L'abbé Félix N'taganira, originaire du Rwanda - il a quitté son pays au moment du génocide - est arrivé dans le diocèse de Namur en 2004. Juste après un petit détour par la France, ''Je faisais alors partie du doyenné de Mickey'' lance en boutade l'abbé. C'est en effet à Marne-la-Vallée qu'il exercera son ministère pendant six années. Il garde un excellent souvenir de ses contacts avec les paroissiens. Et lui qui aime le cinéma il a pu, en cinéphile averti, fréquenter les salles obscures de Disney Village.
En Belgique, l'abbé N'taganira tout en poursuivant des études - il est actuellement doctorant- a participé à la vie de nos paroisses et plus particulièrement du secteur pastoral. Il célébrait à Andoy, à Naninne et déjà à Dave.
Depuis quelques mois maintenant, il est attaché à la paroisse de Dave. Le Père Félix veut lui rendre vie à cette paroisse: ''Pas question de déshabiller Pierre pour habiller Paul'' dit-t-il. C'est donc sur de nouveaux fidèles que le prêtre compte pour animer son église. Et l'abbé ne manque pas d'idées. ''Ce n'est pas possible pour un chrétien de prier uniquement, le dimanche, à la messe. J'aimerais lancer un groupe du rosaire qui se réunirait une fois par semaine ou une fois par mois. Je désirerais encore instaurer la pratique de l'Heure Sainte. Un moment de prière silencieuse, de méditation qui pourrait se terminer par un temps d'adoration ou encore une eucharistie. J'aimerais beaucoup que la paroisse de Dave soit à l'origine de ces deux initiatives mais nous accueillerions bien évidemment les gens de tout le secteur.''
En attendant la mise en place de ce groupe du rosaire et de l'Heure Sainte, l'abbé N'taganira a décidé d'aller à la rencontre de ses paroissiens pour les saluer d'abord, pour échanger sur l'Evangile ensuite et, pour ceux qui le souhaitent, leur permettre de recevoir le sacrement du pardon. Il suffit de le contacter (lire par ailleurs).
Une idée développée suite au travail mené depuis des années par une paroissienne. Une fois par semaine, le vendredi, Jacqueline porte la communion à ceux qui ne savent pas ou ne peuvent plus se déplacer. Trouvant l'idée intéressante, l'abbé Félix N'taganira a décidé de la développer.

Les longues homélies, ils adorent
Chaque année, l'abbé Félix N'taganira retourne au pays. Et même s'il est heureux chez nous, en Belgique, ce retour au Rwanda est nécessaire. A chaque fois, son étonnement est le même face à la ferveur d'un peuple. ''Au Rwanda, les gens ont l'habitude que la messe dure deux heures. Quand les Africains se mettent à chanter on ne sait plus les arrêter. Ici, en Belgique, c'est le contraire: c'est difficile de les faire commencer, souligne dans un large sourire complice l'abbé. Dans mon pays, les gens ne se plaignent pas si l'homélie dure une heure, ils adorent. Ils sont venus pour ça. Pour eux, c'est tout à fait normal. Ici, les fidèles me font des réflexions si je dépasse les 7 minutes! Les Rwandais râleraient avec une homélie aussi courte. Souvent, ils ont marché pendant plus d'une heure pour rejoindre l'église.''
Ce que l'abbé Félix apprécie également, c'est la convivialité qui suit les offices. ''La messe est un lieu de rendez-vous. Les gens se retrouvent pour aller au marché. Il est courant de constater que la banque ouvre ses portes juste après la messe parce qu'il y a du monde!''
L'abbé N'Taganira veut croire en ses projets. Il veut aussi espérer qu'il vivra, bientôt, dans le presbytère de Dave. Actuellement, y habiter est impossible: le presbytère doit être rénové. Il vit donc dans un chalet installé dans le parc du château. ''Vivre dans un presbytère, c'est autre chose. J'aimerais que les gens viennent frapper à ma porte pour parler. Le secrétariat paroissial pourrait aussi y être accueilli comme le catéchisme. Tout ça, ça me manque. J'ai l'impression de ne pas avoir la vie d'une paroisse normale…''
Christine Bolinne
Les habitants qui souhaitent recevoir la visite de leur prêtre peuvent contacter le 0476/53.76.16 ou encore ntaganirafelix@yahoo.fr