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21/4/2017
Les funérailles d'un ''homme bien''
C'est sous les applaudissements que le cercueil de l'abbé Paul Malherbe a quitté l'église Saint-Loup dans laquelle plusieurs centaines de Namurois désireux de lui adresser un dernier au revoir avaient pris place. Lui qui n'aimait ni les hommages, ni les honneurs, sa sœur Bernadette l'a encore rappelé, aurait sans doute eu ce petit air gêné qu'on lui connaissait bien. L'abbé Malherbe était un homme au grand cœur toujours prêt à aider les plus défavorisés. Sa filleule parlera d'ailleurs de lui comme ''d'un homme bien qui savait tisser des liens avec les hommes qui ont tout mais aussi avec les hommes qui n'ont rien.''
Une rue du Collège anormalement calme. La permanence du Vi Clotchi est fermée. Quelques habitués sont dehors pour saluer la dépouille de l'abbé Malherbe et répondre aux questions des journalistes (voir photo). Li Vi Clotchi, c'est lui qui l'a fondé comme tant d'autres lieux où les plus défavorisés pouvaient se retrouver autour, ici, d'une tasse de café. Les Namurois ont le visage grave lorsque le corbillard s'arrête devant l'église Saint-Loup. Une église que l'abbé Malherbe aura surtout connue... en travaux. Ironie du sort, c'est aujourd'hui ''son'' église Saint-Jean, ''son'' église de la place du Vieux qui est fermée pour cause de travaux. D'où cette ''infidélité''.
L'église Saint-Loup est comble. Beaucoup ont du mal à cacher leur émotion lorsque la musique de la Police de Namur se met à jouer ''Li vî clotchî d'Saint-Djan'', une des chansons préférées de l'abbé Malherbe.

Il était un ''éveilleur''
Bernadette Malherbe, sa soeur cadette, parlera de lui comme d'un ''rwettant'', un homme qui portait un regard bienveillant sur les choses mais qui, comme elle le dira, savait être critique voire caustique quand des situations ne lui plaisaient pas. On se souviendra de ses homélies du lundi des ''Wallonie''. Il ne se privait pas d'égratigner les politiciens pour certaines de leurs décisions.
''Il était un lecteur insatiable'' dira-t-elle encore. ''Il aimait la poésie et n'hésitait pas à écrire ses passages préférés dans des dizaines de petits carnets. Il s'en servait pour nourrir ses sermons.'' Avant d'ajouter: ''Paul était également un ''éveilleur''. Il savait faire naître en chacun ce qu'il a de meilleur en lui.''
Elle terminera par une anecdote. La dépouille de l'abbé Malherbe reposait, ces deux derniers jours, à l'Escholle des pauvres. Les visites y ont été très nombreuses. Un grutier d'un chantier voisin est venu dire à la famille que le jour des funérailles, lors du départ du cortège, il arrêterait son travail en signe de respect. ''Je ne le connaissais pas. Mais, j'ai entendu tant de personnes parler de lui avec chaleur que ça ne pouvait être que quelqu'un de bien.''

La naissance et la mort, un passage
Mgr Warin, évêque auxiliaire présidait les funérailles. Il reprendra les propos du cardinal Henri de Lubac: ''Lorsque l'Eglise est humble dans ses enfants, elle est plus attirante que lorsque domine en eux le souci trop humain de la respectabilité''. Et s'adressant au défunt: ''Merci à toi pour l'homme, le chrétien, le prêtre que tu as été.'' L'abbé Arnold Yoka, curé aujourd'hui de Saint-Jean et de Saint-Loup déposait alors sur le cercueil, l'aube, l'étole et le calice de l'abbé Malherbe.
Le Père Hermans qui avait repris la paroisse, en 2012, au départ à la retraite de l'abbé Malherbe prononcera non pas l'homélie mais la lira. En fait, elle était composée de différents propos que l'abbé Malherbe aimait reprendre lorsqu'il célébrait lui-même des funérailles. Ainsi il s'offusquait des propos de Christian de Duve, docteur en médecine et biochimiste belge, prix Nobel. Dans une interview, il avait dit: ''Je n'ai pas peur de la mort parce que je sais qu'après il n'y a rien''. Le sang de l'abbé Malherbe n'avait fait qu'un tour! Il s'interrogeait quant à savoir comment le scientifique pouvait avoir une telle certitude. Lors de funérailles, l'abbé Malherbe aimait aussi comparer la naissance à la mort, dans les deux cas il s'agit d'un passage qui nous laisse sans souvenir.
L'abbé Malherbe avait coutume de dire: ''Je n'ai pas peur de la mort, c'est une ouverture à autre chose''. Et il ne se privait pas, comme le signalera le père Hermans, de citer l'écrivain Christian Bobin: ''Si les morts ne reviennent pas c'est peut-être qu'ils ont trouvé une merveille plus grande que toute leur vie passée.''
La messe du lundi des Wallonie se termine par Li Bia Bouquet, l'hymne namurois. L'abbé Malherbe n'était jamais le dernier pour l'interpréter avec cœur. Vendredi, lorsque la musique a retenti elle a laissé, en chacun, une grande tristesse.
C.B.
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