Vous aimez la mode et les initiatives solidarité? La journée du 8 mai est organisée pour vous. Plusieurs écoles du réseau libre dont trois implantées dans le diocèse de Namur participent au projet "Recycle tes fripes". Un projet coordonné par le CNCD-11.11.11 dans le cadre de la compagne "Travail décent-vie décente". Les installation du Cap Nord (ex CAMET) au boulevard du Nord (derrière la gare) à Namur seront transformées par ces jeunes inscrits dans les sections habillement en boutiques. Ils présenteront leurs créations à partir de vêtements recyclés de 12 à 19h.

"Recycle tes fripes" est parti du constat que le vêtement joue un rôle important dans notre identité individuelle et collective. Le vêtement est un langage qui nous permet de nous affirmer, de marquer notre personnalité ou notre appartenance sociale. Deux stylistes issus de l’industrie, Martin Prevot et Aurélie Jomouton ont lancé "Recycle tes fripes" en 2005. Ils voulaient ouvrir les yeux des jeunes et plus spécialement de ceux qui se destinent au stylisme... sur la réalité du monde de la création vestimentaire.
Ils ont ainsi expliqué que la création passe aussi (et surtout?) par un travail de recherche sur la récupération, la transformation de vêtements et d’accessoires. Il s'agit également d’apprendre le langage de l’apparence et de renouer avec son corps ainsi que la manière de le parer. Le projet vise encore à revaloriser le réemploi en supprimant ce préjugé qui associe seconde main à ringard et marginal. L'idée étant de permettre à ces jeunes de renouer avec les savoir-faire et le faire soi-même pour le plaisir, l’économie, la lutte anti-gaspi et la réduction de la consommation effrénée.

Le prix de leur travail: 2 euros
Au delà de la récupération et de la transformation de vêtements, c’est une invitation au dialogue avec un public de jeunes et de moins jeunes, à propos d’interrogations importantes sur le fonctionnement de notre monde. Bien des questions se posent: comment, où et par qui nos vêtements sont-ils conçus, fabriqués et vendus? Quels sont les impacts de ces modes de fonctionnement d’un point vue humain, social et environnemental... Il ne faut pas oublier que la plupart des personnes chargées de fabriquer nos vêtements sont exploitées. Beaucoup ne touchent pas plus de 2 euros par jour de travail. Au Bengladesh, on estime que le travailleur devrait toucher cinq fois son salaire actuel juste pour pouvoir faire face à ses besoins fondamentaux. Une exploitation qui touche aussi les enfants.
Tout a commencé au début de l’année scolaire 2008-2009, toutes les écoles en communauté française qui organisent une section habillement jusqu’au 3ème degré ont été contactées. Martin Prevot, le styliste de Recycle tes fripes et Catchou de Coster, chargée de Campagne au CNCD-11.11.11 coordinatrice du projet, sont allés à la rencontre des professeurs et des élèves des écoles partantes pour la grande aventure. Chez nous, ce sont les élèves de l'INDA d'Arlon, de l'Institut Saint-Joseph de Jambes et de l'Institut Notre-Dame du Sacré Coeur de Beauraing qui se sont lancés dans l'aventure. Des liégeois, des bruxellois.... ont aussi été convaincus.

La fripe!
Un module d’introduction leur a été proposé: la filière textile. Les jeunes en ont ainsi appris beaucoup sur la fabrication de nos vêtements mais aussi sur l'histoire du vêtement et d'une manière plus générale sur l'évolution de le mode. Restait à se mettre au travail. Les élèves sont ainsi parties à la recherche de matière première: de la fripe! Des récoltes ont été organisées, des visites de centres de tri dans diverses associations, des contacts avec des magasins de seconde main. Pour beaucoup il s’agissait d’un premier contact avec le "seconde main". Pas toujours évident de ne pas perdre courage devant cette montagne de fripes, pas toujours évident de trouver les matières que l’on souhaite.
Martin s’est mis au service des jeunes en partageant des outils professionnels de création et de marketing. Les invitant à penser leur travail en terme de collection, insistant sur le caractère "prêt à porter" des créations. Définir un public, s’y intéresser, chercher à le comprendre et lui proposer un vêtement qui puisse répondre à ses attentes.
Le CNCD-11.11.11 a mis à la disposition des écoles sa mallette pédagogique "Un salaire décent pour une vie décente". Puisant dans celle-ci, mais également attentifs à d’autres sources d’informations, les élèves se sont appropriés des notions parfois complexes. Plusieurs professeurs ont entrepris un travail interdisciplinaire, des groupes de travail se sont créés, des idées ont germées, certaines se sont transformées en projets qui vous sont présentés de diverses manières. Les réalisations qu’ils nous proposent s’inscrivent dans les tendances actuelles du prêt-à-porter. Elles sont entièrement réalisées avec des fripes.
A découvrir le 8 mai prochain, à Namur, de 12 à 19h.