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31/10/2013
SPIRITUALITÉ
La mort n’est pas la fin irrémédiable d’une existence
La période de la Toussaint, avec ses traditionnelles visites au cimetière, fait chaque année resurgir fugitivement, dans nos mémoires, la question de la mort. Question volontiers enfouie dans le réduit de la conscience, là où l’on relègue toutes les contingences désagréables de la vie, susceptibles de porter ombrage aux petits bonheurs et grands plaisirs dont on voudrait faire son ordinaire.
Cette mort, cause de tant de sourdes angoisses, les membres de la petite équipe diocésaine de pastorale au crématorium de Ciney la côtoient plusieurs fois par semaine, depuis la mi-novembre 2012. Composée de cinq laïcs, trois femmes et deux hommes, dûment envoyés en mission par l’évêque, elle répond à la demande des familles qui souhaitent, pour leur défunt, une évocation religieuse et une bénédiction au cours de la demi-heure qui précède immédiatement l’incinération.
La possibilité d’apostolat concret qui s’offre ainsi aux membres de l’équipe est exceptionnelle! Pour deux raisons au moins. La première réside dans le fait que l’occasion leur est donnée de rappeler que la mort n’est pas la fin irrémédiable d’une existence, mais une porte qui s’ouvre sur une Présence, sur une autre vie, une vie telle qu’on l’a souvent rêvée : vie exempte de toute corruption, de toute souffrance, et qui ne finirait jamais. Ce désir fou, cette aspiration folle des hommes de tous les temps – aspiration qui est à la fois signe et conséquence de ce qu’il me plaît d’appeler le ''chromosome divin'' présent en chacun des enfants de Dieu – s’est muée en Espérance (qui est certitude à terme) grâce à la Passion et la Résurrection du Christ, Fils de Dieu. Et on n’a que l’embarras du choix des passages de l’Ecriture qui attestent ce dessein de Dieu sur ses enfants les hommes: Dieu ne les a pas créés pour la mort, mais pour la vie.
La seconde raison tient au fait que le ''public'' (entre 1 et 120 personnes) offert aux membres de l’équipe est un public très mélangé: croyants pratiquants, croyants non pratiquants, agnostiques, athées, personnes en froid avec l’Eglise ou révoltées contre elle. Et l’on peut parfois discerner, dès le prononcé des premiers mots, ceux qui désirent afficher, d’une façon ou d’une autre (mais toujours très respectueuse), leur distance à l’égard du ''religieux''. C’est à eux surtout qu’il faut s’adresser dans la première partie (oserais-je la qualifier d’apologétique) de notre intervention. Mais, très vite, tous écoutent: leur immobilité, leur regard rivé sur le lutrin d’où l’on parle, attestent de leur attention. Et la chose s’explique aisément: lorsque l’on assiste aux toutes dernières minutes de la corporéité de quelqu’un que l’on a assez connu et aimé pour être présent à ses funérailles, on ne peut s’empêcher de songer qu’un jour, proche ou lointain, on sera soi-même dans le cercueil. Il devient dès lors intéressant d’écouter l’intervenant, de l’entendre annoncer ce à quoi il croit en vérité et ce sur quoi il fonde cette conviction, cette foi. Le rappel de l’immense Espérance chrétienne et de son fondement est donc primordial et mérite une place significative en tête de nos interventions.
Vient ensuite le temps de la prière: prière pour le défunt, autant que possible appropriée à ce que nous savons de sa personnalité, puis prière pour sa famille et ses proches, qui elle aussi tient compte des circonstances du décès, enfin prière pour et avec l’Eglise universelle souffrante. Il est bon d’y ajouter un Pater et un Ave, prières universellement connues du monde chrétien, en invitant tous ceux qui le désirent à joindre leur voix à celle du récitant.
Enfin, quelques mots d’à-Dieu au défunt, rappelant qu’il a déjà été accueilli par Celui qui l’a voulu et aimé de toute éternité, suivis de la bénédiction de son corps avec l’eau, signe de vie et rappel de son baptême (lorsque le défunt a été baptisé).
En pratique: le crématorium fonctionne du lundi au samedi inclus. Chaque membre de l’équipe s’est choisi un jour fixe ''de garde'' et on s’est toujours ''arrangé'' sans difficulté pour le sixième jour, ainsi que pour les absences occasionnelles des uns et des autres. Fin septembre 2013, soit au bout de dix bons mois de fonctionnement, l’équipe avait répondu à 114 demandes.
Quelques mots pour conclure: nous sommes tous les cinq très heureux de faire ce que nous faisons (même si, au départ, il y eut parfois un peu de légitime appréhension), et sommes reconnaissants à notre évêque d’avoir fait confiance aux laïcs que nous sommes pour une telle mission, originale dans nos contrées.
Nous semons, jetant le grain à toute volée dans des terreaux très divers. Le Seigneur fera germer ce qu’Il voudra.
Jacques Stoquart
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