Sur l'autel, une photo a été posée. Cette photo c'est celle de l'abbé Pierre Dahin décédé en juin dernier. Un prêtre qui a été tellement proche de cette paroisse du centre-ville. Aux précédentes Fêtes de Wallonie, l'abbé Pierre Dahin était présent. Oh pas pour prendre la place de son ami Paul Malherbe, il était là juste près de la sacristie, veillant sur tout ce petit monde. Henri Rase, l'adaptateur bien connu de pièces en langue dialectale, a voulu lui rendre hommage un peu avant la célébration. La voix brisée par l'émotion, il n'arrivera pas à prononcer le moindre mot.
Il y a quelques jours, les Namurois ont pu lire dans leur journal que l'abbé Malherbe avait fait une chute. Beaucoup d'inquiétudes donc chez les habitués de cette messe en wallon teintée de la gouaille de ce célèbre soçon. Ils ont été rassurés: l'abbé était fidèle à l'autel même s'il a préféré donner son sermon assis.

Le 36ème ''prétchmint''
Cette messe en wallon des Fêtes de Wallonie est une tradition bien installée. Elle est l'occasion aussi de se souvenir de ceux qui ont laissé leur vie lors des différents conflits. Et cette année, une pensée particulière est allée tout naturellement aux combattants de 1914-1918. L'abbé Pierre Gillet qui présidait cette célébration a lu l'évangile de Luc 16, 19-26, celui de l'homme riche et du pauvre Lazare. Un évangile qui ne pouvait qu'inspirer l'abbé Paul Malherbe dont c'était le 36ème ''prétchmint'', le 36ème sermon.
Et comme d'habitude, Paul Malherbe a su mêler humour et sérieux. Tout commence par un constat: les jeunes habitués à utiliser ipod, ipad, à surfer sur google, à faire le buzz n'ont plus une grand connaissance du wallon. ''Pour eux c'est du chinois ou plutôt du gaulois'' dira-t-il.
Lui, l'habitant du centre-ville, s'adresse à ceux qui considèrent Namur comme une ville endormie. L'abbé déplore des musiques d'aujourd'hui qui n'ont rien à voir avec des berceuses! ''Ils oublient que des gens habitent là et que eux souhaiteraient des berceuses pour s'endormir''. Les projets de chantiers sont importants pour la capitale wallonne et l'abbé Malherbe a, là encore, un petit commentaire à faire. Dans les cartons: un téléphérique, une gare multimodale ... La moue de l'ancien curé de Saint-Jean se fait dubitative. ''Les gens préféreraient des trains qui partent et qui reviennent à l'heure!'' Rires parmi l'assemblée.

''Quand les hommes vivront d'amour''
Plus grave, les massacres, les hommes et les femmes chassés de leur pays, les conflits qui secouent le monde: ''va-t-on connaître une année sans une guerre quelque part dans le monde, sur la planète?''
Dans son homélie, l'abbé Malherbe qui a ouvert les portes de son presbytère aux plus nécessiteux parlera des ''bribeux'', ces gens qui tendent la main. Une mendicité que la Ville de Namur veut interdire par voie de règlement. ''Ce sont nos frères,souligne l'abbé. Nous devons avoir le courage de nous battre pour eux. La solidarité doit prendre le pas sur la charité. Nous devons leur rendre espoir.'' Le prêtre citera encore les associations (Resto du coeur, CPAS, Sauverdias... et tant d'autres) qui, à longueur d'année, se mobilisent pour venir en aide à ces ''bribeux''. Une homélie que l'abbé au grand coeur terminera, et c'était une première, en chantant. Il reprendra la très belle chanson interprétée par les Québecois Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Robert Charlebois... ''Quand les hommes vivront d'amour''.
Après ce chant qui est un appel à la paix, deux autres chants feront chavirer les coeurs et clôtureront cette célébration: une vibrante ''Brabançonne'' avant un ''Bia Bouquet'' repris par des Namurois très en voix.
C.B.
Photos: Mgr Vancottem avait, cette année encore, rejoint l'église Saint-Jean.
A l'issue de la célébration, chacun s'est souhaité un ''bon lundi de fêtes'', ici le président du Comité Central de Wallonie, Claude Willemart.