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1/4/2021
Il est urgent… ! Le cri d’un prêtre-pasteur d’âmes
Une réflexion donnée par l'abbé Ionel ABABI, prêtre diocésain et formateur au Séminaire de Namur. La version longue est à lire sur le site de Cathobel, un extrait vous est proposé ci-dessous :
En ce temps de pandémie dont le leitmotiv est (à raison !) la santé du corps, ne devrait-on pas veiller tout autant au “salut de son âme” ? Certes, le christianisme (ou la religion) n’a pas le monopole de ce qui est le propre de tous les hommes (et même de tous les vivants), ce « principe de vie » si merveilleusement dépeint par l’académicien français François Cheng (De l’âme, Albin Michel, 2016). Si l’Église n’a pas l’apanage de l’âme (la culture sous toutes ses formes répond, indéniablement, dans une certaine mesure aux aspirations de l’âme), elle est néanmoins consciente ou devrait se rappeler de sa mission spécifique, à savoir faire tout contribuer “à la gloire de Dieu et au salut des âmes”, selon l’aphorisme théologique bien connu.

« À la fin, il reste l’âme » écrit François Cheng (De l’âme, p. 176) ! Cette conclusion de l’académicien, à laquelle j’acquiesce, en appelle d’autant plus à mon ministère de prêtre (pasteur des âmes) et à la responsabilité des baptisés : notre inestimable vocation baptismale nous tient-elle véritablement à cœur ? Prenons-nous soin de notre âme ? Sommes-nous à l’écoute du vibrant appel de Jésus et nous laissons-nous interpeller par sa parole : « Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme/sa vie ? » (Mt 16,26) ?

La pandémie du Covid-19 sévissant déjà depuis un an a provoqué d’incalculables dégâts, sur tous les plans, avec son lot de conséquences dramatiques ! Ella a cependant permis de réaliser une sorte d’examen de conscience d’une majeure partie de l’humanité sur son “train de vie”, ses habitudes et ses certitudes, et d’en faire le point. Ainsi, au niveau ecclésial, on peut considérer que ce temps d’épreuve a été (et continue d’être) l’occasion d’effectuer comme un “scanning” de l’Église catholique, en l’occurrence en Belgique, et d’observer l’état des communautés, de la vie des prêtres, du rapport des autorités ecclésiastiques à l’État, de la place que l’Église occupe réellement dans la société et ce qu’elle représente vraiment pour nos contemporains, etc.

Le bilan, à mon modeste avis, n’est point reluisant : loin s’en faut ! Qu’il suffise de citer, à titre d’exemple (oh combien emblématique et symptomatique !) l’impuissance des responsables ecclésiastiques face aux autorités politiques, comme le confesse, non sans tristesse, le Cal Jozef De Kesel : « Nous n’avons rien obtenu », écrit-il dans son témoignage profond et émouvant, tout en y invitant à discerner dans ce “temps de désert” un « détour » comme celui que dût faire le peuple hébreux pour rejoindre la terre promise (cf. Ex 13,17), « un kairos, un temps favorable, un temps de grâce peut nous rappeler ce que peut-être nous risquions d’oublier (…), les fondements de notre vie chrétienne (la prière et la solidarité) dont l’Eucharistie est la source et le sommet » (Pastoralia N°2, 2021, p. 5). Il n’en demeure pas moins que le “cliché” produit par ce “scanning” de l’Église durant cette épidémie se révèle fort ombrageux et donc préoccupant.

Tout en félicitant les nombreuses initiatives locales des communautés paroissiales (la créativité à foison et la capacité d’adaptation sans précédent), je ferais violence à ma conscience si je ne reconnaissais pas toutes les limites de celles-ci (soulignées par ailleurs dans différentes études) et le désintérêt massif de la société belge des réalités de l’Église, en commençant par les pouvoirs publics. Ceux-ci, dans les discours officiels (conférences de presse ou décisions gouvernementales) ont à peine évoqué le domaine des cultes (presque exclusivement en mentionnant les funérailles), excluant complétement la religion de la sphère des “activités essentielles” et les reléguant ainsi dans l’espace privé ou les omettant carrément. Cette situation a révélé manifestement et incontestablement la marginalisation de l’Église (et aussi des autres cultes) dans les décisions majeures de notre État (ainsi que dans la société civile en général) et, en même temps, l’impuissance des catholiques (et de leurs représentants en particulier) faces aux autorités politiques. Comme le reconnaît amèrement le Cardinal, notre voix n’a pas été entendue : le sera-t-elle (encore) un jour ?

