Il a beau être un habitué de cette messe en wallon, cette année encore, l'abbé Paul Malherbe était tendu en quittant la sacristie de l'église Saint-Jean. Une église remplie l'attendait. Une église dans laquelle ont pris place tous ceux et celles qui ne veulent rien rater d'une célébration toujours très savoureuse. ''C'est toujours un peu de stress, explique-t-il. Les gens attendent ce que je vais dire et dans les jours qui précèdent ils me demandent; 'ça va aller'? Ils me mettent la pression!'' Et puis il y a les caméras, les projecteurs... la messe est retransmise en léger différé par Canal C, la télévision communautaire.

''Il est 21h et j'ai sommeil''
L'homélie de l'abbé Malherbe est très attendue. Avec humour, clairvoyance, l'abbé balaie l'actualité d'une année en terres namuroises. Ce lundi, il a parlé des nombreuses festivités organisées durant l'été, à Namur. Les riverains ont écrit au bourgmestre pour dire qu'ils en avaient assez de ces nuits peuplées de décibels. Et l'abbé Malherbe de s'inspirer d'une chanson de Jacques Dutronc et d'entonner: ''Il est 21h, Namur s'éveille. Il est 21h et moi j'ai sommeil.'' Rires, applaudissements.
Les premiers rires d'une longue série. Rires encore lorsque l'abbé Malherbe énumérera les noms des groupes qui se produisent lors de ces fêtes de Wallonie. ''Des gens de chez nous paraît-il'' souligne, un brin d'ironie dans la voix, le prêtre. A l'entendre énumérer tous les noms (anglais) de ces groupes on se dit, avec certitude, qu'il est plus doué en wallon que dans la langue de Shakespeare!

En souvenir de l'abbé André
L'abbé Malherbe avait choisi un extrait du Livre du prophète Isaïe ainsi que l'évangile du Bon Samaritain selon Saint-Luc. A travers ces lectures, celui qui a été si longtemps curé de Saint-Jean avant de partir à la retraite, a voulu épingler le travail de l'abbé André. Un prêtre qui a fait preuve d'un incroyable courage pour venir en aide, pendant la seconde guerre mondiale, aux Juifs. Il a caché des dizaines d'enfants les sauvant ainsi d'une mort certaine. La transition était facile pour cet abbé au grand coeur. Dans son homélie, il a encore parlé de notre société ''patraque de tout miser sur une croissance... financière.'' Avec des conséquences non négligeables comme ces hommes et ces femmes qui restent sur le carreau, sans le sou, à la fin du mois. Heureusement dira l'abbé qu'il y a des gens, des organismes pour les aider, les assister. Pour qu'une fois, au moins, tous soient mis à l'honneur, il les énumérera. Du CPAS au Resto du Coeur, la liste est longue. L'abbé Malherbe avant de fixer rendez-vous, à chacun, pour l'année prochaine rappellera aux fidèles présents dans l'église comme à ceux massés devant leur écran de se souvenir d'une règle d'or: ''Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse.'' A méditer.
C.B.