Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
3/11/2014
Cinquante ans de pèlerinage en Terre Sainte: les souvenirs de Paul Tavier
Aujourd'hui, Paul Tavier continue à beaucoup voyager mais uniquement en Belgique. Il prend - enfin - le temps de découvrir les villes en plongeant dans leur histoire, dans leur richesse architecturale... Entre 1956 et 1995, il a veillé sur tous ceux et celles qui avaient choisi de voyager avec les Pèlerinages Namurois. Lourdes, Rome, l'Autriche, la Suisse... n'ont plus de secret pour lui. Paul Tavier a aussi été dans les premiers à emmener des pèlerins en Terre Sainte. Une véritable épopée plutôt qu'un pèlerinage: on voyageait en bateau plutôt qu'en avion, on partait pour minimum 25 jours. On rentrait la tête pleine d'images et les poches garnies de drachmes, de shekkels... Une aventure extraordinaire. Le 50eme anniversaire du premier voyage en Terre Sainte sera célébré, à Ciney, le 23 novembre.
Paul Tavier s'est rendu une trentaine de fois en Terre Sainte! Et même s'il ne souvient plus de l'année de son premier séjour, ''je suis un homme d'histoires pas de dates''aime-t-il à dire, il n'a pas oublié que cela avait créé des tensions! Son entourage ne comprenait pas qu'un père de famille puisse quitter femme et enfants en bas âge pour visiter Jérusalem, gravir le Mont Sinaï... Paul Tavier faisait partie de l'équipe des Pèlerinages Namurois.
Les pèlerins partaient alors massivement pour Lourdes ou encore l'Italie avec Rome, Assises, Padoue... De la Terre Sainte avant les années 60, il n'était pas question. ''Ce genre de voyage n'était pas recommandé à des gens responsables'' précise, l'oeil rieur, notre ''baroudeur.'' Dans les années 60, les mentalités évoluent, la guerre est loin et chacun, surtout chez les plus jeunes, a envie de bouger.
Les directeurs de pèlerinages ont l'idée de prendre la route de l'Orient et de tester, entre eux, ce voyage: ils rentrent conquis de Terre Sainte. En 1964, le diocèse de Namur en collaboration avec le diocèse d'Arras organise le pèlerinage, le premier d'une longue série. Le chanoine Tasiaux, archiprêtre de la cathédrale (à gauche sur la photo) est du voyage. Et même si le prix du billet d'avion avait bien diminué, les organisateurs décident de partir en bateau, au départ de Marseille. Tous embarquent sur le ''Modelet'' (la photo), un bateau de ligne de la compagnie israélienne Zim. Le temps en mer est bien utilisé: les pèlerins sont informés sur le judaïsme, l'islam, les églises orientales... Le retour se fait en avion. Il faut se libérer 24 jours pour effectuer ce périple!
Paul Tavier: ''Deux ans plus tard, on recommençait mais en réalisant l'aller et le retour par bateau, 28 jours sont nécessaires. Le voyage était d'une grande complication: trajet en train pour Marseille; bateau de Marseille à Limasol (Chypre). Comme le bateau était israélien il ne pouvait pas accoster au Liban. La plupart des lieux saints étant situés en Jordanie on devait donc abandonner le bateau à Chypre, prendre un avion de Nicosie à Beyrouth (Liban), visiter en car le Liban, la Syrie et la Jordanie, passer en Israël par la porte de Mandelbaum (passage unique entre les pays arabes et Israel) et au retour reprendre le bateau à Haifa.'' Un véritable périple avec des contrôles aux douanes très stricts. ''Tout le monde devait avoir un extrait de baptême pour signifier aux pays arabes surtout la Syrie qu'on n'était pas juif.''

