Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
16/3/2021
D’un Carême à l’autre : regards croisés sur fond de pandémie
C’était le 17 mars 2020 dernier, il y a presque un an maintenant, que la première ministre Sophie Wilmès annonçait le confinement total de la Belgique. Une situation qu’on espérait provisoire. Une situation qui se prolonge pourtant encore aujourd’hui. Nous avons dû revoir nos manières de faire, d’être, nous interroger sur ce qui est essentiel, sur ce qui fait de chacun de nous cette personne essentielle qui a un besoin essentiel d’être en lien avec d’autres « essentiels ». Cet article propose quelques regards croisés sur cette situation qui s’éternise, sur son évolution, sur ses perspectives.
« J’avais un mariage prévu le samedi 21 mars. Il a été annulé, pratiquement la veille! On ne comprend pas tout de suite ce qui arrive. Quand j’ai réalisé, je me suis directement porté volontaire pour manger les plats préparés par le traiteur » plaisante très pragmatiquement, l’abbé Santiago Couchonnal, vicaire à Bouillon.
Une réflexion qui donne un peu le ton de ce début de confinement. Le sentiment surréaliste d’une blague, doublée d’un énorme gâchis et d’une grande incertitude. Une situation exceptionnelle, un vide soudain que nos différents interlocuteurs se sont employés à remplir… qu’il fallait emplir de sens.
L’abbé Couchonnal, plus sérieux tout d’un coup parle des premiers jours de ce confinement comme d’un temps d’arrêt presque providentiel. Une sorte de temps de désert au propre et au figuré en cette période de Carême. « On ne peut plus sortir, il faut se tenir à distance. Et maintenant quoi Comment faire pour servir, pour aider, moi qui suis appelé pour cela, pour être Son serviteur? » questionne l’abbé. « Voilà un temps forcé pour soigner ma vie intérieure et spirituelle, pour scruter la parole de Dieu, vivre la liturgie
des heures, renouer une intimité spirituelle avec Lui. »


''On se retrouve dans une bulle et on fait quoi?''
Jean-Pol Noël, diacre à Saint Étienne (Athus) vit les choses de manière similaire : « on se retrouve dans une bulle et on se demande : je fais quoi ? je fais comment ? ». Jean-Pol Noël a trouvé sa réponse : « j’ai relu la Bible. Pour un diacre, l’amour fraternel de saint Paul est fondamental : il faut l’avoir en soi pour le faire ressortir à l’extérieur. Il est intéressant de vivre le silence, qui nous permet de prier, de descendre en soi, de trouver la sérénité, la prière. Et puis, il y a la Parabole du bon Samaritain… ‘Un cœur pour aimer et
deux mains pour aider’ c’est ce qui représente le mieux le diaconat ». Comment faire pour aider dans cette bulle ?

Forville, église ouverte
On peut lire, peut-être, un triple mouvement dans la manière de vivre ce confinement, propose Colette Bini, catéchiste à Forville : « Tout d’abord, ‘aller dedans’: à la fois en soi, mais aussi dans l’église.
À Forville, elle est restée ouverte, accueillant qui voulait s’y réfugier pour être habité par une Présence qui nous protège et dont la proximité est essentielle. Ensuite, « aller vers » : vers la nature, marcher et être attentifs aux petites choses de la vie, cultiver ce qui nous rapproche de la vie face aux infos intox et à l’accélération de la digitalisation. Enfin « être en lien avec » : cultiver autrement le lien à l’autre. C’est le lien qui sauve quand on navigue seul en mer, dans les montagnes, dans le désert ou plus proche de chez nous dans les bois… malgré la distance. La distanciation sociale est une grossière erreur souligne-t-elle. La distanciation doit être physique en aucun cas sociale ! « Comme les veilleurs de l’aube, il s’agit maintenant de trouver les lueurs, qui permettent de tenir et d’aller vers l’espérance, le positif. La peur fragilise le système immunitaire. Il ne faut pas la cultiver, ni pour soi, ni chez les autres. »

Jean-François Jung, assistant paroissial à Saint-Hubert, a conscience de faire partie de ces privilégiés qui de par leurs fonctions ont pu rester dans le contact. Professeur de chant depuis la troisième maternelle jusqu’à la 6e primaire, il témoigne de la belle énergie qu’il a constaté chez les élèves et enseignants après les vacances de la Toussaint : une joie de pouvoir être là en présence, même si les mesures sanitaires ne facilitent rien. Le grand concert prévu à la Basilique avec Laurent Voulzy a été annulé plusieurs fois, mais les cours de la chapelle musicale ont pu, dans une certaine mesure continuer.
À Saint Hubert comme à Athus, Forville ou à Bouillon, les pratiques sont revisitées. Facebook permet d’échanger des photos, de mener des projets communs comme cette couronne de l’Avent qui se construit progressivement dans les familles et dont on envoie des photos à chaque nouvelle bougie allumée. Des partages d’évangiles en BD. Les gestes de solidarité se multiplient : cartes postales envoyées dans les homes, maintenant inaccessibles, comme des étoiles « messagères » ; cartes de vœux et d’anniversaire envoyées aux enfants de la catéchèse…, cartes de condoléances aux familles éprouvées… coups de téléphone aux isolés, écritures de poèmes spirituels… Il faut créer… multiplier aussi, comme les messes de Noël qui se succèdent en petits comités de la veille à l’aube.
« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Dans la vie, il y a des scrutins. Il faut choisir. Quand on est dans l’abondance, on ne s’en rend pas compte. Lorsque le home Saint Charles a fait appel à moi pour un temps de prière pour Noël. J’ai dit « oui » sans hésitation ! Cela faisait tellement longtemps que nous n’avions pu rencontrer les aînés. » conclut l’abbé Couchonnal.

Christine Gosselin
Translate in English - Nederlands - Deutsch


 Les évêques
 Les prêtres
 Les diacres
 Les laïcs
 La vie consacrée
 Communautés nouvelles et mouvements nouveaux
 L’administration diocésaine
 La Justice ecclésiastique
 Carte du diocèse