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4/1/2017
Retraite précipitée pour l'abbé Jean-Marie Jadot, doyen d'Arlon
L'abbé Jean-Marie Jadot a le coeur lourd, très lourd. La retraite, il y pensait mais pour dans quelques années. A 68 ans, cela lui laissait le temps de s'y préparer en réduisant, pourquoi pas, ses activités. Une santé défaillante le pousse à précipiter sa décision. D'ici quelques jours, il va cesser ses activités de doyen et arrêter toutes les fonctions à responsabilités. Mgr Vancottem lui a proposé de continuer à exercer son ministère en allégeant sa tâche. Il devient ainsi prêtre-auxiliaire mais reste toujours à Saint-Martin à Arlon, une paroisse qui lui est si chère.
Ici et là quelques caisses à l'intérieur desquelles s'entassent les souvenirs d'une vie. ''Je vais me débarrasser des 9/10e de mes affaires, c'est la vie. Mais, c'est dur de quitter.'' L'abbé Jean-Marie Jadot réussit à retenir les larmes qui brouillent son regard. Une émotion qui l'étreindra à plusieurs reprises lors de cette rencontre.
Chez un prêtre qui compte quarante-quatre années de vie sacerdotale les souvenirs tout comme les images se bousculent. Difficile donc d'en épingler un plutôt qu'un autre. Quarante-quatre années de prêtrise mais dans sa tête comme dans son coeur, l'envie de devenir prêtre est née alors qu'il était encore un tout jeune enfant et qu'il vivait, avec sa famille, à Aubange. ''J'ai été élevé dans une famille de chrétiens convaincus et ouverts. Je n'ai jamais entendu mon père porter un jugement sur quelqu'un.'' ponctue l'abbé Jadot.
Ouvert, ouverture ou encore ouvrir voilà bien des termes qui ont et qui continuent à faire partie non seulement du vocabulaire mais bien plus, de la manière d'être du doyen d'Arlon. ''Le ministère a évolué. Le prêtre ne peut pas rêver au passé. Il doit avoir le coeur ouvert à la réalité d'aujourd'hui et surtout ne pas fermer les portes. Nous devons apprendre à vivre ensemble. Le rôle du chrétien est d'apporter des valeurs, ses valeurs. Cela ne peut se faire que dans l'écoute et le dialogue. Le message du Christ est un message d'ouverture. Le défi des paroisses est de garder la tradition tout en s'ouvrant à la nouveauté.'' Un message que, comme doyen, il n'a bien sûr pas hésité à partager avec les prêtres et les vicaires du doyenné. ''Etre doyen, c'est encore fédérer les prêtres, travailler ensemble en réfléchissant à une pastorale à mener.'' Un travail pastoral à mener en tenant compte du peu de vocations. ''Nous avons la chance d'avoir des prêtres venus d'ailleurs. Il faut savoir les accueillir.''

Saint-Martin, une communauté unie
Pasteur de la paroisse Saint-Martin depuis 25 ans, l'abbé Jadot est passé par Ciney ou encore Gembloux. Et à chaque fois, il a su s'entourer, fédérer. ''Nous avons 200 bénévoles. J'aime donner des responsabilités aux gens, leur faire confiance.'' L'abbé Jadot est ému de voir autant de laïcs se mobiliser pour la catéchèse. ''Nous comptons 50 catéchistes.'' Une communauté qui joue encore la carte de la jeunesse et c'est là une autre fierté du doyen. ''Au moment du Notre-Père, il peut y avoir 40-50 enfants qui se donnent la main autour de l'autel. Ce sont de jeunes parents qui, chaque dimanche, animent la liturgie pour les plus jeunes: les enfants aiment ça et les parents aussi! '' Des laïcs investis également dans le secteur social avec les permanences pour la Saint Vincent de Paul, la gestion de salles paroissiales ou encore du domaine de Clairefontaine...
Preuve si c'était encore nécessaire que les Arlonais ont grand coeur, la mobilisation autour du projet Ibanga. Grâce à la générosité des Arlonais, un centre de santé a pu être aménagé dans la localité de Lokolama, en RDC. Une fois par mois, le montant de la collecte allait à Ibanga tout comme les collectes lors des mariages. A l'occasion du centenaire de l'église Saint-Martin, un appel à la solidarité a été lancé pour finaliser l'installation de ce centre de santé où les femmes peuvent accoucher, où des opérations sont pratiquées... Des Arlonais qui ont aussi pu soutenir, toujours lors de ce centenaire, un projet culturel, cette fois. Il s'agit de la réalisation d'un superbe vitrail qui colorera la façade principale de l'édifice.
En énumérant ces souvenirs, on sent l'abbé Jean-Marie Jadot bouleversé. Emotion qui va encore croissant en évoquant la communauté de Saint-Martin si présente, si chaleureuse.... ''Après la messe dominicale, il n'est pas rare de voir les gens se retrouver dans le fond de l'église. Ils peuvent y rester de longues minutes juste pour se parler. C'est beau.''

