Une plongée dans l’histoire est bien nécessaire pour mieux comprendre qui étaient Dom Jérôme et Mère Claire de Jésus.
Nicolas Joseph Minsart (1769-1837), dit Dom Jérôme, est, en 1808, nommé vicaire, puis curé de la paroisse Saint-Jean l’Evangéliste. Là, il œuvre à la restauration des monuments religieux profanés après la Révolution française. On lui doit, notamment, la reconstruction de la chapelle Notre-Dame du Rempart où les Namurois vénèrent toujours la Vierge Marie, protectrice de la cité. Il devient le curé de la paroisse de Saint-Loup, à Namur, en 1813. Il s’agit de la paroisse la plus importante de la ville, mais la pauvreté y règne. Avec deux jeunes femmes de sa paroisse, J. Sana et E. Berger, il ouvre un atelier de couture qui doit aider les jeunes filles à sortir de la misère en leur apprenant un métier, en l’occurrence la couture. Ce sont là les débuts de la congrégation des Sœurs de Sainte-Marie de Namur. Il faudra cependant attendre 1834 pour que la congrégation soit reconnue par l’évêque.
Mère Claire de Jésus (Rosalie-Joseph Nizet) est alors âgée de 24 ans et est considérée comme étant la co-fondatrice de la congrégation. D’origine modeste, elle se montrera intransigeante et travaillera au développement de la congrégation des Sœurs de Sainte-Marie de Namur, non seulement en Belgique, mais aussi aux Etats-Unis. Elle en sera la supérieure générale 36 ans durant. Dans une recherche de l’UNamur intitulée Sur les traces de Nicolas Minsart, on peut ainsi lire au sujet de Mère Claire de Jésus: ''Dotée d’une forte personnalité, elle imprime à la congrégation son caractère distinctif, fidèle à l’esprit d’humilité, de simplicité et de pauvreté voulu par N.-J. Minsart''. N.-J. Minsart, soit Dom Jérôme, au sujet duquel on peut également lire: ''A Namur, durant ces années, il passe pour un prêtre bon, énergique et entreprenant. ‘Il est’, disent ses contemporains, ‘l’âme de toutes les œuvres de bienfaisance’''.
Telles sont les descriptions des deux figures emblématiques de l’histoire de la congrégation des Sœurs de Sainte-Marie de Namur qui se rejoignent, après plus d’un siècle, dans la chapelle de la crypte des évêques, au coeur de la cathédrale de Namur.

En attendant l'église Saint-Loup
Sœur Marie-Françoise Assoignon, membre de la congrégation et déléguée épiscopale à la vie consacrée explique le pourquoi du transfert des deux dépouilles: ''Dom Jérôme était inhumé au couvent de Colen, dans le Limbourg, où il avait établi une communauté de Bernardines. La communauté a, cependant, aujourd’hui, quitté les lieux. La dépouille de Mère Claire de Jésus reposait, quant à elle, dans la chapelle qu’elle avait fait construire sur la propriété des Sœurs de Sainte-Marie, ancienne propriété de Dom Jérôme. Aujourd’hui, les sœurs ont cédé la chapelle à l’école de Sainte-Marie qui, comme son nom l’indique, porte l’héritage de la congrégation religieuse. Toutefois, il était préférable de déplacer Mère Claire de Jésus''.
Face à ces changements, les sœurs de Sainte-Marie de Namur ont entamé les démarches pour que la dépouille de l’un et de l’autre soit conservée à l’église Saint-Loup. Une démarche tout à fait logique puisque Dom Jérôme en avait la charge. Si la demande des sœurs a été acceptée, les démarches pour y parvenir sont loin d’être terminées. En attendant, le chanoine Huet, archiprêtre de la cathédrale, a accepté que les dépouilles y soient placées temporairement, faisant, par la même occasion, de Mère Claire de Jésus la première femme inhumée au sein de la cathédrale.
La cérémonie d’accueil de ces deux figures emblématiques a été présidée par le chanoine Huet, dans le respect et la simplicité. Les sœurs de Sainte-Marie de Namur ont, bien évidemment, été les témoins privilégiés de l’accueil temporaire de Dom Jérôme et de Mère Claire de Jésus. Bien plus, elles y ont pris part: elles se sont chargées elles-mêmes du transport des dépouilles, les amenant, en camionnette jusqu’à la place du Chapitre, et les transportant jusque dans la chapelle de la crypte des évêques.
Ensemble, elles ont récité un Notre père, un Je vous salue Marie et un Cantique de Syméon pour accompagner le fondateur et la fondatrice de leur congrégation dans leur nouvelle résidence. Elles ont encore pris soin d’immortaliser ce moment important de leur histoire à l’aide de leurs smartphones. Bien sûr, les portes de la chapelle leur restent ouvertes: elles peuvent venir s’y recueillir quand elles le désirent.
Camille Tonelli