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16/4/2015
Frère Syméon a quitté Bucarest pour une escapade dans les montagnes de Roumanie
Frère Syméon a quitté Libramont pour la Roumanie. Frère de la Communauté de Saint-Jean, il vit avec trois autres frères dans un prieuré, a coeur de la ville de Bucarest. A travers cette chronique, il nous livre son quotidien.
Chers tous,
Je me trouvais dans le métro à broyer du noir au cœur d’un hiver blanc plutôt gris... j’étais donc dans une rame qui allait bon train, assis, dans ce désert de foule et de téléphones portables, à mille lieux, me semblait-il de toute humanité chaleureuse quand tout à coup surgit devant moi un petit bonhomme tout sourire… ''Bonjour! Comment tu t’appelles? Pa! Pa! Salut, salut…'' J’eus à peine le temps de lui répondre avec un sourire qu’il avait disparu, emporté par la station. Le Bon Dieu prend soin de ses enfants et il envoie ses anges… Cet enfant trisomique fût mon Petit Prince de la journée. Un rayon de sourire venu, en un instant, briser le marasme dans lequel je barbotais…
Il y a de cela quelques semaines, j’allais d’un bon pas dans les rues de Bucarest. Un homme visiblement pauvre marchait lentement devant moi. Je n’eus pas envie de le doubler pour éviter de me faire apostropher comme c’est le cas de temps en temps. Lâchement, je bifurquai dans la première à gauche, pour éviter mon pauvre. Je comptais faire le tour du pâté de maisons par la droite pour arriver à mon rendez-vous. Mais lui, mon pauvre, il en fit le tour par la gauche et c’est en face de moi que je l’ai retrouvé ! Il ne m’a pas regardé, il ne m’a pas interpellé. Non, il était tout entier plongé dans ses problèmes, dans sa fatigue. Dans cet épisode peu glorieux je vois la main de Dieu… C’est une leçon qui m’a, en tous les cas, bien donné à réfléchir…
Nous sommes un vendredi en fin d’après midi et c’est l’heure de l’office de vêpres dans une petite église orthodoxe. Tout en bois, elle est sise au beau milieu d’un des îlots de verdure de Bucarest, le campus d’agronomie. Au fur et à mesure que monte le soir, disparaissent les icônes dans la pénombre. Le prêtre, un ami, célèbre l’office. Soudain c’est le drame. Son dernier fils, parti fureter derrière l’iconostase fait tomber un objet et le chant des pleurs vient donner la réplique à la psalmodie. Le père, tenu par l’office, continue de chanter comme si de rien n’était. La maman, soumise à la discipline ecclésiastique qui interdit aux femmes de pénétrer derrière l’iconostase, n’ose s’avancer plus avant. Finalement, l’enfant arrive plein de larmes et se réfugie dans les bras protecteurs. Le drame est noyé dans la miséricorde…

Du blanc au rouge
Le premier mars, fête du printemps en Roumanie (c’est un peu optimiste…) la tradition veut que l’on remette aux femmes un ''martisor'' sorte de petite broche artisanale que l’on accroche au revers de son vêtement. Ce petit assemblage comprend toujours un fil rouge et un fil blanc entrelacés. Rouge pour les jours de joie et de bonheur, blanc pour le quotidien, l’ordinaire heureux ou malheureux que nous portons chaque jour. Vous conviendrez avec moi qu’il faut que tous les fils blancs deviennent rouges, que les moments ordinaires deviennent extraordinaires! Le creux du carême est un temps privilégié pour cela: chaque jour, dans un désir de conversion, nous nous orientons vers le Seigneur.
