Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
29/7/2015
Frère Syméon quitte la Roumanie pour Banneux
Le frère Syméon faisait partie des Frères de Saint-Jean installés à Libramont. A la fermeture du prieuré, il a rejoint la communauté qui vit en Roumanie. Il avait pris l'habitude, à travers, des chroniques, de parler de la Roumanie et de sa vie dans ce pays de l'Est. Cette chronique est la dernière, le frère Syméon revient en Belgique, à Banneux plus précisément.
Le frère Syméon écrit. Cette troisième chronique revêt un caractère un peu spécial et je m’en excuse. Touchant une limite qui me semble pour l’heure indépassable, j’ai demandé à quitter Bucarest. Ce sera donc la dernière chronique roumaine, si bien entamée et si tôt achevée… Sans verser dans le tragique, je ne puis vous cacher que ce départ prématuré ne va pas sans provoquer un certain bouleversement intérieur.
Mais cela ne doit pas m’empêcher de conduire cette chronique à sa bonne fin et de vous livrer encore quelques traits de ce beau pays dans lequel j’aurai finalement vécu au total un peu plus de huit années. Je suis arrivé pour la première fois en Roumanie, en fait, il y a 17 ans, au temps où, dans les rues de Bucarest, les charrettes à cheval étaient encore nombreuses. Au temps où les démarcheurs tziganes parcouraient les quartiers au rythme de leurs appels qui invitaient à donner, vendre ou acheter. Au temps aussi où les chauffeurs de taxi avaient le loisir de faire une partie d’échecs entre deux courses. Au temps enfin où, à l’automne, des armées de cantonniers brûlaient dans les rues leurs tas de feuilles mortes, plongeant ainsi la ville dans une atmosphère âcre et bleutée, plaisante aussi…

La générosité de Doamma Maria
Bucarest a bien changé mais finalement pas tant que cela…
Doamna Maria (madame Marie) est toujours là, fidèle au poste et avec nous, elle gagne son ciel… Nous la retrouvons chaque semaine, au marché et elle nous attend derrière son étalage de légumes, avec son foulard sur la tête et son petit sourire en coin… Doamna Maria est Serbe comme une bonne partie des maraichères de ce marché. Chaque jour elles viennent avec leur cargaison de légumes, depuis leur village distant de 80km. Comme de coutume, depuis toutes ces années, elle nous offre toujours plein de cadeaux. Nous repartons avec un tiers des légumes en plus de ce que nous étions venus acheter… Cette semaine, soudainement, le feu de la colère a volé d’étalage en étalage pour une simple histoire d’usage de la fontaine du marché. Ça criait, ça s’insultait et il fallait un peu baisser la tête pour ne pas être embarqué dans ce grand vent de tempête. Puis le calme est revenu et la vie a repris comme avant… Bucarest a pu changer mais les marchés seront toujours aussi animés, la vie de quartier toujours aussi vivante.

Entre deux ''Pâques''
Cette année, entre les Pâques catholiques et les Pâques orthodoxes, espacées d’une semaine, nous avions tout juste le temps de dire ouf… Trois petites journées que nous avons mises à profit pour nous échapper en Dobroudja, une petite région, tout à fait à l’Est de la Roumanie, coincée entre Danube et mer Noire. En effet le Danube qui fait la frontière avec la Bulgarie au Sud du pays, accomplit un grand détour vers le Nord et se jette dans la mer Noire par son delta en bordure de la frontière ukrainienne. De ce grand détour, un petit massif de rien du tout, petites collines ou montagnettes est la cause mais le Danube, tout puissant qu’il est, n’a pu que s’incliner... Les hommes, eux, ont voulu passer outre avec le creusement du canal Danube-Mer Noire, inutile et de sinistre mémoire car des milliers de détenus y ont été condamnés à mort à coup de travaux forcés. La Dobroudja est donc cette petite région vallonnée ou un peu escarpée, par certains côtés désertique, écrasée de soleil en été et parcourue par les vents froids d’hiver. Le climat y est austère. Une mosaïque de peuples s’y est installée au gré d’une histoire mouvementée. C’est ainsi que les Russes, vieux croyants, qui ont refusé la réforme de l’Eglise Orthodoxe imposée au XVIIème siècle par le Patriarche et le Tzar, sont venus se réfugier dans cette région pour fuir les persécutions. Ils ont ensuite colonisé le delta du Danube. Les Tatares, devenus de paisibles villageois ou les Turcs, les uns et les autres musulmans, voisinent avec les Grecs orthodoxes. Les Italiens et les Bulgares avec les Circassiens, venus du lointain Caucase…

