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4/4/2017
Maredsous accueille les voeux solennels de Frère Jérôme
Originaire de Hombourg, dans le pays d'Aubel, Frère Jérôme Slangen, 40 ans, vient de prononcer ses vœux solennels. Après un passage dans la Compagnie de Jésus, il a rejoint l'abbaye de Maredsous et sa communauté de moines bénédictins. Une communauté qu'il ne connaissait pas. S'il avait entendu parler de Maredsous c'est plutôt grâce à sa bière et à son fromage... Un jour, il a eu envie de monter dans le bus qui passait sous ses fenêtres... Direction, ce haut lieu de la vallée de la Molignée.
Quelques jours après ses vœux solennels, c'était le 21 mars dernier, Frère Jérôme Slangen reste imprégné de cette joie qui a été la sienne durant toute la célébration. Ces vœux ont été précédés d'une retraite. ''Je l'ai faite au Mont Saint-Michel, c'était splendide'' confie le jeune moine. Des voeux solennels, une entrée dans la quarantaine, il n'en fallait pas plus pour donner envie à Frère Jérôme de jeter un regard sur les années qui viennent de s'écouler.
Aîné d'une famille de trois enfants, Frère Jérôme a grandi, comme il le dit ''dans une famille de tradition chrétienne plus que d'expression chrétienne''. Et d'ajouter: ''Tous sont très heureux de mon cheminement qui a finalement été une catéchèse pour la famille''.
Frère Jérôme le reconnaît, il a eu la chance de grandir à la campagne là où la pratique religieuse était sans doute plus importante qu'ailleurs. ''Depuis très longtemps, j'avais l'intuition de quelque chose...'' Entendez par là que Jérôme Slangers sentait que la vie religieuse pourrait lui convenir. Le chemin sera pourtant encore long et sinueux jusqu'à son entrée à Maredsous en 2011. Lors de la profession solennelle, le Père Lorent, Père Abbé a redit qu'un long chemin est le meilleur allié du discernement monastique. ''J'ai vécu ces vœux solennels dans la joie et l'émotion. J'ai été touché de voir que le doyen de la communauté, il va bientôt fêter ses 97 ans, était présent comme il l'était pour mes vœux simples. Il était venu de Strasbourg. C'est touchant encore de voir combien les générations peuvent être en communion.''

''Une présence au monde''
Frère Jérôme passera par les Etats-Unis où il travaille dans une société internationale. Il rencontre des hommes et des femmes de nationalités différentes et de religions tout aussi diversifiées. ''Les Juifs consacraient le temps de la pause de midi à étudier le talmud plutôt qu'à manger, les musulmans faisaient ramadam.'' Le jeune homme qui est à l'âge des grandes questions que l'on se pose sur sa vie, sur son avenir est stupéfait devant de tels engagements. Il veut mieux connaître le Christ: ''J'ai voulu avoir une approche de foi.''
De retour en Belgique, il étudie aux Facultés de Namur, il fréquente régulièrement la chapelle des jésuites, participe aux activités du CRU (Centre Religieux Universitaire). ''Au lieu de suivre mon cursus chez les Jésuites, j'y suis entré!'' Le jeune homme se rapproche en effet de la Compagnie et poursuit son discernement. Il suit les formations à Lumen Vitae. Un monde ignatien qui lui a permis, comme il le dit aujourd'hui, de découvrir le Christ, son Esprit, la relation de frère. ''On se dénude pour devenir soi-même. C'est une très bonne école du développement de soi.'' Jérôme Slangen s'est par contre rendu compte que la Compagnie de Jésus n'était pas faite pour lui. ''Il faut un caractère plus affirmé, plus fort que je n'avais alors. J'ai préféré la discrétion bénédictine. Comme les autres moines, j'ai pris le parti de donner ma vie à Dieu et de le faire dans la discrétion d'un monastère. Cela ne signifie pas pour autant que je vis en retrait. J'ai une présence au monde différente, je l'ai découvert.''

Prendre le bus...
Alors qu'il était à Namur, le bus qui conduit à Maredsous passait sous ses fenêtres. Et un jour, le jeune Jérôme est monté dedans. Une première visite à l'abbaye de Maredsous qui allait être suivie de beaucoup d'autres, de temps de retraites aussi. Et puis il a franchi le pas, il a rejoint les 30 moines bénédictins, en devenant postulant puis novice avant de prononcer des vœux simples, il y a trois ans.
La nervosité qui était la sienne quelques jours avant les voeux solennels a disparu au profit d'une belle sérénité. Frère Jérôme égrène les souvenirs. ''Ce jour-là, j'ai eu l'occasion de faire visiter mon nouveau lieu de vie à ma famille et ils ont pu constater qu'il était très fréquenté!'' On estime que, chaque année, ce sont 500.000 personnes qui passent par Maredsous. Bien sûr tous ne s'arrêtent pas à l'église et encore moins à l'abbaye néanmoins nombreux sont ceux qui viennent y passer une journée de réflexion, un temps de retraite. Frère Jérôme est souvent là pour les accueillir. Des journées bien remplies d'autant que la semaine, il est cérémoniaire et chantre. ''Mais là, c'est quand c'est vraiment nécessaire'' lance-t-il dans un éclat de rire....
Des journées baignées encore par la Parole de Dieu dans la prière, lors des offices. Le premier rendez-vous est à 7h. ''Dès 6h, beaucoup de moines sont déjà présents pour la lectio divina.'' Le dernier passage par l'église est à 20h30.
Le Frère Jérôme termine, actuellement, un cycle de trois ans d'études théologiques. Des sessions destinées aux moines et moniales de tous les horizons qui ont lieu régulièrement dans différents pays. Il s'agit de cours intensifs de dogmatiques, d'écritures saintes... De retour dans son abbaye, chacun travaille la matière. Frère Jérôme passe ainsi beaucoup de temps au scriptorium. A deux pas des 400.000 livres de l'immense bibliothèque qui s'étend sur... six étages!
Et demain? Le Frère Jérôme aura-t-il d'autres missions? Va-t-il reprendre des études? ''J'accueillerai ce qui me sera présenté comme service à la communauté.'' Le Frère Jérôme serait intéressé d'en apprendre plus encore sur les Ecritures saintes. Quand cela se fera-t-il? Cela n'a pas d'importance. ''Le temps est avec les moines et les moines avec le temps. Ce qui n'est pas fait aujourd'hui le sera demain'' aime-t-il à dire. Des générations de moines ont fait leur cette parole. ''Une véritable sagesse que je découvre aujourd'hui et surtout en parlant avec les plus âgés.''
Et si, de passage à Maredsous, vous entendez des notes de piano s'échapper par l'une des fenêtres, c'est peut-être Frère Jérôme qui taquine le clavier. Il aime encore se consacrer à la typographie, aux écrits qui remontent aux premiers siècles de l'imprimerie. Une passion qui est née lors d'un voyage à Venise. Lui qui a fait Saint-Jacques de Compostelle s'est encore laissé séduire par la vallée de la Molignée, la nature est superbe. Une véritable invitation à la marche bien sûr mais aussi à la prière.
Christine Bolinne
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