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30/4/2019
Le prêtre, un marcheur parmi les autres
L'abbé Philippe Masson, curé-doyen de Philippeville-Florennes en trépignerait presque d'impatience! Marcheur depuis toujours, il attend la première marche de l'année, ce sera le 5 mai à Tarcienne, avec impatience. Les marches se succéderont alors jusqu'en septembre. Des moments toujours riches humainement parlant mais pas seulement. La marche est encore une manière de vivre sa foi. Des marches pour lesquelles l'abbé Masson revêtira son uniforme, réplique de ceux portés notamment sous le premier ou encore le second empire français. Pour d'autres marches, comme lors de la Saint-Pierre à Florennes, il marchera derrière la châsse, il aura revêtu l'aube et portera les reliques.
Dans l'opinion publique beaucoup considèrent les marches folkloriques comme des rassemblements uniquement festifs avec l'alcool de grains qui coule à flot des tonneaux! Tous ceux qui marchent - et souvent depuis leur plus jeune âge - sont choqués de cette image. Marcher, c'est un grand et beau moment d'amitié. C'est encore faire vivre et revivre les traditions en vibrant d'émotion aux sons des fifres et des tambours. Lors d'une marche, la dévotion populaire, l'amour porté à un saint, ont aussi rendez-vous avec le spectacle, le folklore.

''Nous devons être présents''
Les marches trouvent leur origine, au Moyen-Age, dans les processions religieuses. La procession était escortée par des militaires non seulement pour rehausser l'éclat de ces moments mais aussi pour rendre hommage au saint invoqué. Elles se déroulaient durant l'octave de la Pentecôte. Outre l'hommage rendu, c'était l'occasion de verser l'obole à l'abbaye suzeraine voisine dont dépendait le clergé. Ça c'est pour le volet historique. Aujourd'hui, quinze de ces Marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse sont reprises sur la liste du patrimoine immatériel de l'Unesco.
L'abbé Philippe Masson, curé doyen de Philippeville-Florennes est un marcheur aussi assidu que passionné! Les marches trouvent leur place, et depuis des années, au sein même de son ministère. ''Comme prêtre, il faut être présent lors des marches'' souligne le doyen. Mais pas seulement pendant les marches. Si les marches ont lieu généralement de mai à septembre, c'est toute l'année que des réunions préparatoires sont organisées. Comme des soupers par exemple qui permettent aux comités de réunir des fonds. Marcher coûte cher en location de costumes mais pas seulement. Il s'agit aussi de payer la musique, les batteries et les fanfares.
Pour marcher, il faut avoir la santé! L'abbé Masson en est bien conscient. Et si la petite goutte est servie régulièrement par les cantinières, c'est pour tenir la distance. Il est tout aussi conscient du rôle qu'il a à tenir dans la marche. ''Le prêtre se doit d'être présent. Si nous ne participons plus, ils continueront à marcher mais sans nous. Nous devons être vigilants pour qu'une marche ne devienne pas une cavalcade!''
A Tarcienne, il revêtira la tenue de sapeur. A Philippeville, il portera son aube et l'étole. Une marche rythmée par les tambours et les fifres. La cadence du pas varie suivant les moments.
La journée des marcheurs commence très tôt. Et par la messe. Le doyen: ''L'église est remplie comme jamais. On y retrouve des personnes qui en dehors de cette occasion ne viennent jamais à la messe.'' A l'issue de la célébration, c'est le départ de la marche derrière la statue du saint vénéré, les reliques. ''Comme prêtre, je me sens très bien lors d'une marche. Le rang social de chacun est oublié: tout le monde parle avec tout le monde. Beaucoup de personnes profitent des pauses pour venir se confier. Certains demandent la confession. Je fais encore le plein de demandes pour célébrer des mariages.''De futurs mariés qui ont, parfois, pris de la distance avec l'Eglise et qui constatent qu'un prêtre peut aussi les rejoindre dans leur passion. L'abbé Masson célèbre aussi les baptêmes - de futurs marcheurs?- et bien sûr les funérailles. Chaque marche est pour le prêtre l'occasion d'être au plus près des marcheurs, des gens tout simplement.

Transmettre
Pour l'abbé Masson ces moments sont également empreints de fraternité. Dans une homélie prononcée lors d'une marche, l'abbé Masson avait fait référence à cette transmission si forte, si belle entre marcheurs. ''Ils ont reçu notre beau folklore de leurs ancêtres, ils nous ont transmis nos riches traditions pour que nous les vivions et, qu'à notre tour, nous les transmettions aux générations à venir. Il est riche de son folklore notre petit morceau de terre; nous pouvons en être fiers mais n'oublions jamais qu'il repose sur tant d'hommes et de femmes qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour, qu'aujourd'hui, nous puissions le perpétuer et le transmettre. Un jour, ils nous accueilleront dans le paradis et si nous l'avons mérité, ils commanderont une salve et un rigodon en notre honneur.''
Le lundi, les marcheurs et la musique toujours se retrouveront une ultime fois. Ce sera notamment au presbytère. La coutume veut qu'ils rendent visite aux autorités qui offrent un verre. Les musiciens ont changé de répertoire. Ce sont les arguedennes, des airs plus légers... qu'ils interprètent.
Mais avant ce temps de détente, l'abbé Masson aura vécu un autre temps, chargé cette fois en émotion. ''Lorsque la statue rentre dans l'église, après une journée de marche, la musique joue l'Ave Maria et c'est vraiment très émouvant. '' L'abbé Joseph Goffin, ancien doyen de Philippeville et marcheur au plus profond de lui-même se joint à la conversation. Et se confie. En évoquant, avant la rentrée dans l'église, le jeu des tambours et des fifres, l'émotion l'étreint, les larmes lui montent aux yeux ''A chaque fois, je ne peux retenir mes larmes. Je pleure et je tremble.''
Christine Bolinne
Photo: L'abbé Masson a reçu, en cadeau, une poupée à son effigie. Il en est particulièrement fier.
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