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21/8/2019
L'organiste dinantais Jean-Luc Lepage, nouveau collaborateur de Feu Nouveau
Il est tout simplement intarissable. Jean-Luc Lepage est ce que l'on peut appeler un passionné. Passionné de musique en particulier et de l'orgue en général. Organiste à la collégiale de Dinant mais aussi pour les paroisses de Waulsort et de Neffe, sous-directeur du conservatoire Adolphe Sax, il participe depuis peu à la revue Feu Nouveau. Jean-Luc Lepage y propose un cahier central dans lequel les responsables de chorales, les organistes trouveront des propositions de chants pour chaque dimanche, chaque fête de l'année liturgique. A découvrir.
Tel un félin, Jean-Luc Lepage a l'habitude de retomber sur ses pattes! Un organiste se doit de se mettre au diapason des prêtres, des chorales qui, avec lui, accompagnent la liturgie. La demande à laquelle il vient de répondre l'a pourtant quelque peu déstabilisé. Jean-Luc Lepage a rejoint l'équipe de la revue Feu Nouveau. Cette revue distribuée, sur abonnement, en Belgique mais aussi en France, en Suisse et au Québec propose des commentaires sur les lectures bibliques du dimanche, des pistes pour les homélies, les monitions, les intentions... Une aide précieuse pour les prêtres mais aussi et surtout pour les laïcs chargés de préparer une célébration de la Parole. Jean-Luc Lepage vient de rendre sa ''copie'' pour le prochain numéro de ce bimestriel... celui de Noël! Un organiste déconcerté d'avoir, au cœur de l'été, dû imaginer les chants à interpréter pour l'avent, Noël... Une difficulté vite surmontée.

Détachable et à conserver
Lorsqu'il a accepté, succédant ainsi à Philippe Robert compositeur de musiques liturgiques, Jean-Luc Lepage a demandé à y mettre sa touche. Ainsi les propositions de chants, plus nombreuses, (cinq pour l'entrée, cinq pour la communion et cinq pour l'envoi) se retrouvent, aujourd'hui, dans un cahier central. Il suffit de le détacher pour le conserver mais aussi pour le confier aux chefs de chœur, à l'organiste... Des chants sélectionnés dans une base de données qui doit en compter... 10.000! ''Tout n'est pas bon'' ponctue l'organiste. Pour cette sélection, la qualité des textes est une priorité. Il veille encore à ce que parmi les chants sélectionnés plusieurs puissent être repris qu'importe le niveau vocal de la chorale.
Un encart dans lequel on trouve encore une interview. Parmi celles déjà parues ou encore à paraître, celle de Jean-Paul Lécot (organiste à Lourdes) qui parle du chant liturgique; Olivier Latry, organiste de Notre-Dame de Paris qui se confie, lui, sur son métier; Laetitia Steens, responsable de la manécanterie de Reims... Il dissèque aussi un geste en musique et livre son coup... de chœur en privilégiant les auteurs de chez nous. Des compositeurs belges de talent comme Jean-Marie Aubry, Firmin Decerf, le chanoine Paul Léonard, Thierry Chleide....

