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8/9/2011
TÉMOIGNAGE
Au Guatemala, l'abbé Boxus a connu la guerre civile, des trafiquants de drogue...
Parti avec dans ses bagages juste quelques mots d'espagnol, aujourd'hui, il lui arrive de chercher ses mots... en français. L'abbé Jean-Marie Boxus est actuellement en Belgique. Quelques petites semaines avant de reprendre la direction du Guatemala, un pays d'Amérique-centrale où il aura passé la plus grande partie de sa vie. L'abbé Boxus a d'abord vécu dans les hauts plateaux (entre 2500 et 3500 mètres) avec les indiens Mayas avant de s'installer dans le Malacatan, à la frontière du Mexique. A 73 ans, il a décidé de se ménager - un peu - en renonçant à être curé de paroisse. L'abbé Jean-Marie Boxus ou plutôt le Padre Juan Maria se ''contente'' de la pastorale des hôpitaux et de remplacer ses confrères malades, en vacances... Rencontre avec un prêtre de terrain qui est aussi pompier dans la vie et qui n'a qu'une volonté: être près des hommes et des femmes, les aider lorsqu'ils souffrent, lorsqu'ils se posent des questions...
C'est sans doute à son côté indiscipliné et un rien ''sale gamin'' que l'abbé Boxus doit sa vocation. Inscrit chez les Jésuites à Namur, il était un élève plutôt turbulent. A tel point que ses parents décident de le retirer de cet établissement pour l'inscrire, comme interne, à Dinant, au collège de Bellevue. Et c'est là que le hasard à moins que ce ne soit plutôt la Providence lui met entre les mains la lettre destinée aux ''Amis d'Amérique Latine''. C'est le coup de foudre. A plusieurs reprises, dans sa jeune vie, il avait eu l'occasion de rencontrer des prêtres. Des rencontres qui vont le marquer au point d'envisager de devenir prêtre. ''Mais il n'était pas question que je devienne prêtre diocésain précise-t-il d'emblée. En voyant cette brochure, j'ai su que c'est missionnaire que je voulais devenir.'' Le Gembloutois ne s'inscrit pas au Séminaire de Namur mais bien au Collège pour l'Amérique Latine installé à Leuven. Il y rencontrera le futur archevêque de Malines-Bruxelles. ''André Léonard était ce que l'on appelle 'une grosse tête' ''souligne l'abbé Boxus. Finalement, il sera ordonné en 1965, à Bruges, au Carmel où sa soeur était carmélite.
Avant de s'envoler pour l'Amérique Latine, l'abbé Boxus passera deux ans comme vicaire à Saint-Donat Arlon. ''J'avais demandé à être loin de ma famille, c'était une manière de préparer mon départ: ce n'était pas évident de les quitter. Et puis, je me plaisais vraiment bien dans le travail que je faisais.'' La décision tombe: ''Tu pars pour trois années.'' Il faut partir non pas en Bolivie comme l'abbé Boxus l'espérait mais au Guatemala.
''Au début, mes connaissances en espagnol étaient limitées. Cela a été un obstacle. Par contre, lors de notre formation au Collège pour l'Amérique latine, nous rencontrions très régulièrement des prêtres qui vivaient dans ces pays, j'étais donc bien préparé, je savais ce que j'allais découvrir sur place.''

Menacé de mort
Il rencontre des gens qui vivent dans une grande pauvreté, dans un dénuement quasi total. Beaucoup travaillent, pour un salaire de misère, dans les plantations de café. Un vent de guerre civile soufflera pendant des années sur le Guatemala. A un moment l'ambiance est tellement tendue que l'abbé Boxus est chaudement ''invité'' à faire ses valises et à revenir en Belgique. ll avait été victime d'un dénonciation: on avait rapporté - ce qui bien sûr était totalement faux - que l'abbé cachait des armes et des médicaments. Un matin, il a vu des militaires lourdement armés débarquer chez lui: un coup de feu est tiré, il arrivera dans le plafond! On le soupçonne aussi de collaborer avec les résistants. Le lendemain, c'est la guerilla qui le soupçonne d'être de mèche avec les militaires. L'abbé Boxus:''Travailler dans le social, aider à l'alphabétisation, lutter contre la dénutrition étaient considérés comme subversif. Cette pression incessante, cette suspicion, je ne supportais plus.'' Conscient que sa vie est en danger, il rentre au pays. Juste quelques petits mois qu'il passe dans la paroisse de Malonne avant de repartir.

