Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
21/9/2011
TÉMOIGNAGE
La triple mission de Thierry Cheniaux, futur diacre permanent
Ils sont mariés depuis 1987. Lui travaille dans le milieu bancaire et manipule au quotidien des montants phénoménaux. Elle travaille dans une ASBL et vient en aide à des personnes qui ne disposent pas toujours du minimum vital pour vivre dignement. Lui, c’est Thierry Cheniaux de Marche-en-Famenne. En concertation avec sa femme Fabienne, il a pris la décision de répondre favorablement à l’appel qui a germé en lui, celui de devenir diacre permanent. Sa profession n’est pas étrangère à la décision: ''Le Christ n’aurait pas été heureux de voir ce que l’on fait avec l’argent'' affirme Thierry. En tant que diacre, il veut continuer à exercer sa profession comme avant, mais plus que jamais en témoin de Jésus-Christ, en essayant d’établir plus de solidarités et en redonnant à l’argent sa vraie valeur.
Thierry Cheniaux ne parle pas de ''vocation'' au ministère diaconal, mais plutôt d’''appel''. Cela fait longtemps qu’il y pense… Il en a parlé au début de sa relation avec Fabienne, avant leur mariage. Très vite investi avec elle dans des services de catéchèse ou de préparation au mariage, ''la petite graine'', comme il dit, a pris le temps de germer dans un terrain propice. Jusqu’au jour où Thierry est le témoin d’un drame qui survient dans son entourage: une dame lui annonce qu'elle se sépare de son mari et l’éclatement de la famille. Devant ce malheur, Thierry ressent l’appel du Christ à aller plus loin et à devenir diacre... ''Fabienne et moi en avons parlé longuement, explique-t-il, car accepter un tel appel n’est pas sans conséquences. Cela peut risquer de bouleverser l’équilibre familial. Il fallait que j’aie la garantie que le rôle de chacun dans la famille, celui de ma femme et mes deux enfants, puisse être préservé.'' Et finalement, après avoir obtenu tous ses apaisements, Thierry décide de répondre ''oui''.

Ni un ''sous-prêtre'', ni un ''super laïc''
Devenir diacre, cela ne veut pas dire devenir un ''sous-prêtre'' ou un ''super laïc''… Thierry a dû l’expliquer à son fils aîné qui se montrait au début un peu réticent. ''Mais quand j’ai expliqué que je me destinais à rendre un service ‘dans’ le monde, cela est tout de suite mieux passé''… Une fois sa décision prise, Thierry s’engage dans une première année de pré-cheminement. Avec d’autres candidats diacres, et guidé par le conseil diaconal, il a pu mieux comprendre ce que sa nouvelle fonction allait représenter et si, au final, elle pouvait lui convenir. Comme la réponse s’est avérée positive, il enchaîne alors avec 3 nouvelles années de cheminement, durant lesquelles il suit la formation théologique de Rochefort. ''Du vrai pain bénit, que cette formation, nous dit Thierry. J’ai pu y vivre 3 années extraordinaires. Une fois par semaine, il y avait la richesse de la prière et de la rencontre. C’est un vrai ‘plus’ que de pouvoir vivre en communauté avec les autres étudiants.''
En fin de troisième année, il lui a fallu dresser un bilan de projet diaconal, proposer les orientations qu’il souhaitait donner à sa mission de diacre, compte tenu de expérience de vie et du milieu dans lequel il évoluait. Soumise à l’évêque de Namur, sa mission a été acceptée et s’articule en trois points.