''Quand je lis l'Evangile, je suis sur place''
Cinquante ans plus tard, les Pèlerinages Namurois travaillent toujours avec l'agence Awad qui s'occupe de tout, sur place. Depuis 1967 et la guerre des six jours, tout a bien changé: les sites bibliques sont accessibles au départ d'Israël, les formalités d'entrée sont réduites... A plusieurs reprises, des pèlerinages ont néanmoins été annulés lors de la guerre du Kippour en 1973, au moment de l'assassinat d'Itzaac Rabin, pendant les différentes intifadas... ''A la première accalmie, on reprenait la route et comme la diaspora juive depuis deux millénaires on clamait à chaque retour d'Israël: 'L'an prochain à Jérusalem'.''
Les souvenirs de Paul Tavier se bousculent. Chaque pèlerin emmenait avec lui des dollars qu'il fallait changer en monnaies locales. ''Une gymnastique monétaire infernale'' souligne-t-il. ''On ne savait jamais si nous étions perdants ou gagnants.'' A l'époque, les prêtres se devaient de dire la messe tous les jours. ''Sur un bateau de plusieurs centaines de passagers, il y avait parfois près de 100 prêtres-pèlerins. Ils devaient pouvoir célébrer une messe personnelle tous les jours. Nous partions avec 20 ou 30 valises chapelles que l'on déployait un peu partout dans le bateau et les prêtres disaient leur ''petite messe'' au plus vite les uns après les autres.''
Ces voyages sont à jamais gravés dans la mémoire de Paul Tavier. ''Quand je lis l'évangile, je suis sur place. Quand on parle du lac de Tibériade, je le vois. Quand on parle du Mont Sinaï, on pense à Moïse bien sûr mais pour moi c'est encore bien autre chose. Nous dormions à la belle étoile et nous prenions le repas avec les bedouins. A notre arrivée, ils tuaient le mouton et ils voulaient que nous y assistions: on fermait les yeux! Il fallait encore le dépecer et le cuire, cela prenait des heures. Pendant ce temps, un vieux bedouin chantait des mélopées en s'accompagnant sur un violon fabriqué avec des bidons d'huile et des fils. En pleine nuit, à 2h30 du matin, il fallait se lever pour gravir le Mont Sinaï. Il y avait plusieurs relais et à chaque fois, on nous offrait du thé. Nous arrivions au sommet pour le lever du jour et célébrer la messe.'' Les yeux de Paul Tavier brillent d'émotion.
C'était encore une époque où les pèlerins comme les touristes étaient bien moins nombreux. Les pèlerins étaient alors accueillis dans les familles pour passer la soirée: de solides liens d'amitiés sont ainsi nés.
Paul Tavier a pris sa retraite en 1995, remplacé par Bertrand, son fils. ''Nous avons travaillé deux ans ensemble avant que je ne lui passe le relais. Aujourd'hui, je vis les pèlerinages à distance.'' Il sera bien sûr le 23 novembre à Ciney. ''Je trouve que c'est une bonne initiative'' ponctue-t-il. L'occasion de plonger dans les souvenirs, de se retrouver... La journée sera longue et riche. ''Ma seule récompense est d'avoir rendu des gens heureux et eux me rendaient heureux.Il y avait une ambiance à la fois fraternelle et spirituelle, Nous faisions tout pour que cela soit comme cela avant le départ. Durant le voyage, on trimait sans arrêt mais nous revenions heureux.'' Un plaisir ternit par la construction du mur: ''Je n'ai jamais vu ce mur, cela me choque terriblement.''
Le 23 novembre, il s'agira d'un moment de retrouvailles avec les pèlerins de l'époque, les familles, les amis. Ce sera aussi l'occasion comme le dit l'abbé Philippe Goffinet, directeur des Pèlerinages Namurois ''de manifester notre solidarité avec nos frères et soeurs de cette terre à l'histoire mouvementée, mais où nous avons aussi nos racines les plus profondes et les plus précieuses.''
Aujourd'hui, Paul Tavier ne court plus le monde. Il ''se contente'' de découvrir la Belgique avec un réel plaisir. Son pays, il ne le connaissait pas par manque de temps.
Christine Bolinne
Photos d'archives: Pèlerinages Namurois

En pratique
Au programme de la journée du 23 novembre qui se déroulera à Ciney, au Mont de la Salle (156, avenu d'Huart):
9h, accueil et café; 9h30, ''Regards bibliques sur la Terre Sainte '' par l'abbé Goffinet; 10h15, partage sur l'expérience de pèlerinage; 11h15 ''Terre Sainte aujourd'hui'' par l'abbé Bernard Saintmard; 12h15; apéritif et dîner (réservation obligatoire); 15h, eucharistie avec la collecte qui sera faite au profit des chrétiens en Terre Sainte; 16h, rencontre et café.
Prix, par personne, du repas: 15 € à verser au compte BE98 3500 0380 9593 au plus tard pour le 14 novembre avec la communication ''50 ans Terre Sainte'' suivie du nombre de repas.
Pèlerinages Namurois: 081/22.19.68 pelerinages.namurois@skynet.be
Translate in English - Nederlands - Deutsch


 Les évêques
 Les prêtres
 Les diacres
 Les laïcs
 La vie consacrée
 Communautés nouvelles et mouvements nouveaux
 L’administration diocésaine
 La Justice ecclésiastique
 Carte du diocèse