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4/8/2014
Au nom de son père, elle rend hommage à l'abbé André
Sur l'autel, à côté d'une bougie allumée, un portrait celui de l'abbé Joseph André. Un prêtre qui, au péril de sa vie, a sauvé, à Namur, des dizaines de Juifs, des jeunes et des moins jeunes. Parmi eux Friederich Landes qui, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, vivait aux Etats-Unis. En octobre dernier, il est décédé. Avant de mourir, il a confié à ses proches son souhait de rendre un ultime hommage à ce vicaire de l'église Saint-Jean Baptiste et à tout le réseau constitué à Namur. Dimanche, Ingrid, sa fille ainsi que Ingrid et Blake deux de ses petits enfants avaient traversé l'Atlantique et assistaient à la messe à Saint Jean.
Une voix qui vous touche, là, directement au coeur s'élève. Ingrid est seule à l'autel: elle interprète un chant adapté d'Isaïe 58: ''Partagez votre pain avec ceux qui ont faim. Accueillez chez vous les pauvres et exclus. Alors la guérison sans retard fleurira.'' Alors que chacun est encore sous le coup de l'émotion, elle poursuit avec un chant inspiré, cette fois, d'un poète Mahmoud Darwich, ''LE'' poète palestinien. Ingrid Landes est une artiste et elle a choisi, à travers, son talent, de rendre hommage à l'abbé Joseph André ainsi qu'à tous ceux qui, durant la guerre 40-45, ont pris des risques pour sauver des vies, celles de Juifs menacés de déportation vers les camps avant une mort quasi certaine.
Ingrid Landes: ''Quelques mois avant sa mort, mon père m'a dit: 'Je ne veux pas que ma voix se taise, si j'ai quelque chose à dire au monde extérieur. Je ne veux pas vous laisser une affaire inachevée.' Je suis ici aujourd'hui pour aider mon père à achever ce qu'il voulait faire: exprimer la gratitude de toute notre famille pour le travail du réseau de l'abbé André, et pour tout ce que les gens à travers l'Europe ont fait pour sauver du délire hitlérien les Juifs, les handicapés, les tsiganes, les homosexuels et tant d'autres.''
Depuis plusieurs semaines maintenant Ingrid Landes, afin d'accomplir le voeu de son père, était en contact avec la paroisse Saint Jean Baptiste et plus spécialement Jacques Briard. Dimanche, émue mais heureuse d'avoir pu concrétiser cette ultime volonté, cette Américaine était présente avec deux de ses enfants.

Juste des Nations
L'abbé Joseph André, un homme discret, timide, à la santé fragile mais au courage énorme. Tout a commencé quand, durant l'été 1942, un habitant de la rue des Brasseurs, l'avocat Arthur Burak, juif allemand qui avait quitté l'Allemagne pour Anvers avant d'arriver à Namur lui fait part de ses craintes. Il craignait une ''chasse'' aux Juifs. Devant les menaces, ils sont nombreux à arriver, à Namur, notamment. Le vicaire de Saint Jean n'hésite pas: il transforme la Maison des Oeuvres située place de l'Ange en lieu d'accueil pour les Juifs en attendant de leur trouver refuge dans d'autres familles, dans des institutions religieuses... Objectif: éviter à ces Juifs la déportation, les camps et une mort certaine.
La Maison des Oeuvres se trouve juste à côté de la komandantur. Qu'importe les risques, les audacieux Namurois seront très nombreux à l'aider, à accueillir des familles, des enfants. Des enfants qui, pour des raisons de sécurité, changeront souvent de nom et de prénom. Friederich, le père d'Ingrid Landes a été dans le cas et cela l'a marqué: ''Mon père a parlé, jusque dans la dernière semaine de sa vie, du conflit intérieur qu'il ressentait d'avoir reçu un nouveau nom et de devoir servir comme enfant de choeur. Il en comprenait bien la nécessité pour la sécurité de tout le groupe, mais d'avoir dû cacher sa vraie identité restait une plaie ouverte dans sa vie.''

Il s'éteint à la prison
En juin 44, pour permettre à ces Juifs de pratiquer leur religion, le prêtre aménage la Maison des Oeuvres en synagogue. Il fera même venir un rabbin et organisera des cours d'hébreu et de religion juive pour les plus jeunes. Après la guerre, dans les années 50, il accueille alors de nombreuses familles hongroises qui fuient leur pays. Il sera encore aumônier à la prison de Namur et c'est là que la mort l'emporte, il a 65 ans. A Jérusalem, il avait reçu la distinction de Juste des Nations. Un arbre, à son nom, a été planté dans l'allée des Justes à Yad Vashem.
L'abbé René Dardenne, dans son homélie, précisera que ce sont 160 personnes qui ont échappé à la mort grâce à l'organisation de ce jeune vicaire. Une vie qui inspirera, bien des années plus tard, Eric-Emmanuel Schmitt dans son livre ''L'enfant de Noé''.
A Namur, une plaque a été apposée place de l'Ange là où le prêtre et ses amis ont sauvé tant de vies. Le fils d'Ingrid Landes y a déposé une gerbe de fleurs. A l'église Saint Jean, cette fille d'Israélité d'origine allemande et émigré aux USA avait encore tenu, en quelques mots, à évoquer le conflit israélo-palestinien: ''En ce lieu de paix et d'action, nous nous appuyons sur les épaules solides de l'abbé André et de son réseau: ils nous rappellent à tous que, malgré les violences, la bonté est quelque chose d'inné dans les gens.''
C.B.
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