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24/12/2015
L'histoire de Laston, un conte de Noël venu de Zambie
Régulièrement, le père Pierre Ruquoy, père scheutiste originaire de Ligny donne de ses nouvelles. Après avoir vécu en République Dominicaine, il est aujourd'hui installé en Zambie où il a transformé son presbytère en orphelinat. Un orphelinat qui ne cesse de grandir. Les enfants y sont scolarisés, les plus grands apprennent le travail de la terre... Une petite entreprise qui fonctionne. Dernièrement, le père Ruquoy a ouvert les portes à un bébé, Laston. Un véritable conte de Noël que le père Ruquoy nous fait partager.
''C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.''
( Antoine de Saint-Exupéry, le petit prince)

Quelques jours avant le début de l'avent, est arrivé chez nous un petit prince noir, fragile et lumineux comme les étoiles qui brillent dans le firmament. Il semblait être tombé d'une autre planète. Peu à peu, il est devenu la personne la plus importante de notre grande famille. Il s'appelle Laston, il est âgé de sept mois et la planète d'où il vient porte un nom terrible: ''mort et misère.'' Quand vous connaitrez l'histoire de ce bébé, vous comprendrez mieux le pourquoi du nom de cette maudite planète.

Il y a un peu plus de trois ans, la grand-mère de notre bébé perdit sa belle-fille: elle rendit son dernier soupir quelques jours après avoir enfanté un petit garçon. La communauté catholique de Munema, village où vivaient la défunte et sa famille me demanda de chercher un endroit pour le nouveau-né. Les sœurs de Mère Teresa de Calcutta répondirent positivement à ma demande et se préparèrent à accueillir le bébé; mais alors que j'étais déjà en route pour Munema, on m'informa que la grand-mère du bébé avait décidé de le garder et de prendre soin de lui. Quelques mois plus tard, j'appris que, malheureusement, le bébé avait suivi sa maman dans l'au-delà.
Le 24 avril de cette année, la fille de la même grand-mère mit au monde des jumeaux: notre Laston et une petite fille. Dix jours plus tard, la mère mourut et la grand-mère se chargea des jumeaux. Quelques jours plus tard, la fillette mourut. La grand-mère s'efforça tan bien que mal de maintenir en vie le petit survivant mais, par manque de moyens, il semblait que le bébé allait suivre le même chemin que sa cousine, sa mère et sa sœur jumelle.
Devant ce cadre lugubre de misère et de mort, la communauté catholique de Munema, me demanda de recevoir le bébé chez nous. Dans un premier temps, la grand-mère s'opposa farouchement à cette idée. Alors, Madame Mwanza, la leader de la communauté, prit contact avec le père du bébé. Après la mort de son épouse, il était retourné dans sa terre natale, non loin de Livingston à plus de 600 kilomètres de Munema. Il ne fut pas nécessaire de parler beaucoup pour le convaincre. Il savait très bien que sa belle-mère, malgré toute sa bonne volonté, était incapable de prendre soin de Laston; il donna donc son accord pour que son fils vive chez nous. Sans beaucoup d'enthousiasme, la grand-mère dut céder et accepta de se séparer de son petit-fils. Comme notre maison se trouve tout près de Munema (à plus ou moins 1 heure de marche), elle promit de rendre visite à son petit-fils le plus souvent possible.
A son arrivée au centre des Fleurs de Soleil, Laston semblait très affaibli: il pesait seulement trois kilos; ses cheveux jaunis, ses yeux éteints et son ventre ballonné étaient des signes clairs de malnutrition. Il était évident que cet enfant n'était pas habitué à boire du lait et que, chaque jour, il devait se contenter d'un peu de farine de maïs diluée dans un peu d'eau tiède. Les 92 orphelins de la maison se réjouirent de la présence du bébé. Tous! Sauf Natasha. Quand elle vit Laston dans les bras de maman Alice, elle se sentit déplacée et elle fondit en larmes. Quand je lui demandai de m'expliquer pourquoi elle pleurait, elle me regarda dans les yeux et, au lieu de m'appeler ''papa'' comme toujours, elle me répondit en me disant ''boss'' (patron). Je la pris dans mes bras et je lui expliquai tant bien que mal que le nouvel arrivé était son petit frère et qu'il avait besoin de beaucoup de tendresse. Alors je déposai le bébé dans les bras de Natasha en lui faisant un clin d'œil: un sourire étincelant inonda son visage.
Tous et toutes, nous avons dû nous organiser d'une nouvelle façon afin de garantir que Laston se sente chez lui et puisse surmonter la malnutrition. Maman Alice qui deux ans auparavant avait perdu son fils cadet mordu par une vipère, se chargea de coordonner les efforts.
Deux garçons et deux filles se succédèrent tout au long des journées et des nuits pour alimenter le bébé, le baigner et le changer. Un berceau, fabrication maison, fut installé dans la chambre des tout petits à côté des lits de Natasha, Elvis et Mapalo. Accompagné du bébé et de Bryan, Je me rendis à la ville de Kabwe pour acheter le lait et tout ce dont un bébé a besoin pour grandir et se développer harmonieusement. Une fois, les achats terminés, nous avons visité le docteur Cyrille, un médecin ami de notre famille. Il ausculta soigneusement le bébé et diagnostiqua qu'il souffrait de malnutrition (ce que tous nous savions déjà). Nous sommes rentrés chez nous et nous avons suivi le mieux possible les conseils du médecin.
Mais le lendemain matin, maman Alice m'annonça que le bébé avait la diarrhée depuis plusieurs heures. Branle-bas de combat! Sans attendre une minute de plus, nous avons repris le chemin tortueux qui mène à Kabwe et, après avoir vu le médecin, nous avons décidé de laisser Laston dans les mains des sœurs de Mère Teresa de Calcutta pour quatre ou cinq jours.
Il y a deux semaines, la fameuse grand-mère arriva à notre centre pour voir son petit-fils. Un grand sourire illumina son visage quand elle se rendit compte que le bébé avait doublé de poids et que tous les habitants de la maison le traitaient avec beaucoup de tendresse. Laston a changé notre vie; il est notre priorité, nous lui dédions une grand partie de notre temps. Il est comme la rose du petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Souvenons-nous des paroles du renard au petit prince: ''C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.''
Maintenant, nous nous préparons à célébrer Noël. Avec ce petit prince noir parmi nous, cette fête aura une saveur très spéciale: dans ce bébé orphelin, le cœur de Dieu palpite et vibre au milieu de nous. Dans les yeux brillants de Laston, il nous dit une fois de plus que la vraie Joie se vit seulement lorsque nous nous agenouillons aux pieds des plus faibles. Là et seulement là, nous pouvons rencontrer Dieu! Là et seulement là, nous pouvons trouver la Paix! Là et seulement là, nous pouvons célébrer la Noël! A quelques jours de la fête de la naissance de Jésus, en regardant notre petit dernier, je ne cesse de penser que Dieu nous offre toujours des personnes très spéciales qui alimentent notre espérance et nous rappellent que l'essentiel est invisible pour les yeux…
A propos, ce matin, Laston a prononcé son premier mot: ''Tata'' (ce qui signifie ''mon papa'')…Joyeux Noël depuis la brousse de Zambie!
Pierre Ruquoy, cicm
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