Souvent construits pour conjurer le mauvais sort ou pour commémorer un triste épisode (accident, meurtre, épidémie…), les croix et les calvaires sont nombreux dans nos régions. Les croix servaient aussi de repères et jouaient alors le rôle de poteau indicateur, surtout sur des routes de pèlerinages, comme vers Compostelle.
Les calvaires (dont le nom signifie ‘crâne’ en araméen, traduction de l'hébreu Golgotha, colline près de Jérusalem où fut plantée la croix du Christ) ou les croix peuvent rappeler divers évènements, et pas uniquement des malheurs : une fête ou une procession pour la paroisse, un temps de prière (Fête Dieu), un lieu de rassemblement pour fêter les vendanges ou la récolte du blé. Ces lieux de prière participaient à la vie des villages. Parfois, ces croix étaient placées à la place d’un lieu de culte païen, pour en effacer les pratiques. En bordure de champ, elles étaient là pour protéger les récoltes du paysan, de temps à autre entourées de quelques arbres (souvent des tilleuls, symboles de fidélité) pour aussi offrir un lieu de fraîcheur pour faire une courte prière avant ou après le travail, ou quand l’angélus sonnait au loin au village… Ces croix sont encore un témoignage de reconnaissance ; le village a été protégé d’une catastrophe, il y a eu beaucoup de guérisons, un saint est passé par là, une famille qui remercie pour une naissance… Les passants se signaient en passant, d’autres s’arrêtaient plus longtemps pour lire, méditer. Normalement elles sont orientées de telle sorte qu’en regardant le Christ on regarde vers l’est, vers Jérusalem (le Christ regarde vers l’ouest).
C’est à partir du IVe siècle que la croix - qui représente la crucifixion de Jésus - devient le symbole principal du christianisme, après que l’empereur Constantin, converti, ait interdit le supplice du crucifiement (on parle de crucifixion pour Jésus).
Les calvaires sont plus élaborés que les simples croix et sont dotés d’une iconographie particulière. En effet, le Christ en croix est, en principe, toujours accompagné par la Vierge Marie et saint Jean, et plus rarement par Marie-Madeleine, le bon et le mauvais larron.
Alors, lors de votre prochaine balade, n’hésitez pas à gratter le lichen qui se trouve sur une croix, pour en apprendre un peu plus sur son origine, en faisant apparaitre quelques mots d’un temps passé…