Un pays aux multiples diversités
Le ''Jardin de Marie'' aime la diversité et ce qui est vrai pour cette petite région est vrai pour le reste de la Roumanie. Partout en effet des petites ou fortes minorités cohabitent avec le peuple Roumain. Nous pourrions parler de la minorité Polonaise en Suceava, tout à fait au Nord du pays, des Hongrois ou des saxons en Transylvanie. Nous pourrions parler de la plaine du Banat, tout à fait à l’Ouest du pays où, comme en Dobroudja, passant d’un village à l’autre, on change de langue et de culture comme de tradition religieuse. La cerise sur le gâteau, ce sont bien sûr les Rom. On les retrouve partout en Roumanie, dans les villes et les villages, honnêtes gens ou trafiquants. Ils sont montrés du doigt à longueur de journée mais s’ils n’étaient pas là, tout le monde s’ennuierait…
Notre balade en Dobroudja a été fraîche et largement arrosée. Nous sommes rentrés à Bucarest, à temps pour célébrer les fêtes de Pâques avec nos frères orthodoxes. Nous nous sommes notamment rendus à l’office du Vendredi Saint, le ''Prohod''. Ce qui se traduit: ''chants de deuil''. L’office qui dure deux bonnes heures, se compose essentiellement du chant de trois cantiques et d’une procession. Ces cantiques, le plus long est composé de 73 couplets, chantés en alternance entre le chœur et l’assemblée des fidèles, nous livrent de manière poétique, une contemplation sur le Christ endormi dans la mort. Leur mélodie très expressive, répétitive, est comme une mélopée. Ce fût pour moi, il y a bien des années, la porte d’entrée dans la liturgie orthodoxe.
Dans le quartier de Stavropoleos, - la très belle petite église où nous nous étions rendus -, Bucarest a beaucoup changé. Dans les rues qui entourent l’église, la procession se déroulait auparavant dans le calme d’un quartier historique plutôt délaissé. Cette année-ci, c’est au milieu des grandes terrasses de café installées les unes à côté des autres que la procession a dû se faufiler. D’un côté le luxe tapageur et de l’autre la grande dignité d’une tradition multi séculaire… Non, finalement, Bucarest n’a pas tant changé. Les contrastes sont toujours aussi saisissants.

La bénédiction
En Roumanie il est de coutume de demander la bénédiction au prêtre, au moine, au gré des rencontres. Cette vieille femme qui mendie dans la rue, ces deux ouvriers qui réclament la bénédiction avant de s’élancer sur les toits. Cette autre vieille dame qui pleure en recevant une petite croix sur le front. Bénédiction donnée, bénédiction reçue…Ces quelques mois passés en Roumanie sont pour moi, à n’en point douter, une bénédiction!
Dans le courant de l’été, Je serai accueilli, en Belgique, au prieuré Regina Pacis, a proximité du sanctuaire marial de Banneux. Lieu d’apparition de la Vierge Marie, elle y est vénérée sous le vocable de la Vierge des Pauvres. Nous y sommes tous attendus, pauvres que nous sommes!
Bonne vacances et peut-être à bientôt!
fr. Syméon

Pour aider le prieuré de Bucarest :
Par chèque: ''Congrégation St Jean Bucarest PSF'' à envoyer à l’attention de M. Luc Flichy
69 avenue de Saint Cloud 78000 Versailles
Par virement : n° de compte : 00010386608 CIC Versailles Rive Droite
IBAN :FR76 3006 6104 3100 0103 8660 832
BIC : CMCIFRPP
Translate in English - Nederlands - Deutsch


 Les évêques
 Les prêtres
 Les diacres
 Les laïcs
 La vie consacrée
 Communautés nouvelles et mouvements nouveaux
 L’administration diocésaine
 La Justice ecclésiastique
 Carte du diocèse