L'ouverture aux autres
Ouverture encore à tous qu'importe la religion, une autre caractéristique du curé-doyen. ''Quand je rentre d'avoir célébré la messe de minuit, le premier message me souhaitant un joyeux Noël est celui du responsable de la communauté musulmane. Cela me touche le coeur.'' Une ouverture entre les différentes religions à laquelle l'abbé Jadot a apporté sa pierre. ''Quand je suis arrivé le dialogue existait déjà avec les Luthériens et la communauté juive. La porte s'est ouverte à d'autres lors de la fête nationale, par exemple. Il faut garder le dialogue entre les communautés. La communauté musulmane a récolté de l'argent pour la restauration de la synagogue. Je suis heureux d'avoir participé à mettre cela en place.'' Une richesse? ''Je ne sais pas pas mais tant mieux si on arrive à faire les choses ensemble.''
Impossible de faire l'impasse sur les années qui ont précédé Arlon. Une fois ordonné, il est nommé vicaire à Ciney où il restera durant douze ans. ''J'y ai vécu des moments fabuleux...'' Un vicaire actif notamment comme aumônier des patros, des scouts. Il est encore chargé, à cette époque, d'animer, avec les jeunes, des groupes de réflexions. ''Aujourd'hui, beaucoup de mouvements de jeunesse prennent de la distance avec l'Eglise. A Arlon, environ 2000 jeunes font partie de ces mouvements. Au début, les troupes démarraient leur journée en assistant à la messe. Actuellement, elle ne sont plus que quelques unes à participer à l'eucharistie. Je ne suis plus en âge de réfléchir sur ce point.''
Les jeunes ne sont pas les seuls à chercher à enrichir, à approfondir leur foi. L'abbé Jadot garde un souvenir ému des soirées de Carême organisées dans les quartiers de Ciney. ''Nous avons eu jusqu'à 24 groupes différents....'' raconte-t-il dans un large sourire.
Ciney qu'il quittera pour s'investir, à la demande de Mgr Mathen, alors évêque du diocèse dans le Mouvement pour un Monde Meilleur. Un mouvement présent dans le monde entier et qui a vu le jour suite à Vatican II. Le diocèse vit ces changements c'est encore le moment de l'Assemblée diocésaine de Nassogne. Il s'agit de réfléchir puis de mettre en place des projets pastoraux. Des fonctions qui vont mener l'abbé Jadot à multiplier les contacts avec les paroisses du diocèse mais pas uniquement. Toujours pour ce Mouvement pour un Monde Meilleur, où il est investi à temps plein, il voyagera beaucoup. L'Italie (Rome), la Suisse, le Canada (Montréal) ... autant de lieux où il participe à des colloques, rencontre des prêtres, des laïcs qui vivent pleinement ce virage dans la vie de l'Eglise. Un ministère au cours duquel l'abbé Jadot sera encore, à deux reprises, vicaire épiscopal.

Et demain?
Nostalgique l'abbé Jadot? Sans doute. Mais surtout déçu, d'une manière générale, que tant de personnes puissent passer à côté d'autant d'amour. ''Il n'y a plus beaucoup de références spirituelles dans la société alors qu'elles peuvent améliorer l'humanité . Le christianisme est fabuleux avec ce lien d'amour que Dieu a pour les autres.''
Une rencontre qui ne pouvait que se terminer que dans l'église Saint-Martin où il a déjà passé tant de beaux moments. Il pousse la porte et embrasse du regard tout l'édifice. ''J'aime bien cette église. C'est important que le lieu soit beau.'' Un hommage rendu à Rita et Olga, les deux sacristines qui ne ménagent pas leurs efforts pour rendre ce lieu accueillant.
Un lieu qui saura vibrer pour rendre hommage à son curé-doyen. Il passe ainsi le flambeau à l'abbé Wenceslas Mungimur. Dans la revue Carillons de Lorraine, l'abbé Jadot écrit: ''C'est avec un pincement au coeur que j'ai remis mon tablier de curé-doyen mais avec un grand soulagement et une grande sérénité sachant qui prend le relais.'' Une revue dans laquelle il s'adresse encore à ses paroissiens: ''C'est avec joie que je vais essayer de continuer à rendre service et à partager toute la chaleur humaine de la communauté arlonaise si chère à mon coeur! La convivialité, la fraternité, le dynamisme de beaucoup dans des services tellement divers mais aussi ''le vivre ensemble ont été pour moi -et le restent encore- des moments de bonheur et une source d'espérance! Quelle joie de voir l'Evangile vécu, exprimé dans la vie!'' Et de terminer ''A tous une très belle année nouvelle... toujours à réfléchir, à prier, à vivre et à actualiser ensemble!'' Ce qui a conduit, conduit et conduira encore l'abbé Jadot dans son ministère.
Christine Bolinne
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