A cheval, à moto...
L'abbé Boxus lorsqu'il vivait dans les hauts plateaux - aidé notamment d'infirmières belges- se mobilise pour développer une coopérative. Un centre où ils aident les Guatémaltèques à augmenter le rendement des cultures, où ils les forment. Les habitants peuvent encore y bénéficier de soins. Le padre, toujours avec ce souci, d'être là où les gens se trouvent s'est aussi formé, a découvert la culture: il a ramassé le froment, constitué des gerbes, l'a écrasé pour en faire ressortir les grains.
Pour circuler dans cette région vaste et bien sûr très accidentée, l'abbé Boxus a choisi le cheval. Il a aussi très vite fait un autre choix: celui d'abandonner une soutane pas très pratique. ''Au début je dois bien admettre que j'ai un peu surpris mes paroissiens. La messe du dimanche à peine terminée, ils me voyaient enlever l'aube pour constater que je portais déjà ma tenue de footballeur!'' Jouer au foot, c'est une manière d'aller à la rencontre des gens, d'évangéliser.
Il s'est aussi habitué aux contrôles des militaires. Des militaires qui, eux se sont habitués, à voir passer ce prêtre avec dans les sacoches de sa moto tout le nécessaire pour célébrer l'eucharistie!
Quelques années plus tard, le ''padre'' a quitté les hauts plateaux pour la région de Malacatan où il est arrivé dans une paroisse composée de douze villages et forte ainsi de 100.000 habitants. A la rigueur de la vie en montagne, l'abbé Boxus a découvert le climat tropical. Pas très loin des côtes, à deux pas du Mexique, cette région du Guatémala est celle où vivent les gros trafiquants de drogue. La corruption n'y est jamais très loin.

Pompier volontaire
A l'arrivée de l'abbé Boxus, les Guatémaltèques étaient majoritairement voire exclusivement catholiques. L'abbé Boxus se souvient ainsi d'avoir baptisé, le jour de la fête patronale, jusqu'à 175 bébés! La mortalité infantile était alors très importante: elle touchait 45% des enfants entre 1 et 5 ans. ''A mon arrivée, 95% des gens se disaient catholiques. Depuis quelques années, les sectes évangéliques financées par les Etats-Unis sont plus présentes'', déplore-t-il.
Ce souci d'aller à la rencontre des gens, de vivre le quotidien des Guatémaltèques, voilà bien une préoccupation du prêtre. C'est encore ainsi qu'il est devenu pompier volontaire. Des pompiers qui interviennent rarement pour des incendies: le temps de réussir à les alerter et qu'ils arrivent les pauvres maisons faites le plus souvent de terre séchée ne sont plus qu'un tas de cendres. Les pompiers portent secours aux malades, aux blessés. Pendant des années, il assure les gardes à l'arsenal. Il conduit l'ambulance. Aujourd'hui, le ''bombero'' reprend du service mais uniquement pour ''dépanner'' ses collègues. L'abbé Boxus passe, actuellement, quatre jours par semaine dans les hôpitaux, au chevet des malades. Une présence rassurante pour chacun.
Chaque année, l'abbé Boxus rentre en Belgique. L'occasion de retrouver aussi Gembloux, sa ville natale. Des Gembloutois qui, depuis des années, l'ont toujours bien aidé dans son travail de missionnaire au Guatemala. Parrainage d'enfants, construction d'une école... les Gembloutois ont contribué à une part importante de ces financements. L'abbé Boxus en parle toujours avec beaucoup de fierté dans la voix.
Christine Bolinne

A noter
L'abbé Boxus continue à avoir besoin de moyens pour fonctionner. Toutes les aides sont les bienvenues.
Aide des projets de la pastorale sociale de la paroisse de Malacatan: CCCP 000-0298206-26 ou Fortis 034-0081717-08 de J-M Boxus, 5030 Gembloux
Avec attestation fiscale: 068-0674440-26 d'Entraide et Fraternité, Bruxelles avec mention Projet 01-708 Guatemala, Malacatan

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