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20/6/2022
Dinant-Compostelle : 2522 km à pied
C’était le 13 juin 2021, il y a exactement un an. Vincent et Bernard sont partis à pied depuis la Collégiale de Dinant jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un périple qui dura 91 jours. Un an plus tard, ils nous racontent leurs souvenirs.
Vincent Hottias, habitant d'Onhaye et son ami Bernard Englebert, habitant de Falmagne, ont relevé ce véritable défi l’été dernier. Une année s’est écoulée depuis. « Ce que nous retenons le plus, un an après, ce sont des images, des souvenirs : les paysages, les rencontres avec d’autres pèlerins, les lieux visités. Nous étions partis pour 3 raisons : le défi sportif, le contact avec la nature et les paysages à admirer, la dimension spirituelle. Au fur et à mesure qu’on avance, notre foi est alimentée, nourrie. On visite des églises et des chapelles, on participe à des cérémonies et à des offices. Dans différents lieux, les pèlerins sont bénis. On a aussi logé dans quelques monastères : chez les Clarisses, les Franciscains, les Sœurs de la Charité… » raconte Vincent. « Ces échanges avec des religieux, cela nous touche profondément. Comme lors de cette soirée chants à Reims, avec des Clarisses, je m’en souviens très bien »

La préparation
Marcher jusqu'à Compostelle demande de la préparation. Les deux jeunes retraités s’entraînent durant plusieurs mois avant de commencer leur expédition. « Nous sommes tous les deux sportifs à la base. On s’entrainait chaque semaine, avec notre sac à dos et tout le matériel nécessaire, pour s’habituer au poids aussi (17 kg). Pour m’entraîner, j’ai e.a. fait la route Rochefort-Orval. Nous avions établi un programme détaillé pour notre ‘Camino’, mais en réalité, celui-ci n’était déjà plus suivi dès le 2e jour ! » poursuit Bernard en rigolant. L’été dernier, les mesures sanitaires étaient encore bien présentes : certains lieux d’accueil étaient fermés, d’autres ne pouvaient ouvrir qu’à 30% de capacité… Heureusement, les deux Wallons avaient une tente avec eux, au cas où… Une fois en Espagne, ils devaient réserver leurs gîtes plusieurs jours à l’avance. En effet, les pèlerins sont très nombreux sur le tronçon espagnol : « De nombreux étudiants espagnols marchent vers Compostelle pour être aidés, pour prier. C’est même ‘bien vu’ et ils l’indiquent sur leur CV après ».

Des rencontres, des échanges
En pèlerinage, on se dépouille du superflu et on s’enrichit des rencontres. « Nous avons fait connaissance avec plusieurs personnes extraordinaires. Par exemple un Père de l’abbaye de Conques qui connaissait bien la ville de Dinant. Dans la plupart des gîtes, les hôteliers organisent des ‘tour de table’ où chaque pèlerin présent raconte une anecdote, une histoire rigolote ou donne son avis sur un sujet. Nous avons aussi rencontré « le pèlerin éternel » : un Allemand, originaire de Düsseldorf, qui a fait le chemin de Compostelle… et qui n’est jamais reparti ! C’était il y a 14 ans, maintenant il est hôtelier et accueille d’autres pèlerins. Nous avons croisé un couple qui s’est formé sur place : deux pèlerins amoureux ; nous les avons revus il y a quelques semaines. Vers la fin du voyage, nous nous sommes très vite lié d’amitié avec un Danois et trois Français. Nous avons fait toute la fin du Chemin ensemble, c’était fabuleux ! » relate Vincent. Sur la route, les deux amis reçoivent les fameux cachets pour leur crédenciale. « Certains cachets sont vraiment superbes ! Ainsi, une religieuse nous a peint une petite aquarelle. Et dans un village français, une fillette de 7 ans nous a dessiné un papillon vert ». De nombreux gîtes sont tenus par d’anciens pèlerins. Ceux-ci offrent parfois à leurs hôtes un petit souvenir : un caillou personnalisé, une flèche jaune à coudre sur son sac, une carte-prière, un marque-page… Vincent et Bernard ont parcouru de nombreux kilomètres ensemble, sans blessures, et sans disputes ! « Il nous est arrivé de nous tromper de chemin, de sentier. Mais cela a plutôt provoqué des fou-rires que des tensions » poursuivent-ils.

Une arrivée émouvante
Déterminés, les deux amis n'envisagent jamais d'abandonner. Malgré certains jours de pluie, ils poursuivent l'aventure dans la joie et la bonne humeur. « Sur trois mois, nous n’avons eu que 10 jours de pluie, surtout en Galice. Heureusement, nous avions une 2e paire de chaussures, pour pouvoir alterner. Les nuits et les matinées sont parfois froides. Heureusement, nous n’avons jamais eu de vraie canicule pendant notre périple ; le maximum que nous ayons eu c’était 38 degrés. Une fois passée la frontière espagnole, la dimension spirituelle est plus forte. On sent que l’Espagne est encore très catholique, pratiquante. L’arrivée à Saint-Jacques de Compostelle était magnifique ! On ressent alors une grosse émotion, c’est l’aboutissement de tout un projet. » relatent les deux Belges. « Ce qui est incroyable aussi, c’est que nous avons fini avec 5 jours d’avance sur notre planning initial. Nous étions en forme... Alors nous avons continué à marcher jusqu’à Finisterre et Muxia. Là, il y avait des festivités pour la fête de Notre-Dame de la Barque. Nous avons donc eu un feu d’artifice pour notre dernier jour de pèlerinage : c’était grandiose ! »

Et maintenant ?
Voilà un an qu’ils sont partis. « La route nous appelle ; nous venons de refaire un tronçon (Vézelay-Périgueux) ce printemps. Nous ferons normalement encore un tronçon en 2023 et puis un autre en 2024. L’an dernier c’était chouette de faire le Chemin d’une seule traite, mais ce n’est pas si simple pour nos familles… Pendant que nous marchons, nous sommes dans notre bulle, alors que nos proches sont tous les jours confrontés aux petits problèmes du quotidien… L’été dernier nos familles nous avaient rejoints 2 jours au Puy-en-Velay : c’était chouette, mais cela casse notre rythme de marche aussi. À l’arrivée, nous n’avions pas pu assister à l’office à St-Jacques car la norme covid acceptait que 200 fidèles maximum. Nous espérons pouvoir y assister la prochaine fois ! Heureusement, nous avions pu voir le tombeau de l’apôtre. » Son complice poursuit : « Mon épouse me dit que je suis ‘toujours sur le Chemin’ : en effet, chaque jour il y a bien un élément de la vie quotidienne qui me fait repenser à une anecdote, un endroit. À notre retour en Belgique (en bus), j’ai eu un peu de mal à « atterrir » et malgré la longue absence, je me disais « zut, c’est déjà fini ! ». Je continue à me promener très régulièrement ; le contact avec la nature permet une réelle reconnexion, transformation. »

Véronique Joos
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