Le chanoine Michel Dangoisse est mort au terme d'une maladie qui le fera séjourner six longues semaines au service des soins intensifs de la clinique Sainte-Elisabeth à Namur. Il venait d'avoir 80 ans. Les semaines qui précédaient son hospitalisation, déjà bien fatigué, il continuait inlassablement son ministère. Il avait encore participé à la messe d'installation du nouvel évêque, l'accueillant sur le parvis de la cathédrale. Le chanoine Dangoisse était encore parmi les séminaristes lors de l'ordination de quatre d'entre eux. Il n'aurait jamais accepté de prendre une retraite. C'est finalement la maladie qui le contraindra au repos forcé.

"Un homme dévoué"
Au cours de la messe de funérailles, les différents intervenants le dépeindront comme étant cet homme actif qui ne s'accordait pas le moindre répit tant sa volonté d'enseigner, de parler de Dieu partout où il allait était la plus forte. Mgr Léonard, aujourd'hui archevêque de Malines-Bruxelles a bien connu le chanoine Dangoisse. L'archevêque a envoyé un texte qui a été lu: "En tant qu'ancien évêque de Namur, je tiens à rendre hommage à mon cher confrère, Michel Dangoisse, et à le remercier pour son long et fidèle dévouement au diocèse de Namur, en tant qu'enseignant, chanoine et doyen du chapitre cathédral, prédicateur et écrivain. Dans ses différentes missions, Mgr Dangoisse a investi sa foi inébranlable, son intelligence éclairée, sa vaste culture, son engagement pastoral et sa fougue indomptable. Sa passion minutieuse pour la vérité lui laissait peu de repos et, avouons-le, n'en concédait guère plus à son entourage. Si son zèle nous paraissait parfois envahissant, voire intempestif, reconnaissons qu'il était généralement d'une parfaite lucidité et d'une implacable cohérence."

"Tenez-vous prêt"
Le chanoine Jean-Marie Huet, archiprêtre de la cathédrale a prononcé l'homélie. L'évangile, Luc 12, 35-38 & 40 choisi par le défunt ayant été lu par le chanoine Jacques Lamsoul. Dans cet évangile, il est demandé à chacun d'être prêt, de garder sa tenue de travail car on ne connaît pas l'heure à laquelle le Fils de Dieu viendra. L'archiprêtre: "Chaque baptisé sait qu'un jour, il rencontrera son Seigneur comme d'ailleurs il est appelé à le rencontrer chaque jour. Cette rencontre ne doit pas être vécue comme un moment d'effroi, de crainte. Il faut croire que ce moment ultime sera doux, fait de joie et de sérénité après quelques dizaines d'années plus ou moins heureuses." Et de citer les recommandations laissées par le chanoine Dangoisse dans lesquelles il parle de la mort: "Je veux qu'on sache que, d'avance, j'offre ma vie -quelles que soient les circonstances de ma mort, que j'accepte de tout coeur- en tout premier pour les vocations sacerdotales, pour la sanctification de mes chers anciens élèves devenus prêtres, et pour tous mes anciens élèves de Floreffe et de Namur, pour la paroisse de Bois-de-Villers qui m'est si chère, pour le chapitre cathédral, pour mon Evêque et pour que ma famille persévère joyeusement dans la foi catholique. J'entends bien mourir dans une absolue fidélité à l'Eglise catholique à laquelle je dois tout."
Lui aussi soulignera le caractère entier du défunt, "Cet homme au tempérament fougueux, indomptable, convaincu d'être dans la vérité reçue humblement de quelqu'un d'autre. Une personnalité attachante pas toujours facile à vivre. Il était exigeant pour lui comme pour les autres. Son insistance à proclamer la parole de Dieu, moteur essentiel de progression dans la vie chrétienne était grande. Il s'en est fait le porteur."
"Toute sa vie, il aura été un veilleur mais aussi un éveilleur dira l'archiprêtre. Un éveilleur pour ses étudiants, ses confrères, pour les différentes communautés où il aura été envoyé. C'était un chercheur de vérité qui n'acceptait pas le compromis. Il disait: je laisse à d'autres cette souplesse théologique."
Le chanoine Huet lira encore un extrait des dernières volontés du chanoine Dangoisse: "Je recommande mon âme aux prières de ma famille et des différentes communautés où j'ai exercé mon ministère sacerdotal; je demande pardon à ceux que j'aurais pu blesser, en combattant pour ce que je crois fermement être la vérité. Qu'on prie donc pour le pardon de mes péchés durant la liturgie des funérailles."

Les petites fiches de l'abbé Dangoisse
Durant de très nombreuses années, il a aussi enseigné. C'était à Floreffe, au Séminaire. Un de ses anciens élèves a pris la parole. Il s'est souvenu du professeur débutant qu'était l'abbé Dangoisse. "Très vite, nous avons compris qu'il n'était pas question de chahuter et que ce professeur avait une priorité: que nous obtenions de bons résultats." Il relèvera encore l'humour un peu piquant de ce professeur très apprécié par ailleurs. Le chanoine Dangoisse continuait, une fois par an, à réunir à Orval, pour une retraite, ses anciens élèves de Floreffe. Il participait aussi à tous les repas des anciens. Il apportait les petites fiches constituées au fil des années sur lesquelles il reprenait scrupuleusement, pour chacun, ses études, sa profession, sa situation familiale... "Il s'intéressait fondamentalement à nous" ponctuera cet ancien de Floreffe.
Le chanoine Léon Caussin aura le mot de la fin. Il a toujours été très proche du chanoine Dangoisse. Ils ont fait leurs études ensemble, ils ont enseigné les mêmes matières et ils ont été ordonnés la même année, en 1955. La voix secoué par l'émotion, le chanoine Caussin parlera de leurs disputes, de leurs repas, des moments de convivialité. Il exprimera aussi un regret celui de n'avoir pu boire cette bouteille de Bourgogne cuvée 1955 que tous deux se promettaient de déguster. Les agendas étaient trop chargés. "Il nous faudra attendre la table céleste pour la boire cette bouteille."
Christine Bolinne