Le but de ce changement de nom est de rompre avec l’appellation purement technique par laquelle l’Institut était désigné dans la région, à savoir ''l’I.M.P. de Ciney''. Afin de rendre compte de la diversité des 330 personnes porteuses d’un handicap qui y résident et des quelque 550 travailleurs et volontaires qui fréquentent les différents sites jour et nuit, le Conseil d’administration de l’établissement a choisi le nom ''les Chemins d’Ariane'' parmi les suggestions exprimées par le personnel.
Deux grands éléments sont à épingler dans cette nouvelle appellation. ''Ariane'' et les ''chemins''. Dans la mythologie grecque, Ariane est celle qui a aidé Thésée à sortir du labyrinthe grâce au fameux fil. Symboliquement, ce fil représente l’action des nombreux travailleurs spécialisés et volontaires qui accompagnent au jour le jour des personnes porteuses de handicaps parfois très lourds avec pour seul but de leur permettre d’être actrices de leur vie, d’être toujours plus autonomes…
Le pluriel de ''chemins'' veut faire écho à l’unicité de la vie de chaque bénéficiaire. Au gré de la vie, ils se retrouvent accueillis au sein des Chemins d’Ariane. Les différentes équipes éducatives entendent toutefois leur permettre de s’épanouir dans le respect de leur identité.

Fidélité à l’évangile et vocation à l’universalité
Le concept de chemin implique aussi l’idée d’une progression. Toutes les personnes accompagnées au sein des chemins d’Ariane sont capables de progrès même infimes quelle que soit la lourdeur de leurs déficiences.
Enfin, la notion de chemin a aussi un enracinement biblique où Jésus vient notamment à la rencontre de deux de ses disciples sur la route d’Emmaüs pour se révéler progressivement (Lc 24, 13-35). En Jean 14, 6, Il dit qu’il est le ''chemin, la vérité et la vie'' (Jn 14,6). Il est important d’affirmer que le changement de nom de l’I.M.P. Enfant Jésus n’a pas pour but de renier son histoire et ses valeurs. Tout au contraire, celles-ci restent inscrites au cœur du projet. L’objectif est de rendre significative une institution catholique du XXIème siècle en faisant écho aux deux occurrences du terme, à savoir la fidélité à l’évangile proclamé par le Christ et relayé ensuite par l’Église depuis 2000 ans d’une part et, d’autre part, la vocation à l’universalité qui implique de s’ouvrir à tous et d’accueillir chacun tel qu’il est, avec ses croyances, ses qualités, ses joies, ses peines…
Ceci est d’autant plus essentiel que les Chemins d’Ariane accueillent des personnes en situation de handicap mental et physique très profond, qui se trouvent encore largement à la marge de la société, dans les fameuses ''périphéries'' qu’affectionne particulièrement le pape François. Elles doivent pouvoir être des citoyens à part entière, des enfants de Dieu, qui ont quelque chose à nous apprendre. Les Chemins d’Ariane s’inscrivent pleinement dans le sillon creusé depuis 1922 par les Pauvres Sœurs de Mons, alors installées dans le Centre de Ciney.

Une fête
Une grande fête avait été organisée parallèlement à l’inauguration du nouveau nom. Tout le week-end des 15 et 16 octobre, artisans, producteurs de bouche, personnel et volontaires des Chemins d’Ariane ont présenté leurs réalisations mais également ont proposé de nombreuses animations.
La paroisse de Ciney, avec qui il existe une amitié, si pas une communion exceptionnelle, s’était associée de manière unique à la fête. Le doyen Pierre Renard avait décidé de délocaliser l’eucharistie dominicale dans la salle des fêtes des Chemins d’Ariane. Plus de 120 cinaciens ont rejoint au final les bénéficiaires de l’établissement.
D’emblée, on était marqué par l’ambiance conviviale et la très grande solidarité qui régnaient entre tous. Le peuple de Dieu à Ciney était rassemblé dans toute sa diversité pour cette messe festive. Pour montrer cette unité, une vaste fresque figurant la vigne de Dieu avait été dessinée. Des raisins représentaient les bénéficiaires des Chemins d’Ariane, tandis que d’autres laissés vides suggéraient les paroissiens. Dans son homélie, le doyen Pierre Renard a souligné la beauté de cette communion et la joie d’être accueilli dans ce lieu unique. Il a aussi rappelé la nécessité de rester enraciné dans l’Évangile.
L’Eucharistie s’est terminée par une bénédiction solennelle des habitants du site porteurs d’un handicap et de toutes les personnes qui les accompagnent au jour le jour. Ce dimanche 16 octobre, les Chemins d’Ariane préfiguraient le Royaume de Dieu et ont surtout montré qu’une religion bien comprise et vécue était une force.
Vincent Faber