La figure du prêtre ne sort pas grandie du scandale mondial de la pédophilie qui s'est emparé de l'Eglise catholique. Serait-ce l'occasion d'une remise en question radicale, alors que le Vatican continue imperturbablement à promouvoir le modèle du curé de campagne, humble et dévoué, un peu mystique à ses heures. Mais, surtout, chaste et obéissant.
Il y a un an, le pape Benoît XVI lançait solennellement une "Année sacerdotale" supposée redynamiser la figure du prêtre catholique. Le modèle choisi était tout naturellement celui de Jean-Marie Vianney, un curé de campagne français du XIXe siècle, porté au pinacle de l'Eglise catholique comme "saint patron de tous les curés de l'univers". Cependant, dans la réalité quotidienne, le tableau actuel est moins bucolique: de plus en plus accaparés par des fonctions qui s'alourdissent au fur et à mesure que leur nombre diminue, stressés, souvent désabusés, les prêtres d'aujourd'hui avancent en âge tout en guettant vainement une relève tant espérée. Dans les séminaires diocésains classiques, la crise des vocations conduit sans cesse à de nouvelles restructurations. Dans les paroisses, la présence du prêtre devient rare, obligeant certains fidèles à prendre les choses en main. Tout cela crée une situation inédite qui ne pourra déboucher que sur une redéfinition de la place et du rôle du prêtre. Mais écartelé entre l'assemblée de ses ouailles et l'autorité de la chaîne hiérarchique, d'où le prêtre tire-t-il sa légitimité?
Certains voient dans la crise actuelle l'opportunité de faire craquer les cadres jugés vermoulus de ce qui reste de la "civilisation paroissiale" et, dans la foulée, de jeter aux orties la gérontocratie vaticane. D'autres, au contraire, y voient une raison de réaffirmer les lettres de noblesse ancestrales du prêtre en tant que guide sacré du troupeau. Quitte à reformuler cette tradition dans de nouvelles organisations. Entre les deux, le "peuple catholique" ne sait plus à quel saint se vouer...
Sur le plateau seront présents: le père Francis Ayliès, curé diocésain de Bordeaux et auteur du roman policier "Le Corps du crime" (éd. Lattès), le père Stéphane Séminckx, directeur du bureau d'information de l'Opus Dei à Bruxelles, le père Joël Rochette, recteur du séminaire ND de Namur et curé de paroisses, Michel Kesteman, ancien prêtre, conseiller théologique du Conseil Interdiocésain des Laïcs (CIL) et directeur de Espace Social Télé-Service.