''C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices'', nous dit Jésus dans l’Évangile (Mt 9, 13). En cette année jubilaire de la Miséricorde, nous faisons mémoire de la bonté infinie de Dieu pour son peuple. Célébrant joyeusement son amour miséricordieux, nous travaillons pour qu’il soit toujours mieux connu. Ainsi, l’Église nous propose de pratiquer de bonnes œuvres de miséricorde tout au long de ce jubilé, et avec l’arrivée du Carême et les sacrifices qui lui sont associés, peut-être craignons-nous de devoir en rajouter à nos agendas déjà bien chargés…
Pourtant, pas de conflits d’horaire à l’horizon, les plans de Dieu sont bien clairs! Nous entrons ce mercredi 10 février dans les fameux quarante jours de préparation aux grandes fêtes pascales, et notre bon pape François nous invite à ''vivre plus intensément ce Carême comme un temps fort pour célébrer la miséricorde de Dieu.'' Alors, qu’il soit écrit dans nos agendas et sur nos cœurs qu’un temps de grâce commence: le Carême 2016 peut être pour nous comme la grande retraite de ce jubilé… à ne surtout pas manquer!
Le mot carême signifie simplement quarante. Quarante jours qui font écho à une autre retraite, celle que Jésus a vécue au désert avant de commencer son ministère public. L’Évangile nous rapporte que Jésus y a chassé les tentations du Malin par la prière, le jeûne, l’écoute de la parole de Dieu et par l’humilité. Ces outils sont encore à notre portée aujourd’hui pour vivre, au cœur même de notre quotidien, quarante jours au désert en compagnie de notre Seigneur qui nous y convie. Et si, par moment, le désert paraît être un lieu de souffrance et d’offrande auquel on associe rapidement toutes sortes de sacrifices, rappelons-nous que c’est aussi l’endroit par excellence où Dieu aime à conduire ceux qu’il aime pour leur parler au cœur et les séduire.
J’ai toujours admiré le désert. Étant originaire d’une île volcanique, l’image du désert qui me touche le plus est celle des grandes plaines qui entourent notre volcan, habillées de rouge et traversées de coulées de lave. Vu d’un peu loin, on se croirait sur la lune, avec des cratères par-ci par-là, et surtout… le silence. Un silence qui peut faire peur, laissant à ce désert la réputation d’être vide et sans vie. Cependant, nul besoin d’avoir peur! Ce silence du désert nous pousse à la prière, à l’écoute et à la contemplation. Tout comme le Carême, il est un lieu propice à la rencontre de Dieu. Et si nous avons l’humilité de nous faire petits, de nous pencher un peu, une chose merveilleuse se produit: on découvre que de mystérieuses petites fleurs et stupéfiantes plantes se fraient un passage dans la roche, témoignant de la fécondité et de la force de la vie qui jaillissent du désert. Et que dire des scories aux couleurs si multiples et surprenantes qu’il nous semble découvrir un trésor quand on prend le temps de les regarder!
Durant ce Carême, le Seigneur nous invite au désert de notre cœur pour y découvrir les trésors de vie qui s’y cachent, et dont la beauté peut nous surprendre. Pour les découvrir, il nous propose de marcher à sa suite sur le chemin de la prière, du jeûne et du partage, en ayant pour seul bagage l’humilité et la joie. C’est ainsi, en choisissant d’être des petits, que nos actions – et particulièrement celles qui nous auront coûté le plus – deviendront fécondes. Alors, ces quarante jours, avec leurs beautés et leurs difficultés, seront une merveille; la rencontre de Dieu sera notre trésor.
Vivre intensément en présence de Dieu, célébrer sa miséricorde et nous laisser séduire par son amour infini, voilà un bien doux sacrifice! Approchons-nous de lui, écoutons sa Parole, soyons miséricordieux et remplis de compassion envers notre prochain comme envers nous-mêmes… tel est le Carême qui plait à Dieu! Une grande fête se prépare; l’heure est venue de faire le ménage et de la place dans nos cœurs et nos pensées, afin d’y accueillir dans la joie la Vie du Ressuscité. Saint Carême à tous!
Claire-Annicia Técher
Famille Marie-Jeunesse