Le temps comme la pollution sont de redoutables ennemis pour les bâtiments. La cathédrale Saint-Aubain et ses sculptures ne font bien sûr pas exception. Un Christ et sa croix étaient installés juste au-dessus de la porte centrale de l'édifice. Suite notamment à des infiltrations d'eau, la croix devenait une menace et on craignait sa chute. En septembre 2012, à la veille des Fêtes de Wallonie, la croix était retirée.
Alexandre Callet a été désigné pour refaire la croix et le bras de la statue du Christ. Bras qui avait été tronçonné pour permettre justement de retirer la croix. Le sculpteur a travaillé en atelier. ''Avant, comme il dit, de greffer, sur place, les différents éléments à l'aide de longues tiges en fibre de verre. C'est du solide, je ne serai pas rappelé de mon vivant.''

''Comme un passeur''
La statue du Christ a fait, sur le site, l'objet d'un minutieux travail de restauration afin d'enlever les ravages de la pollution. Parmi les opérations nécessaires qui ont été menées sur cette statue: un nettoyage en profondeur, un micro-gommage puis une harmonisation des tons entre la nouvelle pierre et l'ancienne. Résultat, la pierre apparaît plus belle que jamais. On ne voit que cette statue!
Une statue importante pour les chrétiens et qui garde les traces du chantier mené par le sculpteur. Les services de la Région Wallonne souhaitent dorénavant qu'une trace de la rénovation soit laissée. Gravés dans la pierre, on peut aujourd'hui lire le nom du sculpteur et l'année 2020. Indications qui côtoient le nom du sculpteur de Martelaere, celui qui a donné vie, au moment de la construction de la cathédrale, à ces statues. Une initiative de la Région Wallonne qui s'inscrit dans la philosophie d'Alexandre Callet: ''Je considère mon métier comme étant celui d'un passeur.''
Alors qu'il s'est déjà lancé dans un nouveau chantier pour la cathédrale d'Anvers, c'est avec une certaine nostalgie qu'Alexandre Callet évoque les semaines du chantier namurois. Il a ainsi apprécié la bonne entente entre les différents intervenants, gage d'efficacité. Mais pas seulement.
Il a encore gravé dans sa mémoire ce matin où, arrivant tout en haut de l'échafaudage, il s'est retrouvé face à un moineau perché sur la tête de la statue du Christ. Le sculpteur explique qu'il a lu la surprise dans les yeux de l'oiseau! ''Je lui ai dit que je venais lui réparer son perchoir!'' Alexandre Callet a aussi partagé les lieux avec un faucon pèlerin qui vit sa vie sur les toitures de la cathédrale. ''Il est là pour chasser les pigeons (ndlr: et ainsi limiter les fientes qui causent beaucoup de dégâts). Il tournait autour de l'échafaudage avant de se percher sur le dôme. J'ai conscience que j'ai vécu des moments rares. Je mangeais encore mon sandwich en bénéficiant d'une superbe vue.''
C.B.