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2/12/2014
Toute l'énergie de soeur Marie-Pascale et ses bénévoles pour faire tourner la banque alimentaire
Soeur Marie-Pascale éclate de rire en racontant comment, cet après-midi-là, elle a réussi à caser, dans sa toute petite voiture, de gros, gros sacs de vêtements! Triés, rangés, ils seront proposés, à la vente, à un prix plus que démocratique. En expliquant le fonctionnement de cette banque alimentaire ouverte à Saint-Servais, soeur Marie-Pascale pense déjà au travail qui l'attend: les choux rouges et blancs qu'il va falloir couper. Pas question de gaspiller: un chou entier c'est beaucoup trop pour une personne ou un couple. Jules et Françoise, deux des bénévoles, ont déjà pris les devants. Mardi, lorsque la banque alimentaire ouvrira ses portes, chacun repartira avec du chou mais aussi des corn flakes, de la limonade, du lait....
Il y a bien longtemps qu'une voiture n'a plus été garée dans le garage du 74 de la rue de Gembloux à Saint-Servais. Et pour cause, le garage a été transformé en local à destination de la banque alimentaire. Soeur Marie-Pascale qui appartient à la congrégation des Soeurs de la Providence de l'Immaculée Conception (Champion) gère cette banque alimentaire. Et ce n'est malheureusement pas demain qu'elle pourra s'arrêter de confectionner les colis destinés aux plus démunis. Lorsqu'elle a succédé à soeur Elvire, une cinquantaine de colis -les grosses semaines- étaient distribués. Et quand soeur Elvire a mis en place ce service, elle aidait trois-quatre familles. Vingt ans plus tard ce sont plus de 124 colis qui sont attribués hebdomadairement!
''Je fais presque le travail d'une assistante sociale'' confie soeur Marie-Pascale. Son sourire disparaît lorsqu'elle raconte la situation des habitués de la banque alimentaire: femmes battues, familles expulsées, hommes et femmes sans travail, SDF, bénéficiaires d'une petite pension... Et pour leur venir en aide, les moyens sont bien sûr limités. Un bref moment de découragement que la religieuse dépasse très vite.

Au centre de toutes les pensées
Les journées de soeur Marie-Pascale sont bien remplies: la banque alimentaire occupe toutes ses pensées. Assistante sociale sans doute mais aussi, incontestablement, manager! La Communauté européenne donne des marchandises aux banques alimentaires. La livraison est effectuée au siège central, à Rhisnes. Chaque antenne locale, une fois par mois, va s'y approvisionner. Et chaque fois, c'est l'art de la débrouille pour trouver des camionnettes, des voitures avec remorques pour tout charger et tout ramener à Saint-Servais où l'ensemble sera soigneusement répertorié, rangé avant d'être distribué. Ça c'est le travail des hommes. Les femmes s'occupent elles de répartir la marchandise et d'assurer, chaque mardi, la distribution aux familles.
Il n'y pas si longtemps encore, les grandes chaînes de magasins offraient les produits dont la date de fraîcheur était à échéance. Cela mettait de la variété dans la distribution, les produits offerts par l'Europe ne sont guère diversifiés: pois et carottes, purée, spaghetti, macaroni, riz... Pour ne pas distribuer toujours la même chose, la banque alimentaire n'a d'autre possibilité que d'acheter de la marchandise. Heureusement qu'il y a de généreux donateurs. Les euros rentrent encore dans les caisses grâce à l'organisation d'un repas annuel ou encore d'une brocante. Les clients de la banque alimentaire paient eux un euro par colis (le nombre de colis augmentant avec l'importance de la famille).

Savoir gendarmer
''J'aime bien ce que je fais'' explique la religieuse. Et d'ajouter, ''tant que j'ai la santé...'' Soeur Marie-Pascale, 72 ans déborde d'énergie et d'enthousiasme. Par contre, ce qu'elle n'apprécie pas du tout ce sont ceux qui tentent d'abuser de la générosité de l'équipe. Alors, il faut gendarmer. La religieuse a appris à hausser la voix...
Lors de la première visite, il s'agit de donner la composition de la famille, de présenter sa carte d'identité - dans ce cas, les bénéficiaires doivent impérativement habiter Saint-Servais - et les revenus ne pas excéder 1100 euros par mois. Et là encore, il faut réagir face à la roublardise de certains. ''Attention ponctue soeur Marie-Pascale, la banque alimentaire est un complément aux aides qui existent déjà.''
La plus belle des récompenses est quand un des bénéficiaires ne vient plus. Ainsi cette femme qui, un jour a reconnu qu'elle avait volé pour se nourrir. Aujourd'hui, elle a un travail et s'en sort seule: ''Si vous n'aviez pas été là, je serais en prison.''Malheureusement, ils sont bien peu nombreux à s'en sortir.

Savoir conseiller
Et quand certains font la fine bouche devant ce qui est distribué, soeur Marie-Pascale y va de ses conseils. Ainsi pour la purée instantanée, elle conseille de la préparer avec du lait au lieu de l'eau. Des boulangers offrent ce qui n'a pas été vendu. Tout passe au congélateur. ''Je conseille de passer, par exemple, la baguette au four après l'avoir un peu humidifiée, elle redevient extra.'' Lorsque des légumes sont distribués, comme le chou, il faut proposer quelques idées pour les préparer. Pour les SDF, il faut prévoir des aliments qui ne demandent aucune préparation. Les musulmans sont nombreux parmi les bénéficiaires. La plupart décortiquent les étiquettes et refusent les conserves de porc. Alors, il faut remplacer les boulettes par des conserves de poisson ou encore du corned de beef. ''Je préfère que la personne me dise qu'elle ne consommera pas les produits du colis. On a déjà retrouvé des boîtes de soupe près du pont du chemin de fer: cela me fait tellement mal de voir cela...''

La hotte de Saint-Nicolas bien vide
Pour Noël, chacun recevra un poulet. L'équipe a, cette année, le coeur un peu gros: peu de jouets ont été déposés à Saint-Servais pour permettre à Saint-Nicolas de gâter les petits. Alors, il faudra l'aider en achetant quelques bonbons.
La banque alimentaire accepte aussi les vêtements. C'est Françoise qui gère les vêtements dans une pièce qui jouxte la maison des soeurs. Son sens de l'organisation y fait merveille. Les tringles croulent sous les vêtements soigneusement rangés: manteaux d'un côté, pantalons de l'autre... Les sacs ramenés par soeur Marie-Pascale quelques heures plus tôt devront encore être triés. Les dons de vêtements sont bien sûr acceptés. Pas question de donner à la banque alimentaire ce qui est sale et parfois déchiré: ''Ce n'est pas parce que les personnes sont pauvres qu'elles n'aiment pas d'avoir des vêtements à la mode.''
''Ah si je gagnais au lotto, je pourrais avoir un local plus grand et plus discret. J'ai mal au coeur quand je vois les gens faire la file sur le trottoir. .. Il y aurait aussi un magasin bien plus vaste pour la vente des vêtements.'' Pour sensibiliser le public à son travail comme à celui des bénévoles et surtout à la situation financière tellement précaire de familles, soeur Marie-Pascale prend son bâton de pèlerin. Elle parle dans les églises, dans les associations... Cela se traduit souvent par une aide plus que bienvenue.
Christine Bolinne

La banque alimentaire du 74 de la rue de Gembloux est ouverte, chaque mardi (sauf la semaine entre Noël et nouvel an et les quinze premiers jours de juillet) de 10 à 12h et de 13h30 à 15h30.
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