, èmon nos-ôtes, tote li misère do monde!''
Cette manière de renoncer à accueillir cette misère du monde, le curé de Saint-Jean ne peut s'empêcher de la mettre en parallèle avec les apôtres qui voulaient eux renvoyer les gens venus écouter Jésus. Ils n'avaient rien pour les nourrir et de dénoncer le fait que l'on charge toujours les autres de trouver les solutions. ''Il èst timps, come dès djins lont s'crît, grand timps min.me, di s'choquer, èt surtout d'ovrern di s'rachoner dins l'bataye di tos lès djoûs po qu'on rèspèctéye tos lès omes. Dins l'Evangile, nos avant ètindu li rèponse da Jésus: ''Donez l'zî vos.mes à mougnî!''
Après ce moment de gravité, l'abbé Malherbe retrouvera toute sa verve. Dans le contexte politique actuel plutôt tendu, cet amateur du rire n'a pu que livrer un de ses souvenirs. Un souvenir radiophonique, avec une émission animée alors par le duo Pierre Dac et Francis Blanche. Le titre de leur émission: ''Les escargots meurent debout.'' Une manière d'encourager les Namurois? Peut-être.
L'abbé Malherbe a lui donné rendez-vous à tout le monde pour l'année prochaine pour autant que le Seigneur le veuille bien.
C.B.