Toute cette semaine, Xavier Le Paige est en retraite. La journée de samedi, il la passera tranquillement au Séminaire. Tranquillement n'est sans doute pas le terme qui lui convienne le mieux, actuellement. Xavier reconnaît être une vraie boule de nerfs. ''C'est un peu comme avant un examen, on a l'impression qu'on a tout oublié...'' Il part d'un grand éclat de rire.
Et même si le stress est présent, Xavier veut savourer pleinement son bonheur, celui de devenir prêtre. ''Pour beaucoup, dans la situation actuelle de l’Eglise, devenir prêtre relève de l’exploit, d’une folie ou tout simplement d’une erreur de parcours, écrit Xavier dans une revue. En ce qui me concerne, devenir prêtre n’est pas avant tout embrasser une carrière comme on deviendrait ingénieur, professeur… C’est d’abord une histoire tissée de multiples rencontres. Je dis bien une histoire et non un résultat. Ma vocation n’est pas la conséquence de données sociologiques, mais la réponse libre et positive à un appel de Dieu. Un appel à me donner d’une manière particulière dans l’Église qui elle-même est dans le monde.''

Les repères d'une vie
C'est au fil des rencontres que, petit à petit, Xavier a su qu'il allait se tourner vers la prêtrise. Dans les rencontres, il y a eu Mme de Jésus, l'enseignante chargée, en 4eme primaire, du cours de religion. Il y a aussi eu Pepito, diacre et chargé de la chorale. ''Il m'impressionnait beaucoup. C'est aussi lui qui m'a fait découvrir Taizé (une communauté oecuménique installée en France) où j'ai fait l'expérience de la prière.'' A chaque fois, Xavier a été séduit par la manière que chacun avait de parler Dieu. ''Lorsqu'ils parlaient de Dieu,souligne l'ordinand, ils étaient en paix. Une joie émanait d'eux, cela m'a sûrement marqué''.
''J'ai ensuite découvert la Fraternité de Tibériade (petite communauté d'inspiration franciscaine) avec le frère Marc. Ces hommes et ces femmes ont donné leur vie au Christ. J'y étais tout le temps fourré. J'ai été séduit par leur façon de vivre. Je me suis rendu compte que c'est ça que je voulais moi aussi vivre. Le Frère Marc m'a encouragé à prier pour connaître ce que le Seigneur voyait pour moi. Dans mes prières, je disais au Christ: 'Fais de moi ce que tu veux mais pas moine!' '' Nouvel éclat de rire. Xavier saisit la croix qu'il porte autour du cou. Une croix simple, en bois, qui ne le quitte jamais: c'est le cadeau de Tibériade à tout qui passe par Lavaux-Sainte-Anne.

Le bréviaire et le rhétoricien
Après un nouveau séjour à Tibériade, Xavier ramène, dans ses bagages, un bréviaire. ''J'ai eu du culot, reconnaît-il. Je suis allé voir mon curé et je lui ai demandé pour prier, avec lui, chaque matin, les laudes. Il a été surpris et finalement, il a accepté. Chaque matin, je passais chez lui avant d'aller à l'école.'' D'autres viendront les rejoindre au fil des jours.
A l'issue de ses humanités, ce n'est pourtant pas au Séminaire que Xavier Le Paige s'inscrit. Musicien depuis toujours, il s'inscrit à l'Imep d'où il sort lauréat en flûte traversière. Durant son cursus à Namur, il découvre la communauté de l'Emmanuel, les Béatitudes. Le jeune homme est conforté dans l'idée qu'il ne fera pas carrière dans la musique. ''Un soir, j'ai dit au Seigneur fais de moi ce que tu veux. Et si tu veux que je sois prêtre c'est OK pour moi mais il me faut un signe.'' Ce signe, il ne tarde pas... Le lendemain, un de ses amis lui demande, tant il paraît heureux, serein s'il a trouvé sa vocation...
Le jeune Brabançon s'inscrit au séminaire de Limelette pour une année de propédeutique suivie du cycle de philosophie. Avant d'entamer la théologie, Xavier s'accorde une année. Il part en Allemagne dans une école d'évangélisation de l'Emmanuel dont il est resté proche. ''Je ne parlais pas allemand. Au début, partout où j'allais j'emmenais mon dictionnaire et un cahier! Je me suis occupé de cours de religion, du catéchisme en vue des condirmations...'' De Retour en Belgique, il termine la théologie à l'IET à Bruxelles avant d'arriver à Namur pour l'année de stage. ''Je me vois bien exercer mon ministère dans une paroisse où les gens s'entendent bien, échangent et prient. C'est indispensable pour vivre une vie fraternelle.''

''Le célibat, une pierre précieuse''
Comment dans un entretien ne pas interroger un futur prêtre sur le célibat. Xavier ne se démonte pas: ''Donner sa vie, oui c’est bien beau..., c’est même un peu romantique! Mais tout de même, le célibat … ! Par rapport à cette question, ne tournons pas autour du pot, ce n’est pas facile, comme il n’est pas tous les jours facile de vivre en couple. Cependant au lieu d’envisager le célibat comme une contrainte, il est d’abord un appel, autrement dit, une manière particulière de se donner. Il n’est pas une béance, mais une place que l’on fait en soit pour accueillir celui à qui on donne sa vie. Dans cette perspective, le célibat est devenu pour moi comme une pierre précieuse, le pivot sur lequel je bâtis ma vie avec le Christ. Petit à petit bien loin de devenir le lieu de frustrations, il devient le lieu ou je découvre le don de la gratuité. Un don qui ouvre un espace de liberté à mon prochain afin qu’il puisse lui aussi rencontrer Jésus vivant dans sa vie.'' Xavier d'ajouter: ''Lorsque je vois autour de moi des couples qui se disputent, qui se déchirent, je me dis que la vie de couple n'est pas simple non plus...''
Christine Bolinne

L'ordination aura lieu ce dimanche 26 juin, à 15h, à la cathédrale Saint-Aubain, à Namur.
Xavier célébrera une messe d'action de grâce le lundi 27 juin, à 18h30, en la chapelle du Sacré Coeur, avenue Reine Astrid, 121 à Namur. Le mercredi 29 juin, à 18h30, au Carmel de Profonval à Court-Saint-Etienne. Le jeudi 30 juin, à 19h, en l'église Onze Lieve Vrouw van Bijstand à Tremelo. Le dimanche 3 juillet, à 10h45, en l'église saint Etienne de Court-Saint-Etienne et le dimanche 17 juillet, à 10h30, en l'église saint Etienne de Noville-les-Bois.