L’abbé Jacques Theisen, un Namurois bon teint qui, à l’adolescence, rêvait de devenir pilote de chasse. Jusqu’au jour où il s’est rendu compte qu’en exerçant cette profession, il pouvait être amené, un jour, à tuer des gens. Il n’en était pas question. Il s’est alors dit qu’il était préférable de vouloir les sauver, leur apporter le réconfort de la foi plutôt que de les tuer. Voilà comment il en est arrivé à la prêtrise. Il a suivi les cours au séminaire avant d’être ordonné et de débuter son ministère comme vicaire de la paroisse de la Sarthe à Auvelais. Lors d’un séjour en Belgique, c’était en 2013, l’abbé Theisen confiait qu’il avait été ainsi en fonction dans la paroisse la plus pauvre du diocèse. Paroisse où les chrétiens étaient bien peu nombreux.
Le jeune prêtre prend alors conscience que dans le diocèse, on compte un prêtre pour 550 habitants. Un vrai luxe. En Amérique latine, un prêtre officie pour 17.000 habitants! Pour l’abbé Theisen plus de doute, il doit partir. Sa place est là où l’on a le plus besoin de lui. Dans sa volonté de devenir missionnaire au Brésil, il a suivi la formation requise au Collège pour l'Amérique latine à Leuven, de septembre 1967 à mars 1968. Sa formation terminée, reste à embarquer pour le Brésil où il a été accueilli dans l'archidiocèse de Natal. Natal, une ville de plus d’1,5 millions d’habitants dans laquelle 42 prêtres officient. Durant la traversée qui durera 14 jours, il célèbre chaque jour, en latin, la messe pour les marins qui composent l’équipage du cargo. Il débarque à Récife avant de prendre la direction de Natal, une ville très pauvre où il n’y a ni eau ni électricité ni égoût : 300 kms à parcourir des petits villages tous très pauvres où la dictature militaire est une réalité. Des villages où l’Eglise n’est pas la bienvenue. Le Padre Tiago ne ménage pas ses efforts pour rendre la vie plus facile à la population en ouvrant notamment des jardins d’enfants, en bâtissant des églises.
L’abbé Jacques Theisen est décédé le 9 octobre dernier. Les funérailles de padre Tiago, suivies de l'inhumation, ont eu lieu le jour même, dans sa paroisse Santa Catarina de Igapo.