L'église de Bouvignes se trouve dans la partie ancienne de la localité qu'elle domine. Il vous faudra grimper les 45 marches - la précision vient du père Jean-Baptiste, curé de la paroisse - avant de profiter de l'édifice construit au 12eme siècle. Votre attention sera attirée par le retable de la vraie croix datant du 16eme siècle. Beaucoup plus actuel l'autel réalisé par Simon Lewi et Piotr Stolowski: la dinanderie a rendez-vous avec le verre. Un autel qui a été prétexte à une exposition consacrée, durant l'été 2014, à la dinanderie et qui a attiré plus de 1400 visiteurs. Des curieux de notre patrimoine venus de Belgique bien sûr mais aussi de France, du Luxembourg et même des Etats-Unis. Les concepteurs de l'exposition espèrent faire mieux durant cet été en attirant aussi des visiteurs de Chine.

Le ''petit Jésus''? En pierre, en bois...
Depuis quelques mois, la Maison du patrimoine médiéval mosan (Mpmm) propose aux visiteurs une exposition intitulée ''Né quelque part, hier et aujourd’hui.'' Elle célèbre, comme le souligne le père Jean-Baptiste, un anniversaire dont on parle trop peu: les 25 ans de la charte des droits de l’enfant votée par l’UNICEF. La fabrique Saint-Lambert et la paroisse de Bouvignes travaillent régulièrement en partenariat avec la Mpmm d'où l'idée de cette exposition ''Sacrés Enfants?! Les enfants dans l’imagerie chrétienne''.
Qu’elles soient en bois, en pierre, en verre, en bronze, en porcelaine du ''vieux Bruxelles'', sur toile ou sur papier les représentations du ''petit Jésus'' sont présentées. Un ''petit Jésus'' comme on l'appelle régulièrement aux traits fins, au doux regard. Le visage de la Vierge ne peut, par sa douceur, que nous fasciner. Une statue de Vincent de Paul simplement de plâtre est elle aussi très émouvante. Ce qui interpelle c'est la tendresse de Vincent de Paul ainsi que l'abandon de l'enfant qu'il tient dans les bras.
Des statues qui aideront encore à plonger dans l'histoire de sainte Anne ou encore de saint Christophe, un enfant dans les bras. A travers les sculptures, à travers le talent des artistes, on constate combien la place de l'enfant, dans la dévotion chrétienne est importante. ''Les ''saintes images'' ont toujours fait débat. Il s’agit ici de proposer une réflexion originale sur la place de l’enfant dans la dévotion chrétienne. Tout le monde connaît le ''petit Jésus''. Il évoque le bambin de la crèche. Mais en a-t-il toujours été ainsi? Peut-on imaginer que la dévotion autour de la Sainte Enfance du petit Jésus a affecté l’évolution de la société contemporaine vis-à-vis des tout-petits? Quelle influence joue-t-elle dans les transformations de la société humaine?'' interroge le curé de Bouvignes.

Au fil de l'exposition
Le père Jean-Baptiste: ''Dès sa naissance, Jésus rencontre adoration, sublimation mais aussi incompréhension et humiliation. Si les Evangiles sont avares sur l’enfance du Christ, les écrits dit apocryphes (non reconnus par l’Eglise), apportent des détails plus croustillants. A partir de l’époque médiévale, que de littérature, d’images, de piétés mais aussi de dérives autour de l’Enfant-Jésus qui tel un nouvel Hermès ferait autour de lui la pluie et le beau temps…
Abandon, humilité, douceur, tendresse, vertu mais aussi volonté, courage, héroïsme… autant de maître-mots pour qualifier les principes de l’éducation moderne dont les grands fondateurs de congrégations scolaires et charitables vont s’inspirer dés le 17e siècle jusqu’à nos jours. Innocence enfin, qui influence considérablement les grands mystiques des 13 et 14e siècles dont le célèbre Antoine de Padoue et dont s’empare la tradition populaire avec l’incontournable saint Nicolas. Elle resurgit au 19e siècle: toute une pédagogie des images, développée par l’Eglise, pour former les petits à la pureté, au devoir et au sacrifice mais parfois à quel prix!
Les pièces présentées sont issues de collections privées ou encore d'églises de la région. Dès la porte franchie vous serez sous le charme d'une statue imposante, elle vient de l'église Sainte-Anne d'Anseremme. Une représentation de saint Antoine de Padoue et de l' Enfant-Jésus. Pour cette statue bien plus discrète, il vous faudra lever les yeux. L'enfant Jésus qui trouve sa place dans une sorte d'alcôve fermée par des grilles, des moucharabiehs. Vêtue de blanc, une autre représentation qui avait elle sa place lors des processions.
A voir encore les chromolithographies aux couleurs vives. Les BD d'autrefois avec pour thème central, la parole du Christ.
Une exposition gratuite à parcourir jusqu’au 13 septembre, les vendredis, les samedis et les dimanches de 14 à 18h ou en semaine sur rendez-vous (fermeture le lundi) – Infos et réservation auprès de la Mpmm - tél.: 082/22.36.10 – Email : info@mpmm.be.
C.B.