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20/8/2010
Le sacrement de réconciliation: ce mal-aimé
Les enfants jouent dans le parc. D'autres préparent le pain qui sera utilisé lors de l'eucharistie. Les adultes participent eux à des enseignements. Au total, ce sont 80 personnes qui sont inscrites à la session d'été organisée par la CIPL, une commission émanant des évêques de Belgique. Le thème choisi: ''Si tu savais le don de Dieu... Des Sacrements pour vivre...'' Cinq jours, durant leurs vacances, pour redécouvrir, en famille ou entre amis, les sacrements à travers les interventions d'André Haquin, théologien et liturgiste et de l'abbé Jean-Marie Jadot (la photo). Le doyen d'Arlon axant plus ses propos sur la pastorale. Parmi les sacrements analysés, le sacrement de réconciliation de plus en plus boudé. Il est le mal-aimé. ''Il n'est pas facile de se reconnaître pécheur'' soulignera l'abbé Haquin.
Le doyen d'Arlon, Jean-Marie Jadot (la photo) est tout ému en parlant du sacrement de réconciliation: ''J'ai vécu des choses tellement touchantes. J'ai vu des gens pleurer et j'avais tellement envie de les prendre par le cou pour les aider à se libérer, à prendre conscience de la miséricorde de Dieu.'' Comme il l'a fait depuis le début de cette session de la CIPL (Commission Interdiocésaine de Pastorale Liturgique), le doyen Jadot est là pour parler des sacrements dans une dimension plus pastorale. Le doyen Jadot comme l'abbé Haquin sont les premiers à reconnaître que les chrétiens sont nombreux à prendre de la distance avec le sacrement de réconciliation. ''Il faut rendre ce sacrement plus attractif et désirable'' précisera le doyen. Nous sommes confrontés à l'évolution de la société, des moeurs. Le sens du mot culpabilité ne cesse de changer au fil des années. Les médias n'arrêtent pas d'insister sur la repentance. Il faut que l'Eglise, devant les caméras, demande pardon, pour les faits de pédophilie, par exemple.''

Les jeunes: moins farouches
Si beaucoup de chrétiens boudent le sacrement de réconciliation, les intervenants se veulent optimistes. Ils ont tenu à montrer que les jeunes sont, eux, moins farouches. Le doyen reprend ainsi les propos des évêques de Belgique qui parlent dans la publication ''Re-Naître Vivre les sacrements'' de ''jeunes sans complexes''. Des évêques qui constatent que lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) mais aussi pendant des pèlerinages, les jeunes participent, nombreux, à des célébrations et pas que communautaires. ''On n'y vit pas seulement des célébrations communautaires de la pénitence à partir de l'Evangile du pardon divin, mais c'est aussi l'occasion d'un aveu personnel et parfois une amorce d'accompagnement spirituel. Les jeunes témoignent parfois d'un étonnant sens de leur responsabilité par rapport au mal, ainsi que d'une profonde confiance dans l'amour et dans la réconciliation offerts par le Christ'', écrivent les évêques.
Lors de son intervention, l'abbé Jadot parlera de son expérience en tant que prêtre. ''Moins de personne viennent pour recevoir le sacrement de réconciliation. Il y a 18 ans, lorsque j'ai débuté mon ministère, on organisait des temps pour les confessions individuelles et il y avait toujours du monde. Aujourd'hui, les gens téléphonent au prêtre pour prendre rendez-vous avec lui. Cette démarche est alors pleinement voulue. Pour moi, c'est se lever pour changer tout en prenant conscience de la valeur du pardon''.
Le doyen Jadot dira encore toute l'importance d'organiser des temps de confession aux temps forts de l'année liturgique. ''Il faut le faire savoir que ces moments sont organisés. Les jeunes, les moins de 50 ans y sont, à chaque fois, les plus nombreux''. Il parlera aussi de la richesse d'une célébration communautaire alliée à une brève rencontre personnelle avec le prêtre. ''La parole est libératrice dira le doyen. Alors, je propose avant l'absolution communautaire que chacun se dirige vers un prêtre pour lui dire une chose personnelle. Cela permet aussi au prêtre d'avoir une parole pour cette personne. Il peut ainsi lui rappeler toute la tendresse de Dieu. Je suis convaincu que sans aveux, il manque quelque chose''.

Le pardon, essentiel dans la vie des hommes
''J'en profite aussi pour rappeler toute la valeur du geste de paix. Et lors de telles célébrations, il peut se passer des choses tellement belles, tellement fortes. Une dame, déjà plus âgée, participait à une célébration communautaire du pardon comme sa voisine, plus jeune. Une violente dispute avait opposé les deux femmes et les forces de l'ordre étaient même intervenues. La dame plus âgée a traversé toute l'église pour aller demander pardon à sa voisine.''
Que serait devenue l'Europe si à un moment De Gaulle et Adenauer ne s'étaient pas réconcilié? Combien de couples réussissent à poursuivre leur chemin de vie alors que l'un des deux a ''dérapé''. Quelques exemples de l'abbé Haquin pour montrer combien le pardon est important dans la vie des hommes. Au temps des apôtres on ne trouve pourtant pas trace d'obligation pénitentielle: le baptême était le grand moment du pardon: on mourait à une vie pour renaître à une autre. Mais le baptême, c'était une fois dans la vie. L'Eglise a bien dû se rendre compte que les gens ne restaient pas dans la logique du baptême. Elle a donc institué les stages pénitentiels uniquement pour les péchés graves (meurtres...). Entretien avec l'évêque, temps de pénitence qui pouvait durer plusieurs mois voire plusieurs années avant de pouvoir à nouveau communier. Il y a encore quelques siècles, les confessions étaient régulières: au moins une fois par semaine. Ce volet historique, c'est l'abbé Haquin qui l'a brossé. Une manière aussi de démontrer que les choses changent et dans l'Eglise aussi.
Après cet enseignement, les participants ont pu discuter du sujet du jour, comme ils l'ont fait les jours précédents, en ateliers. Ces stagiaires de l'été sont, en majorité, impliqués dans la vie paroissiale. Une telle session est là pour les enrichir pour les aider dans leur mission au sein de la paroisse. Enrichissement personnel aussi d'autant plus que ce stage est résidentiel. Entre les interventions, on reste entre stagiaires. On fait connaissance, on sympathise. Des enfants participent également. Ils accompagnent le plus souvent des grands-parents. Un papy, une mamy tellement importants dans le rôle de la transmission de la foi.
Christine Bolinne
Pour en savoir plus sur les activités de la CIPL: 02/509.97.37, 0475/20.38.36 ou cipl@interdio.be
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