''J’étais stressé comme tout. Je ne savais plus où me mettre. Je ne savais plus ce que je devais dire… '' Ce stress, c’est celui qui continue à habiter l’abbé Isaac Torres Julian lors de la célébration de ses premières messes. Ce stress était déjà bien ancré en lui le jour de son ordination. ''Heureusement, après quelques minutes tout va beaucoup mieux!'' Et de confier: ''Je ne me sens presque jamais à la hauteur. Je suis un perfectionniste.'' Ajoutant: ''C’est aussi un péché d’orgueil…''
Sa première messe, il l’a célébrée à la collégiale de Ciney avec les membres du Chemin Néocatéchuménal auquel il appartient. Sa famille venue d’Espagne pour l'ordination était toujours présente. A l’autel, pour l’épauler, le soutenir, Inacio, son frère. Diacre en vue du presbytérat, il sera, lui, ordonné prêtre en décembre prochain.
Inacio qui lui a fait remarquer que l’évangile pour cette première messe était le même que celui entendu sur les bords du lac de Galilée lorsqu’il a eu la conviction qu’il allait donner sa vie à Dieu. Cet évangile? Celui de Jean (21,15) et ce dialogue entre Jésus et Pierre. Le premier interrogeant et à trois reprises le second: ''M’aimes-tu?''. Le jeune prêtre: ''J’avais déjà préparé l’homélie durant ma retraite''.
Premières célébrations encore dans le secteur d’Assesse, là où il est nommé vicaire. Un prêtre heureux de retrouver ses paroissiens. Avec la covid et les mesures sanitaires, l’abbé Giovanni Sannino, administrateur du secteur, avait pris la décision que les eucharisties seraient diffusées par Internet. L’abbé Isaac n’a pas été convaincu par ces célébrations. ''Un prêtre est ordonné pour le peuple et pas pour se retrouver seul face à une caméra. Tu n’as pas le contact avec les gens. Cela a été très dur à supporter pour moi.''
La vie en paroisse ce sont aussi des moments plus lourds et heureusement d’autres plus heureux. Le jeune prêtre a déjà ainsi célébré ses premières funérailles comprenant combien le soutien qu’il pouvait apporter aux familles était important. Célébrations encore non pas d’un mais de trois baptêmes. Dont le premier, celui d’Emile, deux ans.
Les derniers jours avant la rentrée ont été consacrés à la préparation de l’année pastorale. Et les projets sont nombreux. L’abbé Torres Julian: ''On pourrait presque dire que le Covid a été une chance : tout est à recommencer et on sent que les paroissiens sont en manque. Comme nous.''
Christine Bolinne
Photos : © P.-M. J.