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10/10/2017
L'abbé Casmir Nnubia, le nouveau doyen - tout sourire - de Gedinne et Bouillon
Quelques rares touristes profitent de cette belle journée d'automne. Ce jour-là, Alle et sa Semois sont surtout animés par une équipe de tournage: on met en boîte la suite d'une série à succès de la RTBF. L'abbé Casmir Nnubia surveille, d'un œil, le tournage. Lui, ce n'est pas vers le 7eme art que son avenir le mène mais plutôt vers un poste de doyen. Il succèdera, en novembre, à l'abbé José Dussart comme doyen de Gedinne et Bouillon.
''C'était à Orval, lors de la retraite, raconte l'abbé Casmir Nnubia, Mgr Vancottem m'a annoncé que l'on avait pensé à moi pour devenir doyen de Gedinne et Bouillon. J'ai répondu par la négative.'' Mgr Vancottem lui a alors raconté que lui aussi avait eu une réponse négative quand, convoqué par le cardinal Danneels, celui-ci lui avait proposé de devenir évêque auxiliaire du Brabant wallon. Le cardinal Danneels lui rétorquant: ''dis d'abord oui, on verra les objections après... ''
Après réflexion, l'abbé Casmir Nnubia, 49 ans, originaire d'Orlu au Nigéria accepte la proposition de l'évêque. ''Ce n'est pas une question de mérites mais plutôt de confiance. Si l'évêque a pensé à moi, je ne peux pas refuser'' souligne l'abbé Nnubia.
L'abbé Casmir - et pas Casimir - est toujours souriant: ''Etre de bonne humeur, c'est dans ma nature. Je n'aime pas que mon entourage soit triste.'' Du sourire au rire, un espace plus que ténu que l'abbé Nnubia franchit très vite. Les habitants de Alle se sont habitués à ce rire parfois un rien tonitruant. Comme aux histoires que leur curé aime raconter, aux jeux de mots qu'il apprécie faire. Une rencontre sur la place du village est l'occasion de raconter une blague. ''Les gens ont déjà tellement de soucis.'' Des petites histoires qui se retrouvent aussi... dans ses homélies. Une manière pour le prêtre de faire passer le message de Dieu. Et ça marche! ''Je suis allé dernièrement dans une famille, les enfants avaient retenu toutes mes petites histoires. J'ai été ému'' raconte l'abbé Nnubia avant... d'éclater de rire.
Une bonne humeur que les habitués de Alle-sur-Semois regretteront. Tout comme sa disponibilité. ''Je connais tout le monde, ici. Je suis allé dans toutes les maisons rencontrer les gens. Il y a très peu de maisons où je ne sois pas le bienvenu.'' Avec les plus jeunes, l'abbé n'hésite jamais à parler en anglais, la langue officielle du Nigéria. Sa langue maternelle étant l'Igbo. Avec lui toujours les plus petits ont baragouiné leurs premiers mots dans la langue de Shakespeare. Un prêtre qui encourage les jeunes et les autres à apprendre les langues, à en parler plusieurs. Si le multilinguisme aide pour les voyages, c'est aussi et surtout, comme le précise le prêtre, une manière de communiquer, de rencontrer l'autre. Lorsqu'il est arrivé en Belgique et plus particulièrement dans le diocèse de Namur, il ne parlait pas un mot de français. Il l'a appris tout en reconnaissant qu'il a encore des progrès à faire...

Du diocèse d'Orlu à celui de Namur
De son pays, il a gardé l'amour de la musique. Musique qui l'accompagne du matin au soir. ''Je chante à ma façon et parfois comme une casserole... Tant pis.''Un prêtre qui aime toutes les musiques et qui ne peut tout simplement pas imaginer qu'elle soit absente de la messe. ''Une messe sans musique, c'est triste.''
