''Cette cour de l'évêché n'est jamais aussi belle qu'au moment de cette marche'' lance Mgr Vancottem. Samedi, 8h30, les premiers marcheurs sont déjà présents. Mgr Vancottem est là pour les saluer d'une vigoureuse poignée de main. Du côté des inscriptions, pas le temps de relever la tête. Il faut dire que pour ce vingtième anniversaire, on va battre des records. Ce sont près de 250 personnes qui vont arpenter l'asphalte, les chemins de bois pour, au départ de Namur gagner Malonne et le sanctuaire dédié au Frère Mutien. Une petite dizaine de kilomètres à parcourir voilà ce qui attend les marcheurs, jeunes et moins jeunes.
Monique Lemercinier est tout sourire. Chaque année, elle participe à cette marche qui est aussi un pèlerinage. Et elle se souvient très bien comment cette marche est née. Le pape Jean-Paul II devait venir en visite, à Malonne, au sanctuaire du Frère Mutien, en mai 1994. Une visite qui sera annulée: le pape à la fin avril fait une mauvaise chute dans sa salle de bain et se fracture le col du fémur.
On imagine la déception de tout le diocèse et particulièrement des Malonnois. Quelques jours plus tard, Mgr Léonard alors évêque de Namur est à Han-sur-Lesse pour la bénédiction du nouvel autel de l'église. L'annulation de la visite du pape est au centre des discussions qui suivent la célébration. Mgr Léonard annonce que le lendemain, le dimanche, il va se rendre, à pied, à Malonne, pour prier Frère Mutien. Il veut prier pour que Jean-Paul II retrouve la santé. ''Les Namurois ont l'habitude d'aller se confier au frère Mutien quand ça ne va pas.'' explique Monique Lemercinier. ''J'ai dit à l'évêque que moi j'allais méditer le chapelet. Mgr Léonard a alors lancé:'vous pouvez venir avec moi à Malonne?''' Dans la soirée, Monique Lemercinier rédige des petits tracts qu'elle va déposer dans les boîtes aux lettres pour annoncer cette marche. Les Namurois découvrent l'info le dimanche matin. Et lorsque Mgr Léonard sort de l'évêché pour sa marche vers Malonne, il n'est pas seul. La Communauté de l'Emmanuel a aussi ses représentants. Cette marche organisée, du moins pour la première édition, dans l'urgence a lieu, depuis, chaque année. Elle s'adresse aux enfants du catéchisme, aux catéchistes, aux parents... à tous ceux qui veulent pélériner. Sur la route, quelques haltes sont prévues pour des moments de prière, de réflexion.

Une Eglise proche des gens
Mgr Rixen, chaudement emmitouflé, figurait parmi les marcheurs. Originaire de Liège, Mgr Rixen vit depuis près de 35 ans au Brésil. Il est évêque à Goias. L'été dernier, il avait accueilli, dans son diocèse, des jeunes qui se rendaient à Rio pour les JMJ. Un moment dont l'évêque garde un souvenir ému. Il est actuellement, dans le cadre de la campagne de Carême d'entraide et Fraternité, en Belgique. Il a fait le voyage avec quelques Brésiliens. Ensemble, à travers des rencontres, des conférences, ils sensibilisent aux problèmes des ''sans terre''. Des agriculteurs qui n'ont plus le moindre espace pour cultiver. Des agriculteurs, mangés, dévorés par l'agriculture industrialisée. Samedi, il a marché avec les jeunes. Il leur a parlé des difficultés de ceux qui vivent dans son pays d'adoption. ''Là où je vais, je veux faire comprendre que le Brésil c'est autre chose que le carnaval ou encore le football. L'agro-industrie est vraiment un gros problème. L'Eglise doit montrer qu'elle est proche des gens, le pape François ne cesse de le dire.''

''Jésus nous appelle au service''
Mgr Rémy Vancottem était un évêque particulièrement heureux en constatant qu'autant de personnes avaient choisi de participer à cette marche. ''Allez sans peur pour servir'', c'est ce thème qui a été retenu pour la marche. Mgr Vancottem l'expliquera avant que le départ ne soit donné. Il décortiquera la phrase. Il s'attardera plus particulièrement sur le verbe ''servir''. ''Jésus nous appelle au service dira l'évêque. Il demande à chacun de se poser une question: ''est-ce que ma vie est suffisamment orientée vers le service? Le service n'est pas réservé qu'aux adultes. Vous les enfants je vous demande au cours de cette marche de vous interroger sur les services que vous rendez. Etes-vous assez présent près d'un grand-père, d'une grand-mère?''.
Les marcheurs pouvaient prendre le départ. Direction: Malonne avec une halte à la chapelle Sainte-Thérèse, un édifice construit dans les premiers lacets qui conduisent à la citadelle. Mgr Léonard a tenu à parler aux participants et c'est depuis cette chapelle qu'il donnera son enseignement. Des propos souvent teintés d'une grande émotion. ''Nous devons apprendre à connaître et à servir Dieu. Nous devons lui donner ce que nous sommes. Nous devons nous donner à lui en lui donnant notre jeunesse. Le Seigneur est tellement modeste qu'il prend ce qu'on lui offre. Beaucoup se donnent à Dieu alors qu'ils ont 40, 50, 60, 80 ans. Alors qu'ils sont dans les derniers jours voire les dernières heures de leur vie.'' Mgr Léonard encouragera chacun à se donner à Dieu et le plus tôt possible. Pour faire comprendre la beauté de ce don, il prendra l'exemple de la petite Thérèse de Lisieux. Un jour qu'elle rencontre un jésuite, elle lui confie: ''Je voudrais aimer le Bon Dieu plus que quiconque l'a jamais aimé.'' ''Et ce n'était pas de l'orgueil'' dira Mgr Léonard. Il conseillera aussi aux jeunes de lire beaucoup. Et de lire par exemple ''Les confessions de saint Augustin'' ou encore la vie de Don Bosco. ''Lorsque j'ai lu la BD sur la vie de Don Bosco, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.''
''Et n'oubliez pas, ajoutera l'archevêque que le plus bel âge est celui que l'on a. Si tu es touché par Dieu alors que tu as 8 ans, 15 ans... tu vas lui (ndlr: le Seigneur) faire le plus merveilleux des cadeaux.''
La journée s'est poursuivie à Malonne avec des moments de rencontres, des ateliers et une célébration qui a ponctué ce samedi.
C.B.