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28/12/2022
Messe de Noël : homélie du cardinal Jozef De Kesel
Retrouvez l’homélie de Noël du cardinal Jozef De Kesel et redécouvrez ainsi le mystère de la Nativité.
À quelques jours de Noël, le cardinal vous propose de lire son homélie pour vous plonger ainsi dans le mystère de Noël. L’archevêque de Malines-Bruxelles a célébré la sainte messe de minuit en la Cathédrale des Saints Michel et Gudule à Bruxelles et le jour de Noël en la cathédrale Saint-Rombaut à Malines. L’homélie du cardinal Jozef De Kesel est ici dans son intégralité. Il est possible de télécharger le document au format PDF en français et en néerlandais.


Noël : fête de l’humanité de Dieu

Chers amis, cette nuit nous fêtons la naissance de Jésus. Marie et Joseph se trouvent à Bethléem en raison du recensement ordonné par l’empereur Auguste. L’empereur veut connaître l’ampleur de sa puissance. Il veut connaître le nombre de ses sujets car il veut lever des impôts. C’est dans ce contexte de puissance et de domination que la naissance de Jésus a lieu. Le contraste saute immédiatement aux yeux avec celui qui est né et qui plus tard sera le moindre de tous les hommes et mourra sur la croix victime de cette puissance.

Tout se passe dans la plus grande simplicité. « Un enfant dans une mangeoire », le récit de la nativité le mentionne à trois reprises. C’est pour nous faire comprendre : voyez, c’est cela et rien de plus. Il n’y a pas de grandes foules, bien qu’il y ait beaucoup de monde en raison du recensement. Il n’est question que de quelques bergers. Ils représentent tous ceux qui vivent en marge de la société, ceux qui ne comptent pas, qui sont peu considérés voire même méprisés. Tous ceux pour qui il n’y a pas de place et ne trouvent aucun accueil, tous ceux pour qui Jésus plus tard signifiera tant.

La simplicité dans laquelle cette naissance a lieu, invite à la réflexion. Elle dit tout de la signification de cette naissance et même de Dieu lui-même. C’est de cela qu’il s’agit à Noël : de Dieu qui vient à notre rencontre, non pas comme un visiteur curieux ou un spectateur indifférent, un passage rapide avant de poursuivre son chemin. Non, il vient pour rester et partager notre existence aussi fragile qu’elle soit. Dans le Credo nous le proclamons : « Il a pris chair et s’est fait homme », vérité surprenante. Nous pouvons à peine nous l’imaginer. Lui qui est Dieu et qui n’a besoin de rien ni de personne pour être ce qu’Il est.

Cette pauvreté et cette simplicité nous font quelque peu sentir qui est Dieu et peut-être encore davantage ce qu’Il n’est pas. Il n’est pas l’Être suprême qui se suffit à lui-même, mais un Dieu qui veut entrer en relation, qui cherche l’amitié et la solidarité, qui aspire à la paix. C’est le fil rouge qui traverse toute l’Ecriture : il n’est pas autosuffisant, il n’est pas indifférent, les joies et les peines des hommes lui tiennent à cœur. Et il y a plus. Il n’est pas seulement un Dieu qui se veut proche de nous. Il a voulu être comme nous. Oui, Noël est la fête de l’humanité de Dieu, raison pour laquelle elle est aussi la fête de la solidarité. Car on ne peut servir et aimer Dieu qu’en faisant ce qu’il a fait pour nous : être homme parmi les hommes, compatissant avec toute détresse humaine.

Il est écrit : « Il n’y avait pas de place pour eux ». C’est de tous les temps. La pauvreté n’est pas attrayante, elle est repoussante. Le pauvre et l’étranger sont exclus car ils ne sont pas comme nous ; ils mettent en cause nos évidences, nos acquis et notre monde. En cela Dieu est vraiment différent de nous : Il est attentif à ce qui n’est pas attirant, Il voit ceux que nous ne voyons pas. Jésus s’identifiera plus tard à eux : « ce que vous avez fait aux moindre des miens, c’est à moi que vous l’aurez fait ».

Chers amis, le défi est grand. Il y a la guerre sur notre propre continent en Ukraine et en bien
d’autres endroits du monde. Il y a beaucoup de migrants qui fuient la violence ou la pauvreté. Il y a le réchauffement de la terre que nous avons tellement de peine maintenir sous contrôle. Chez nous aussi la pauvreté reste un énorme défi. Avec la crise de l’énergie le nombre de ceux qui peinent à boucler les fins de mois ne fait qu’augmenter. Tout cela contribue à l’insécurité et à l’angoisse. Le risque est grand de nous mettre sur la défensive et de chercher des coupables. Le risque aussi que nous nous enfermions sur nous-mêmes et que nous ne voyions plus ceux qui sont vraiment dans le besoin. Les points de vue extrêmes et les théories complotistes deviennent alors attirantes et remplacent les analyses sérieuses qui s’appuient sur les faits. C’est pour cela que la solidarité est tellement importante. Dans son encyclique Fratelli tutti le pape François a fait un plaidoyer urgent en faveur de la fraternité universelle. Quelque soit l’ampleur des défis et la complexité des situations, la solidarité et la fraternité universelle restent les seules et nécessaires garanties d’une société vraiment humaine, ici dans notre pays, en Europe et partout dans le monde.

Noël est la fête de la solidarité. Si Dieu a voulu être avec nous et comme nous, s’il nous a révélé son humanité, c’est bien pour que nous aussi, à notre tour, nous témoignions de cette même humanité les uns pour les autres. Nous devons nous opposer à toute autosuffisance et à toute indifférence. Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue, ce n’est pas ce que nous acquérons pour nous-mêmes mais bien ce que nous pouvons donner aux autres. Ce n’est qu’ainsi que nous rendons gloire à Dieu et que viendra la paix sur la terre.

Bonne et sainte Fête de Noël.
+Jozef Cardinal De Kesel
Archevêque de Malines-Bruxelles

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