Célébrer, corriger, colorier
Tel un comédien qui arrive très tôt au théâtre pour s'imprégner des lieux, Jean-Luc Lepage est présent, dans l'église, bien avant le début de la célébration. ''J'arrive quasi une heure avant la célébration. J'aime respirer les pierres et c'est encore mieux s'il reste, dans l'air, un peu du parfum de l'encens'' lance Jean-Luc Lepage. ''Cela me met en condition. J'ai toujours été heureux comme organiste. Il m'arrive de me demander si je n'aurais pas dû être prêtre, comme mon oncle (ndlr: l'abbé Gérard Lepage, curé de Saint-Léger).'' Organiste à la collégiale de Dinant depuis 19 ans, il a également pris l'habitude d'échanger avec les touristes, de leur présenter l'instrument...
Lorsqu'on demande à Jean-Luc Lepage comment il qualifie sa mission, il la résume en trois verbes: célébrer, corriger et colorier. ''Je suis, bien sûr pas au même titre que le prêtre, un acteur privilégié de la célébration. Un organiste peut, à son insu, pirater la liturgie. Je ne célèbre pas - entendez: je ne joue pas - de la même manière durant le Carême où nous sommes en période de régime musical ou à Pâques quand l'orgue peut donner, à travers les alléluias, toute sa puissance.''
Avec le célébrant, la complicité se doit d'être totale: c'est par le regard - à travers les caméras - que lors d'une messe la communication est possible entre le jubé et le chœur de l'église.
''Comme organiste je suis encore là pour corriger. Je donne le ton au prêtre et puis, on ne sait pas pourquoi, il peut arriver qu'il monte d'un ton ou descende d'un ton. Il peut aussi arriver que la chorale ralentisse... Il faut s'adapter, essayer de remettre tout le monde sur les rails.'' Colorier, le troisième verbe cité par l'organiste pour définir sa fonction. Et il ne mâche pas ses mots: ''Si on accompagne, toujours de la même manière, un chant cela devient barbant.'' Alors l'organiste y met sa touche. Jean-Luc Lepage en deviendrait presque poète... ''Je peux, avec l'orgue, faire comme si de l'eau était ajoutée dans le jeu. Je peux donner l'impression d'une cascade ou encore d'un brumisateur de notes... Une seule personne de l'assemblée se rendra peut-être compte de cette interprétation en subtilités et ça c'est cadeau.''
Un musicien toujours très heureux lorsque après l'homélie, il propose un intermède musical. ''Je pars de l'homélie pour apporter une sorte de commentaire musical. A l'Epiphanie, je peux très bien, grâce à l'orgue, représenter les rois mages et leurs dromadaires...'' Avant d'ajouter: ''L'orgue est pour moi une récréation ou plutôt une récréation récréative.''

On fait quoi avec ça?
Cet amour pour la musique a débuté très tôt et pas par choix personnel. La maman de Jean-Luc Lepage avait décidé que son fils ferait de la musique. Alors qu'il avait un peu plus de 4 ans, il a vu arriver chez lui ce qu'il prend pour un meuble. ''On fait quoi avec ça?'' demande l'enfant. Ce meuble ce n'est pas une commode mais un piano. Jean-Luc apprendra le piano. Avec son oncle prêtre, il découvre l'orgue. C'est l'éblouissement. Et quand, quelques années plus tard, il doit choisir sa profession, il hésite: sera-t-il avocat, médecin ou encore cuisinier? ''Mes parents m'ont dit que mes deux premiers choix demandaient beaucoup d'études, de travail. Et ça, je n'en avais pas envie. Cuisinier me plaisait beaucoup. Mes parents m'ont fait remarquer qu'en optant pour ce métier j'allais travailler quand les autres se reposent. Finalement, comme organiste c'est la même chose!'' Titulaire de nombreux premiers prix d'orgue, d'écriture.... il donnera cours à l'Imep notamment. Sous-directeur du conservatoire de Dinant, c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'en cas d'empêchement d'un professeur il se retrouve à donner cours d'orgue ou encore de solfège.

Un cœur grand comme ça
''Je mets mes connaissances au service de la liturgie pour l'élever.'' aime-t-il à dire. Rien de prétentieux dans cette déclaration juste les dires d'un homme au grand cœur qui donne sans compter. Ainsi les funérailles, à la collégiale, d'une dame âgée restent pour lui un souvenir douloureux. Il n'y avait personne pour l'accompagner à l'église avant sa dernière demeure. L'épouse de Jean-Luc a, à elle seule, constitué toute l'assemblée. Et Jean-Luc a donné le meilleur de lui-même. ''Je me suis défoncé. Elle a été enterrée comme une reine! ''En y repensant, l'organiste a de nouveaux les larmes au bord des yeux. ''Ce sont là de beaux services.''
Christine Bolinne

Pour joindre la revue Feu Nouveau: www.feunouveau.eu - feu.nouveau@skynet.be - 071 36 32 39
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