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30/5/2016
Jeunes et christianisme: ouvrir à la vie intérieure
Le 11 mai dernier, un colloque a été organisé à Louvain-la-neuve, sur le thème ''Jeunes et christianisme''. Deux intervenants, exerçant des responsabilités importantes dans l’Eglise de France, ont partagé leur vision et leur expérience relative à la transmission de la foi auprès des jeunes, en particulier dans le contexte actuel de l’âge numérique.
Cette rencontre, consacrée à la transmission de la foi auprès des jeunes a réuni une centaine de participants, pour la plupart des agents pastoraux travaillant ''sur le terrain'', avec des jeunes, dans les différents diocèses belges francophones. Organisé notamment par le Centre universitaire de théologie pratique de l’UCL (Faculté de théologie), avec le soutien de la Fondation Saint-Paul, le colloque a proposé une réflexion sur la manière d’annoncer l’Evangile aux jeunes d’aujourd’hui, profondément marqués par la culture actuelle du numérique. Culture qui est, tout simplement, la leur.

Génération web 2.0
La première intervenante, Sœur Nathalie Becquart, est religieuse xavière, diplômée de HEC, formée en théologie et sociologie, et responsable du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (SNEJV) de l’Eglise de France.
La réflexion qu’elle a proposée avait pour titre ''Jeunes, mondes numériques et évangélisation''. Au début de son intervention, elle a posé une question que beaucoup de chrétiens soulèvent, qu’ils soient engagés dans la pastorale des jeunes, ou tout simplement parents ou grand-parents: comment annoncer l’Evangile aux jeunes à l’heure du ''web 2.0'', la nouvelle ère numérique? Celle-ci constitue un véritable changement de paradigme, avec de nombreuses implications en termes d’éducation et de transmission.
Aujourd’hui, a précisé Nathalie Becquart, on est passé d’une communication ''ex cathedra'', d’une transmission d’un contenu de maître à élève, à l’interactivité, où tout le monde échange ses idées, ses contenus, sur un pied d’égalité. Autrement dit, par le truchement d’internet, des réseaux sociaux, on est passé d’une transmission verticale, avec l’exercice d’une autorité, à un échange horizontal, où tout le monde est à la fois émetteur et récepteur d’un contenu.

''Internet est un don de Dieu''
Comment les chrétiens peuvent-ils répondre à leur mission d’évangélisation dans ce cadre? Pour les évêques de France, il s’agit, dans le cas de cette mission, de favoriser la croissance humaine et spirituelle des jeunes, en y intégrant la question de la vocation. Il s’agit de proposer l’expérience de la rencontre personnelle avec le Christ.
Or, cette proposition est-elle possible dans le contexte d’une culture ''post-moderne-numérique'', comme la définit Sœur Nathalie? Pour cette religieuse, c’est effectivement possible, comme le montre de façon particulièrement édifiante le pape François, personnalité très populaire sur les réseaux sociaux, et en phase avec la culture des jeunes. Pour le pape, l’éducation s’adresse à une génération qui change, et par conséquent, l’Eglise doit également changer. Dans le même sens, le pape François a dit qu’internet est un don de Dieu.

Inculturation
En l’occurrence, l’Eglise doit véritablement inculturer le message de l’Evangile dans cette culture du numérique. Cela suppose qu’elle en apprenne les codes, les langages nouveaux. Les chrétiens doivent comprendre ce que cela veut dire, pour les jeunes, être ''connecté''. Alors que la génération ''Y'', née entre 1960 et 1980, utilise internet pour différentes choses, les jeunes de la génération ''Z'', nés entre 1990 et 2000, vivent dans le numérique. Pour ces derniers, il n’y a plus guère de sens à distinguer nettement le réel et le virtuel: le monde virtuel fait partie du réel pour eux. Une partie de la relation passe par les réseaux sociaux, tout comme, autrefois, elle pouvait passer par l’échange de lettres ou le téléphone…
Pour autant, a encore indiqué la théologienne et sociologue, il ne s’agit pas de ''canoniser'' le numérique. Inculturer veut aussi dire discerner et éduquer les jeunes à un esprit critique par rapport au monde numérique. Dans le contexte de l’annnonce de l’Evangile adressée aux jeunes, l’utilisation du numérique doit être un moyen, et non un but en soi…

Devoir d’aînesse
Prenant ensuite la parole, le diacre Patrick Laudet, occupant l’importante fonction d’inspecteur général ''Lettres et théâtre'' au sein du ministère français de l’éducation nationale, s’est montré plus réservé quant à l’opportunité du numérique dans l’évangélisation des jeunes générations. Ce faisant, son intervention offrait un point de vue à la fois différent et complémentaire par rapport au discours précédent.
Dans sa réflexion, intitulée '' Jeunes, création culturelle et évangélisation'', il a d’abord rappelé le devoir de transmission qu’ont les adultes à l’égard des jeunes, ce que, reprenant l’écrivain Charles Péguy, il a appelé le ''devoir d’aînesse''. Reconnaissant que le numérique est un formidable outil, il a voulu mettre l’Eglise en garde par rapport à une ''cyberbéatitude''.
S’il faut rejoindre les jeunes là où il sont, a continué Patrick Laudet, il faut aussi pouvoir les ''appeler à nous rejoindre là où nous sommes, nous les aînés''. Si l’accueil, si l’attitude maternelle de l’Eglise sont nécessaires, il ne faut pas oublier la ''fonction'' paternelle, sans pour autant retourner à une culture patriarcale. Car les jeunes attendent aussi qu’on leur donne, qu’on leur transmette quelque chose.

Une absence à soi-même
Se référant ensuite aux écrits du psychanalyste belge Jean-Pierre Lebrun, Monsieur Laudet a relevé deux pathologies largement répandues aujourd’hui chez les jeunes: l’addiction et l’absence à soi-même. S’arrêtant plus longuement à la seconde, il s’est demandé si l’une des tâches essentielles de l’évangélisation, mais aussi de l’éducation actuelle, n’est pas d’ouvrir les jeunes à une présence renouvelée à soi, de les éveiller aux « espaces de la vie intérieure, ''de les aider à se « relocaliser dans notre condition humaine''.
Pour cela, une parole ''verticale'' s’avère nécessaire en sus de l’horizontalité. Non pas une verticalité radicale, mais humanisante, et qui s’articule avec l’horizontalité d’une parole qui permet de retrouver le surnaturel et le mystère, par-delà la superficialité.
''Même quand tout est abîmé, même quand les jeunes n’écoutent plus rien, le désir est toujours là'', a continué le diacre-inspecteur. La vertu consiste alors à trouver le moyen de déboucher les oreilles… Or, quand ça leur parle, quand l’adulte a quelque chose à dire, les jeunes écoutent. ''Et les jeunes, a-t-il conclu à partir de son expérience d’enseignant, sont prêts à ce qu’on leur dise qu’il y a une vie intérieure''.

Christophe Herickx (Fondation Saint-Paul)
CathoBel
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