On se demandait s'il serait présent. L'abbé Paul Malherbe a fait, voici plusieurs semaines, une mauvaise chute. Aujourd'hui, il doit se soumettre à une lourde revalidation et ne peut se déplacer sans un fauteuil roulant. Qu'importe. L'abbé Malherbe s'est servi de cet handicap pour débuter son sermon et faire rire l'assemblée. Quand on se déplace difficilement, c'est à un taxi qu'il faut faire appel pour rejoindre l'église Saint-Jean. Et lorsque l'abbé Malherbe forme le numéro d'une compagnie, il tombe sur un taximan du nom de Jan Fabre, l'artiste qui a illuminé, l'été namurois, de ses statues. Et c'est à dos de tortue que l'abbé Malherbe est arrivé. Cela a pris du temps mais il était à l'heure! L'ancien curé de Saint-Jean retrouvera son sérieux pour poursuivrei son homélie en commentant l'évangile du jour, l'évangile de Mathieu dans lequel un jeune publicain répond à l'appel de Jésus: il se lève et le suit. Un texte qui lui a permis de rendre hommage à des amis de toujours, aujourd'hui, disparus. Peu de temps avant les Fêtes de Wallonie 2014, c'était l'abbé Pierre Dahin qui décédait. Cette année, une nouvelle place est libre autour de l'autel, celle de l'abbé Pierre Gillet. ''Quand j’entends ce texte, je pense encore à Pierre Gillet. Des richesses, il en avait! Peut-être pas beaucoup d’argent, mais avec son diplôme d’ingénieur, il aurait pu en gagner beaucoup… Il ne s’est pas laissé étouffer par les richesses. Tout ce qu’il avait reçu, il a choisi de le partager en frère avec les jeunes qu’il a rencontrés à l’ITN et à l’IATA, avec les pêcheurs d’Inde et d’Afrique, avec les sans-argent, les sans domicile fixe, les sans-papiers, les sans-famille avec qui il a fait un bout de chemin, sourire aux lèvres et cœur grand ouvert. Mais si Pierre a toujours donné sans compter, il n’a jamais oublié que ce sont les riches et les puissants qui écrasent les petits: pour lui, la charité doit toujours marcher avec la justice.''
Une homélie (à lire en pièce jointe) d'une grande sensibilité écrite en wallon avec les amoureux de cette langue que sont les membres des Rélis Namurwès. Une homélie au cours de laquelle il a parlé des migrants. ''Èt vos savoz come mi qui l’ justice dissu l’ têre rote trop sovint di sclimbwagne : dji sondje à totes lès guêres qui nos conichans nin lon èri di d’ci, avou lès massakes di feumes èt d’èfants, avou tos lès djins qu’on fout à l’uch di tos lès costés èt qu’ s’è vont nèyî dins l’ Mèditèranéye! Douvint qu’ lès-omes sont capâbes di s’ mèsbridjî onk l’ôte èt di s’ fé tant do mau? N’ont-i jamaîs ètindu li régue d’ôr qu’on r’trove dins totes lès cultures èt totes lès r’lijions: s’i-gn-a one saqwè qui vos n’ v’loz nin qu’on vos faîye, è bin, c’èst bin simpe, nè l’ fioz nin à l’ôte! One frâse qui m’ faît sondjî à one ôte: Vèyoz l’s-ôtes ossi voltî qu’ vos, vos vos vèyoz voltî vos-minme!''

Le petit nouveau
La célébration a été présidée par l'abbé René Dardenne, fidèle ''soçon'' s'il en est. Il avait à ses côtés l'abbé Yoca, curé de la paroisse mais aussi l'abbé Bernard Van Vynckt, vice-doyen de Dinant et en charge de la paroisse d'Yvoir. Originaire des Flandres, l'abbé Van Vynckt aime parler wallon et il s'est montré très à l'aise dans cet exercice. Claude Willemart, le président du Comité Central de Wallonie viendra d'ailleurs le féliciter à l'issue de la messe.

Une aide pour les migrants
Au cours de la célébration, lors de la prière universelle, les prières iront aussi aux migrants. La paroisse Saint-Jean en accord avec le Comité Central de Wallonie a souhaité que l'argent de la collecte soit versé pour améliorer le quotidien de ces personnes qui vivent depuis quelques jours dans les anciennes casernes de Belgrade. Un constat: les Namurois ont été très généreux.
Une messe du lundi des Fêtes de Wallonie qui se terminera - et là aussi c'est la coutume - par la Brabançonne et Li Bia Bouquet, l'hymne namurois. Après deux jours et pour certains deux nuits de fête, les fidèles de cette messe avaient encore une belle énergie pour reprendre ce chant composé par Nicolas Bosret.
A l'issue de la messe, l'abbé Malherbe a repris, bien sagement, le chemin de la maison de retraite où il poursuit sa revalidation. Pour les autres, il était temps de prendre l'apéro qui ce lundi, vraiment pas comme les autres, est aussi coloré que tous les peckets proposés à la dégustation.
C.B.