Ce sont les contacts pris entre le diocèse africain et le diocèse namurois qui ont abouti au départ de prêtres d'Orlu pour le diocèse de Namur. ''Je savais où la Belgique se trouvait sur la carte'' ajoute l'abbé. Pour le reste, c'était une découverte. Il est arrivé chez nous comme prêtre fidei donum. Il était accompagné d'Eusébius Onyeche qui exerce son ministère à Nadrin et à Wibrin. Ordonnés la même année, ils sont, tous deux, originaires d'Orlu, au Nigéria. Le Nigéria un pays divisé entre au nord les musulmans et au sud les chrétiens. L'abbé Casmir est lui originaire du sud Nigéria. Un pays et l'abbé Nnubia ne peut que s'en attrister qui n'a pas bonne presse. Il est connu pour les corruptions, les attaques du mouvement Boko Haram. ''Il y a plusieurs pays dans le pays. Ma famille est elle chrétienne. Je me souviens qu'en passant devant le séminaire, je disais à papa profondément croyant, alors que j'étais un tout petit garçon, que ce serait mon école.'' Le Nigéria que le prêtre retrouve chaque année: ''Je ne veux pas oublier les gens. Et à chaque fois, je me rends compte que les différences entre les riches et les pauvres sont de plus en plus marquées.'' La tristesse se lit dans le regard de l'abbé Nnubia en repensant à ceux qui vivent là-bas en Afrique où il a été prêtre durant cinq ans.
On imagine le choc pour ces deux jeunes prêtres à leur arrivée en Belgique: des journées d'automne bien grises, une température bien fraîche. Et puis, le changement d'heure, une découverte pour eux. ''Ce n'est pas simple d'être déraciné mais cela fait partie de la mission.''
L'abbé Casmir apprend le français suit des cours à l'université de Louvain-la-Neuve. Apprendre en suivant des cours, en surfant sur Internet, en se plongeant dans des livres de philosophie ou encore de théologie... le nouveau doyen apprécie beaucoup. Une véritable nourriture qu'il aime consommer avec gourmandise. ''Je ne comprends pas avec tout ce qui est à notre portée pour apprendre que l'on puisse s'ennuyer.''

L'union fait la force
L'abbé Nnubia se prépare, après un temps de réflexion et finalement après avoir accepté la mission proposée par l'évêque à devenir doyen. Il a lu tout le vade-mecum du doyen, sorte de mode d'emploi de la fonction réalisé par l'Evêché. Le doyen est là pour encourager les prêtres de son doyenné, insuffler une dynamique. ''J'aime travailler avec les autres, j'aime encourager, j'aime l'esprit de fraternité. L'inconnu ne me fait pas peur. '' Et de poursuivre: ''Je vois l'Eglise comme un lieu de cheminement où on avance ensemble.''
Un prêtre et aujourd'hui un doyen plus que jamais séduit par la devise de la Belgique: ''L'union fait la force''... Une devise qu'il compte bien continuer à appliquer. Lui qui se définit comme étant non pas l'homme le plus riche du village mais bien le plus heureux n'aime pas le stress. Il va donc falloir gérer au mieux son agenda. Un doyen qui mise aussi sur le dialogue pour trouver des solutions aux problèmes qui pourraient se présenter. Il compte également sur les contacts avec l'Evêché pour l'aider dans sa mission. ''Je n'ai pas peur de dire ce que je pense et si ça ne va pas dans ma nouvelle mission et bien je le dirai aussi à l'évêque, ponctue le futur doyen de Gedinne et Bouillon. Avant d'ajouter: ''Mais, j'espère de tout coeur que ça va aller.''
C'est à la Toussaint que le nouveau doyen entrera en fonction. Les travaux se terminent au presbytère de Bièvre qu'il va occuper. Il s'agit pour lui de préparer son déménagement. D'autant que l'abbé Basile Amari a déjà entreposé, au presbytère de Alle, ses premiers meubles. C'est lui qui succède à l'abbé Nnubia. ''Je me sens un peu poussé dehors..'' ponctue-t-il d'un sourire mais celui-là est teinté d'une petite pointe de nostalgie.
Christine Bolinne
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