''Le Jeudi Saint, je prends congé''
Son premier lieu de mission sera le milieu professionnel. Thierry travaille dans le milieu bancaire à Bruxelles. ''Dès le matin, ma mission commence. En tant que navetteur, je passe plus de 3 heures par jour dans les transports en commun. Je serai diacre sur le chemin du travail. Quand vous êtes installé dans le train, lisant un ouvrage traitant du mystère de la Trinité, cela suscite parfois la curiosité, et ça crée des contacts. Cela fait partie de ma mission.'' Puis il y a son activité professionnelle à proprement parler, et ses relations avec les collègues. Des collègues qui ne comprennent pas toujours pourquoi Thierry demande congé l’après-midi du Jeudi Saint, pour assister à l’office de la Dernière Cène. Thierry évite cependant tout militantisme: ''Même si je suis marqué ‘catho’ depuis toujours, j’ai toujours essayé de rester authentique, sans jamais imposer mes vues. Ça passe généralement bien, même si parfois les tensions se font plus vives, notamment quand resurgissent les affaires que l’on sait au sein de l’Eglise.'' Discrétion donc, mais pas inaction! ''Je carbure à Jésus-Christ! C’est ma motivation et ma foi. Ma foi me permet d’avoir un regard particulier sur l’univers de la finance dans lequel j’évolue. Elle me pousse à adopter une démarche chrétienne, à établir des solidarités quand cela est possible. En ce sens, le travail de mon épouse au service des plus démunis est complémentaire du mien, car il m’éclaire dans mon analyse de la société. Tout n’est pas mauvais dans l’argent; il en faut pour vivre. Mais le Christ ne serait pas heureux de voir ce qu’on en fait. J’ai envie de contribuer à redonner à l’argent sa valeur afin de remettre l’homme debout.''

Un homme d’Eglise ‘dans’ le monde
En deuxième mission de son ministère, Thierry continuera à s’investir, avec son épouse, dans des actions qu’ils pratiquaient déjà jusqu’ici: accompagner des couples et des familles, préparer des baptêmes ou des premières communions. ''En tant que diacre, j’essayerai d’être encore plus proche des personnes fragilisées, car la souffrance n’épargne personne.'' Enfin, pour sa troisième mission, il sera demandé à Thierry de faire office d’''agent de quartier''. Certes, il existe déjà une excellente entente dans le quartier où il vit, mais ici encore, il lui est demandé de faire ‘plus’, c’est-à-dire d’être particulièrement attentif aux voisins, spécialement à l’occasion des naissances dans les familles. ''Un diacre est un homme de terrain. Un homme d’Eglise, oui, mais ‘dans’ le monde. Je serai soucieux de ce que vivent les gens, avec leurs valeurs à eux, qu’ils soient croyants ou non.''

''N’essayez pas d’être parfaits, mais de devenir des saints''
Le 25 septembre prochain, Thierry Cheniaux recevra le Sacrement de l’ordination diaconale des mains de Mgr Vancottem, évêque de Namur. Cela se passera à 14h30 en l’église de Marche-en-Famenne. À la question de savoir dans quel état d’esprit il se trouve, Thierry répond: ''Il y a une grande joie, ça c’est certain. Une grande sérénité aussi. Mais également un sentiment de grande responsabilité. Responsabilité par rapport au message du Christ, par rapport à ma famille, par rapport à l’Eglise. J’ai le sentiment d’être tout petit par rapport à la tâche qui m’attend, et par rapport à l’idéal qui m’anime. En ce sens, je suis bien conscient que je ne pourrai pas tout faire tout seul, et que j’aurai besoin de l’aide de mes proches et de l’Eglise. Mais quand je pense à cela, je relativise aussi. J’aime l’expression qui dit ‘n’essayez pas d’être parfaits, mais de devenir des saints’. La sainteté grandit toujours, au contraire de la perfection. Et parce que je sais que le réel nous rattrape toujours, je me rappelle aussi ce que d’autres ont dit avant moi : ‘N’ayez pas peur’…''
A.S.

NB: outre Thierry Cheniaux, deux autres diacres permanents seront ordonnés cette année dans le diocèse de Namur. Il s’agit de Willem Kuypers et Stéphane Lapaille (photo).
Translate in English - Nederlands - Deutsch