Ne demandez surtout pas à l'abbé Goffinet de s'installer sur un manège... ''Je suis malade. Je supporte juste le tir à pipes! Et les métiers spécialisés dans les produits de bouche. J'aime beaucoup les croustillons.'' lance-t-il dans un grand éclat de rire. A 51 ans, l'abbé Goffinet est le plus assidu de nos champs de foire qu'importe l'endroit de la partie francophone de notre pays où les manèges sont installés. Chaque jour, il est ''sur'' la foire comme il dit. ''Et j'y vais avec mon col romain. Il arrive très régulièrement que des gens et, ce ne sont pas rien que des forains, viennent me voir, ils me parlent. Ils ont besoin de se confier et je suis là pour les écouter.'' Si vous assistez, un jour, à l'inauguration d'une foire, regardez bien les musiciens de la fanfare. S'il y en a un avec le col romain, c'est l'abbé Goffinet. Saxophoniste de formation, son ministère lui donne aussi l'occasion de jouer de son instrument préféré.
Tout a commencé, il y a cinq ans maintenant. Tout jeune ordonné Mgr Léonard alors évêque de Namur lui confie une mission dans le doyenné de Beauraing tout en le nommant auprès des gens du voyage. ''Je m'entends encore lui poser la question: ''C'est qui?'' Et l'évêque de répondre: ''Tu apprendras à les connaître''. Et j'ai appris à les connaître. J'ai aimé ce monde riche, varié et prenant. Le courant est très vite et bien passé entre les gens du voyage et moi.''

Pas de temps pour la catéchèse
L'abbé Alain Goffinet vient d'être désigné comme aumônier des forains. ''Je veux vivre avec les forains comme avec les gens du voyage. Je m'intéresse à leur vécu, je veux aussi faire la fête avec eux. Je veux m'occuper des plus vieux comme des plus jeunes qu'importe.'' Avec eux, il a aussi découvert ce que signifie vivre au jour le jour. Un mariage, un baptême, une communion (la photo)... cela s'organise quasi du jour au lendemain. L'abbé Goffinet est alors appelé souvent à la dernière minute. La préparation, la catéchèse... difficiles à mettre en place dans de telles conditions. Alors l'abbé Goffinet a revu sa manière de célébrer: ''Tout doit se faire en accéléré alors j'ai imaginé inclure la catéchèse dans la célébration. Cet enseignement fait finalement du bien aux petits comme aux grands.''
Il lui arrive de célébrer la messe directement sur la foire, c'est le cas à Tournai, par exemple. Mais pas question pour l'abbé Alain Goffinet de célébrer dans n'importe quel endroit et dans n'importe quelles conditions. Alors, il s'est constitué un ''décor'', une véritable chapelle de toile. Il a aussi des ordinateurs sur lesquels les paroles des chants sont diffusés, une sono.... ''C'est du karaoké chrétien. Je leur amène l'Eglise.'' Tout est soigneusement rangé dans la camionnette du Rachaï, du Père. C'est comme ça que les forains appellent le Père Alain.

C'est notre Rachaï!
L'abbé Goffinet vous le dira aussi, son poste d'aumônier l'a amené à une discipline de vie. ''Chaque fois que je suis une foire, chacun veut m'offrir un verre. Je dois savoir dire non.'' Indispensable avec son rythme de vie. Il participe, à 8h30, aux laudes, au sanctuaire de Beauraing. A 9h, il est sur la route qui le mène à Ath, Barvaux, Charleroi, Huy... Des milliers de kilomètres avalés chaque année. Et n'allez pas croire que les foires n'ont qu'un temps celui de la belle saison. Aujourd'hui, les forains sont de plus en plus associés aux fêtes d'automne, aux marchés de Noël.... L'abbé Alain Goffinet est toujours ému en voyant combien il est apprécié des forains, combien sa fonction est respectée. ''Je vis ce ministère avec beaucoup de joie et de sérénité. J'ai aussi l'impression de faire le plein d'énergie spirituelle et bien sûr mes paroissiens (ndlr: ceux de Beauraing, Feschaux, Finnevaux, Mesnil-Eglise) en profitent. Je pense que je peux leur apporter, de ma vie avec les forains, quelque chose.''
Christine Bolinne