Chez le père Victor, cet ami prêtre orthodoxe, la liturgie est une affaire de famille. Avec ses cinq enfants, chacun a sa place: qui, à la cloche et qui à la ''toaca'' ou simandre (planche en bois de hêtre ou de tilleul suspendue, frappée en rythme avec un ou deux maillets pour appeler à la prière). Qui, au service de la Divine Liturgie, la messe, qui à l’exploration derrière l’iconostase avec les conséquences que l’on sait… Le quotidien familial se mélange ici, très pratiquement, avec le divin. Sur le plan spirituel, ne sommes-nous pas tous appelés à vivre cela? Tous les petits événements de la vie deviennent alors signes, marques du passage du seigneur dans notre vie. Vous allez trouver que je vois Dieu partout. Que voulez-vous c’est ma faiblesse, ma fragilité, ma foi…

A la rencontre des Orthodoxes
Au prieuré de la Sainte Famille, nous nous préparons à vivre la Grande Semaine telle qu’on l’appelle en terre orthodoxe… Ici nous sommes quatre frères. Fr Dan et fr. Dominic, fr. Martin de la Croix et moi-même. Tous les quatre, nous nous partageons les tâches du prieuré et pour ma part j’ai repris la cuisine en main. C’était déjà le cas il y a dix ans. La vie du prieuré s’articule autour de notre vie liturgique de prière, autour de l’accueil et des apostolats divers. Mes frères préparent également différents diplômes en théologie et en philosophie. Et moi, du coup, je prépare la soupe pour tout le monde…
Dans un autre ordre d’idée, si d’un point de vue apostolique la priorité est donnée aux différents groupes de jeunes et moins jeunes qui viennent ici et dont les membres sont majoritairement catholiques, demeure malgré tout cette mission d’aller à la rencontre des presque 90% de Roumains qui sont orthodoxes. Ce terrain est resté un peu en friche ces dernières années au prieuré.
La semaine passée nous a vus partir, frère Dan et moi-même, en expédition à travers le pays. Si la région de Bucarest est plate comme la main, dans le reste de la Roumanie, Dieu a semé des montagnes un peu partout… Nous avions une mission auprès de l’Eglise Gréco-catholique à Cluj dans le Nord-Ouest. Avec nos frères orientaux unis à Rome nous avons ainsi fêté saint Joseph, patron du diocèse de Cluj en compagnie de l’évêque du lieu, Mgr Florentin, un grand ami de notre communauté. Nous sommes ensuite allés à Sita, un tout petit village au Nord de Cluj, visiter une amie, épouse d’un prêtre orthodoxe tout nouvellement ordonné. Le jeune ménage se trouve là depuis quelques mois. C’est un endroit perdu mais charmant, perché sur le flanc d’une petite montagne, exposé plein Sud. Dana est actrice et des planches de Bucarest au ''métier'' de femme de prêtre à Sita, elle a accompli un fameux saut. C’est un peu comme le saut de la foi… Au sommet de la grosse colline, but de notre balade, nous avions une vue imprenable et splendide sur presque tous les massifs montagneux du Nord du pays, toujours sous la neige.
Le surlendemain nous avons repris la route direction le Sud. Nous avons roulé toute l’après midi, pour rejoindre Nera, un grand monastère orthodoxe en construction, à 20 km de la frontière Serbe. Mon grand sac à dos y dormait depuis quelques mois déjà, arrivé de Belgique par les voies mystérieuses de la Providence. Après toute cette route à contourner le massif montagneux des Retezati, le père Theofan, aumônier de la communauté, forte de 87 jeunes moniales, nous attendait avec un abondant repas de carême, parfaitement végétarien. ''Les voyageurs mangent deux fois plus que les autres…'' Nous a-t-il affirmé. Nous nous sommes jetés sur un régal d’orties…
Le père Victor, Dana et son époux le père Tudor, mgr Florentin et le père Théofan… Cultiver l’amitié… Quel métier merveilleux! L’essentiel de la mission se trouve là. Jésus est l’Ami par excellence! Avec lui, nous pouvons emprunter ce chemin qui passe par la croix pour connaître, avec lui, la résurrection.
Saintes et joyeuses fêtes de Pâques!
fr. Syméon
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