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10/12/2019
Arthur Tamietto, premier diacre du diocèse: Fabiola, sa fille, se souvient
De ce dimanche 27 décembre 1969, Fabiola s'en souvient comme si c'était hier. Elle se revoit avec sa maman, son frère et ses sœurs dans l'église du Sacré-Cœur à Saint-Servais. ''Dehors, il faisait noir et froid. L'église était bondée'' raconte Fabiola. Elle n'a pas oublié son émotion lorsqu'elle a vu, pour la première fois, son papa portant l'aube. Un papa qui appartenait à la grande famille des chemins de fer où il était ingénieur technicien. Un papa, par ailleurs, passionné de l'infiniment petit toujours émerveillé par les graines, leur germination... comme de l'infiniment grand avec son intérêt pour l'astronomie. Un homme très investi, toujours au plus près des démunis. Arthur Tamietto pouvait encore compter sur Andrée, son épouse. Dans l'ombre, elle était toujours présente pour écouter, réconforter, gérer l'agenda de son diacre d'époux.
Lorsque Fabiola Tamietto évoque ses souvenirs, c'est toute la fierté d'une fille à l'égard d'un père qui passe dans sa voix. ''Papa a reçu, pour chacun, de ses enfants notre engagement dans le mariage, il y tenait. Il m'a conduite ainsi que mes sœurs jusqu'à l'autel. Il nous confiait alors à notre futur époux et disparaissait à la sacristie pour se changer. Papa revenait alors avec aube et étole et prenait place à côté du curé pour toute la célébration.'' Arthur Tamietto a encore baptisé chacun de ses dix petits-enfants. Des petits-enfants qui, quelques années plus tard, étaient un rien déconcertés en voyant sur les photos ''un grand-père habillé comme un curé!'' Enfants, beaux-enfants et arrière-petits-enfants suivent la voie ouverte par Arthur Tamietto, ils s'investissent dans l'Eglise, dans leur paroisse. Plusieurs sont devenus professeur de religion: ''C'est une continuité familiale, une transmission des valeurs.''
La famille Tamietto a vécu sereinement ce ministère diaconal bien que ce ne soit pas toujours évident. Arthur Tamietto a fait office, dans le diocèse, de pionnier. Il a été, le premier diacre, ordonné après Vatican II qui permettait aux hommes mariés, pères de famille d'exercer ce ministère. ''Papa était beaucoup absent confie Fabiola, il s'occupait des autres. Alors c'est maman qui compensait en s'occupant de nous.'' Pas d'amertume pour autant chez les enfants, c'était comme ça, c'est tout.
Arthur Tamietto était investi dans toutes les pauvretés. Il était encore présent auprès des familles endeuillées. ''Je n'ai jamais vu une personne qui venait sonner à notre porte repartir sans aide. Cela pouvait être un bol de soupe et du pain. Mes parents se sont aussi portés à de nombreuses reprises garant à la banque. '' Arthur Tamietto allait à la rencontre des gens qu'importe si sa journée de travail avait été longue, difficile. Lorsqu'il était au travail, il pouvait compter sur l'aide précieuse de son épouse. ''Maman était toujours disponible pour écouter, rendre service... Elle engageait aussi papa en disant qu'il retéléphonerait, qu'il rendrait visite à la famille sans savoir s'il n'avait pas d'autre engagement....'' Un papa qu'ils avaient l'habitude de voir, chaque soir, au salon, prier le bréviaire. Aucun n'aurait voulu le déranger.
Une fois ordonné, les enfants trouveront tout aussi ''normal'' de voir leur papa installé à la table de la salle à manger, préparer l'homélie qu'il allait prononcer le dimanche. Fabiola: ''Ses homélies étaient toujours nourrissantes. Il savait toucher le cœur des gens, il se basait sur du vécu. Il était dans la vie.''
Avoir un papa diacre voilà qui n'était pas et n'est toujours pas banal. Les enfants de la grande famille Tamietto n'en ont jamais souffert. Ils n'ont jamais essuyé la moindre moquerie, la moindre raillerie de leurs camarades de classe. Que du contraire. Fabiola: ''Il y avait une sorte de respect. Ce serait sans doute différent maintenant.'' Respect voire de la fierté. Ainsi, à quelques jours de l'ordination diaconale, le journal Dimanche consacrait un reportage à Arthur Tamietto et à sa famille. Une photo de la famille accompagnait l'article: Fabiola l'avait montrée à ses copines.

27 décembre 1969
Une fierté teintée d'émotion encore. La famille Tamietto habitait alors Saint-Servais. Arthur Tamietto, ingénieur technicien à la SNCB, se partage entre Namur et Bruxelles. Andrée, la maman s'occupe de ses quatre enfants. Fabiola qui est aujourd'hui, assistante paroissiale dans le secteur de Walcourt a un frère aîné, une grande sœur et une sœur jumelle. Aucun ne manque la messe. Les enfants font partie de la chorale.
Lorsqu' Arthur Tamietto reçoit l'ordination diaconale de Mgr Charue, alors évêque, Fabiola a 9 ans. Une enfant impressionnée par ce qu'elle va vivre. Fabiola n'a rien oublié de cette ordination. Des images gravées à jamais: ''Je me revois, le jour de l'ordination de papa. C'était le 27 décembre 1969, à 18 heures. Dehors, il faisait noir et froid. Avec mon frère, mes sœurs et maman, nous étions, dans l'église, au premier rang. Nous les enfants étions placés du plus grand au plus petit. J'avais une écharpe et un bonnet avec un gros pompon. L'église était bondée.'' Des moments d'émotion encore lorsqu'elle voit son papa, revêtu de l'aube blanche, traverser l'église. ''J'ai été encore très impressionnée quand on a demandé à maman si elle était d'accord avec cette ordination. Elle a répondu 'oui'''. Une émotion qui va encore grandir lors de la prostration, lorsque l'ordonné, est couché de tout son long, sur le sol, face contre terre.
Une famille qui a toujours consacré beaucoup de son temps et de son énergie à la paroisse du Sacré-Cœur à Saint-Servais. ''Papa était investi dans les pauvretés, toutes les pauvretés. Il était présent lors des enterrements. Il n'avait que 17 ans lorsque, pendant la guerre, son papa est mort. Je suis convaincue qu' être orphelin de guerre l'a poussé vers le soutien aux autres.'' Il était déjà en chemin vers le diaconat.
Des enfants qui ont conservé dans leur mémoire le souvenir des journées pour les familles organisées par le diaconat. Elles avaient lieu, à Salzinnes, à l'ancien séminaire. Fabiola a le sourire dans la voix en se souvenant de folles courses dans les interminables couloirs, de pirouettes dans la salle de gym. ''Au départ, nous n'étions pas nombreux mais on s'amusait bien.'' Une enfant pas plus surprise de partager le repas de famille avec Mgr Mathen: ''Il était abordable, gentil, humain.''
Arthur Tamietto est décédé en février 2008.
Christine Bolinne
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