Les conditions sanitaires particulièrement strictes ont empêché que la consécration se déroule ''normalement''''. À deux reprises, Lucie Dujardin, l’a reportée avant finalement de se lancer. Sa consécration dans l’Ordre des Vierges ne serait pas comme elle l’avait imaginée, rêvée même. Tant pis. La célébration qui s’est déroulée, ce samedi 1er mai, à la cathédrale Saint-Aubain était très belle. Et elle a été une - nouvelle - fois la preuve que dans des moments difficiles l’être humain ne manque pas d’imagination.
Plusieurs représentantes de l’Ordo Virginum étaient présentes mais impossible pour elles d’assister à la consécration de leur sœur: pas plus de 15 personnes ne peuvent être réunies, en même temps, dans une église. Alors, elles sont arrivées en procession, ont remonté la nef centrale de la cathédrale pour déposer une simple bougie sur des chaises. Les chaises qu’elles auraient dû occuper entourant ainsi par leur présence, leurs prières Lucie Dujardin. Elles repartiront ensuite et suivront la consécration, sur écran - la célébration était retransmise via YouTube - depuis le Séminaire en compagnie de Sœur Marie-Françoise, déléguée épiscopale pour la vie consacrée. Seules deux d’entre elles, Evelyne Barry qui a accompagné Lucie durant tout son cheminement et Sabine Janssens, la dernière consacrée jusque-là dans l’ordre étaient à ses côtés. Plus tard, des collègues, des amis… de Lucie formeront la procession des dons. Ils remettront à l’évêque le pain et le vin mais aussi la blouse que porte le personnel médical et même un respirateur. Des hommes et des femmes, des amis, des membres de la famille... autant de jalons dans la vie de Lucie.

Tout au Seigneur
''J’accueille Lucie sur qui le Seigneur a flashé'' dira Mgr Pierre Warin au début de la célébration. Il accueillait à la cathédrale Lucie mais aussi sa famille, ses amis, l’actuel et l’ancien doyen de Ciney (la paroisse de la jeune femme) …
Cet Ordre des Vierges Consacrées est très ancien, il est né dans l’Eglise primitive avant d’être réservé aux femmes vivant dans les monastères. Le Concile Vatican II lui rendra sa vitalité. La Vierge consacrée est ainsi, comme le rappelle le Catéchisme de l’Eglise Catholique, ''l’épousée mystiquement par le Christ et vouée au service de l’Eglise.'' Evelyne Barry, Vierge Consacrée fera le portrait de Lucie. Un portrait plein d’humour. Elle racontera ainsi l’arrivée dans ce monde de Lucie avec un peu d’avance - et beaucoup de craintes- sur le calendrier officiel. La première communion au cours de laquelle, Lucie veut bien admettre que Dieu nous aime qu’il se donne pour chacun mais comment tout cela est-il possible à travers un simple morceau de pain? « A Lucie, on ne fait pas avaler de couleuvres. » dira-t-elle. Elle va grandir dans la foi, s’approchant du mystère, prenant conscience de l’amour de Dieu pour chacun. Après l’université, la jeune femme entre au service des soins intensifs du Grand Hôpital de Charleroi. Une vie professionnelle au cours de laquelle elle rencontre des collègues, des patients qui ont la foi, d’autres qui l’ont moins, d’autres encore qui ne l’ont pas du tout. Des hommes et des femmes qui ont une autre religion. Lucie est, elle, convaincue : elle veut être tout au Seigneur. Mais comment? L’émission ''Le jour du Seigneur'' l’aide à répondre à sa question. Un reportage est consacré à Romaine Pouget, médecin chef de service. La Suissesse a choisi de se donner au Seigneur, de vivre le célibat, de vivre la chasteté. Lucie est séduite. On connaît la suite.

Signes de la consécration
Florence, sa sœur comme Simon, son frère se chargeront des lectures. Dans son homélie, Mgr Warin tiendra à préciser combien les personnes consacrées sont importantes pour l’Eglise en général et pour l'Eglise diocésaine en particulier. Il ponctuera son homélie: ''L’agir au nom du Seigneur voilà ce qui rend fécond l’apostolat''. S'adressant à Lucie: ''Féconde route avec Lui.'' Lucie a répondu à l’appel de l’évêque par ces mots ''Me voici Seigneur, puisque Tu m’as appelée pour m’attacher à Toi sans partage.'' Par la suite, elle se couchera sur le sol, face contre terre, prosternation signe d’un don, d’un total abandon à Dieu pendant que l’assemblée reprendra la litanie des Saints, l’invocation de l’Eglise Céleste. Lucie viendra s’agenouiller devant l’évêque et glissera ses mains dans les siennes - tous deux avaient au préalable passé leurs mains au gel - avant de prononcer sa décision de vivre dans la chasteté. Mgr Warin récitera ensuite la prière solennelle de la consécration des vierges.'' Consécration qui apportera à la jeune femme un surcroit d’espérance et de force.''Puis viendra la remise des insignes de la consécration. Sabine, la dernière consacrée du diocèse, apportera le voile, le signe du service au Christ et de son corps qui est l’Eglise. Le père de Lucie apportera l’anneau que lui glissera au doigt Mgr Warin, Florence, une paroissienne apportera elle le bréviaire, fidèle compagnon au quotidien de la Parole de Dieu. La marraine de Lucie remettra elle la lampe car ''Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Conservez avec soin la lumière de l’Evangile et soyez toujours prêtes à aller à la rencontre de l’Epoux qui vient.'' Alors que le chœur (3 personnes) entonne le Laudate Dominum, Lucie, en signe de son entrée dans l’Ordo Virginum a échangé un baiser de paix avec les représentantes des vierges consacrées.

''Il m'a aimé le premier''
Avant d’entonner le chant à Marie, Lucie prendra la parole. Elle dira combien elle est attristée. Elle si pétillante, si dynamique n’imaginait pas cette consécration sans tous ses amis…. ''Il ne faut pas rester dans l’affliction.'' Elle se lance dans une longue série de remerciements adressés à tous ceux et à toutes celles qui sont à ses côtés. Elle aura encore ces mots pour ceux qui ont pu lui faire remarquer qu’en choisissant cette vie, elle disait ''non'' au mariage, aux enfants. ''Je donne ma vie à quelqu’un qui m’a aimé le premier et m’aimera toujours. Il n’attend pas votre amour pour vous aimer. Je suis à vous pour vous aimer de l’amour qu’il mettra en moi.'' Au cours des remerciements, le voile reçu un peu plus tôt glissera de ses épaules. Pas de quoi perturber la jeune femme qui se contentera de lancer en le remettant en place: ''Je n’ai pas encore l’habitude.'' Lucie, une bientôt trentenaire, bien dans son temps et qui ne manque pas d’humour.
C.B.