Force est d’admettre que la réalité ne rencontre pas exactement les statistiques fournies chaque année par l’administration de l’Église. Face à ce constat qu’on pourrait assurément qualifier d’alarmant (vu le “devoir évangélique” qui incombe aux baptisés), point de nostalgie d’une Église d’antan ! Ce serait “contre-nature” et stérile ! Au contraire, reconnaissons-y « un kairos, un temps favorable, un temps de grâce », selon les mots du Cal Jozef De Kesel. Dès lors, aura-t-on le “courage prophétique” et l’honnêteté de regarder en face ce “cliché bistre” résultant du “scanning” de notre Église et d’en tirer des leçons pour l’avenir ou se contentera-t-on d’un “superficiel lifting”, sans lendemain, au risque de perdre son âme et de perdre les âmes ? Ô malheur ! Que Dieu nous en garde ! Continuera-t-on à être préoccupé par des “chantiers” d’ordre organisationnel, structurel (sans doute utiles !) ou se souciera-t-on du salut des âmes en entreprenant une véritable œuvre d’évangélisation à l’instar des premiers évangélisateurs de nos contrées et surtout en fidélité au mandat donné par le Christ-Jésus : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples… » (Mt 29-20). En somme, veut-on juste “entretenir” l’Église ou envisage-t-on de la “renouveler” véritablement dans le souffle de l’Esprit-Saint ?

Au nom de notre Baptême et répondant à l’invitation vivace de Jésus (« Avance au large » Lc 5,4), forts de sa divine promesse (« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des âges » Mt 28,20) et de sa présence constante dans la barque de l’Église et dans nos vies, quelles qu’en soient les traversées (cf. Mc 4,35-41), frères et sœurs catholiques :

1. Il est urgent de vivre pleinement la grâce baptismale en répondant promptement, quotidiennement et généreusement au merveilleux appel reçu du Seigneur : « la vocation universelle à la sainteté » (cf. Concile Vatican II, LG ch. V) rappelée vigoureusement par le Pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et Exsultate (2018) !

2. Il est urgent d’accorder à Dieu la première place dans notre vie – confiants qu’ « Il n’enlève rien, mais qu’Il donne tout » (Pape Benoît XVI, Homélie de la Messe inaugurale, 24 avril 2005) – en recevant les grâces divines offertes dans les sacrements et en y participant régulièrement et activement, en particulier à la Sainte Messe, “car ce que l’homme sème, il le récoltera” (cf. Ga 6,7b-8) !

3. Il est urgent d’être « sel de la terre et lumière du monde » (Mt 5,13-14), de vivre au quotidien les « béatitudes » (cf. Mt 5,1-12) et “l’unique double commandement” de l’amour de Dieu et du prochain (cf. Mt 22,38-39 ; Mc 12,28-34), en « demeurant » constamment « dans » le Seigneur pour pouvoir aimer comme Lui (cf. Jn 15,12-17) !

4. Il est urgent de témoigner toujours et partout de notre foi au Christ-Jésus, en faisant preuve de créativité et d’originalité (à l’instar des saints à travers les âges), totalement fidèles à la Tradition vivante de l’Église et en pleine communion avec elle !

5. Il est urgent d’être les “lampes du Seigneur” éclairant par notre “style de vie” la maison de notre monde (cf. Mt 5,15-16), de nos sociétés sécularisées et pluriculturelles, cherchant à y discerner « les signes des temps » (Concile Vatican II, GS n°4,§1), c’est-à-dire Dieu à l’œuvre ou le Royaume des cieux en germe, conformément à l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Rm 12,2) !

6. Il est urgent de transmettre patiemment notre héritage spirituel aux jeunes générations qui représentent l’avenir de l’Église (de nos communautés et paroisses), en leur proposant prophétiquement « la joie de l’Évangile » (Evangelii gaudium – exhortation apostolique du Pape François, 2013), réinvestissant leurs lieux de vie (tout spécialement les écoles et les réseaux sociaux) par des alternatives actuelles audacieuses aux structures d’autrefois !

7. Il est urgent d’être, dans le monde d’aujourd’hui, une « Église disciple missionnaire », d’après les mots du Pape François et selon “la feuille de route” qu’il nous donne dans son exhortation Evangelii gaudium (cf. n°19-49) !

8. Il est urgent d’adopter résolument l’unique programme pastoral viable, “la pastorale de l’évangélisation”, laquelle « obéit au mandant missionnaire de Jésus (Mt 28,19-20a) » (Pape François, Evangelii gaudium, n°19), et d’en faire le seul, l’incontournable “chantier” de notre Église, de nos diocèses et de nos paroisses, en œuvrant pour “la gloire de Dieu et le salut des âmes” !

9. Il est urgent d’être « une Église “en sortie” » mue perpétuellement par l’Esprit-Saint : « Sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ », selon le vœu ardent du Pape François (Evangelii gaudium, n°49) et dans l’esprit formulé par l’Apôtre des nations, le missionnaire incomparable, Saint Paul : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable » (Rm 12,1) !

10. Il est urgent, pour ce faire, de se nourrir du Sacrifice eucharistique et de la Parole du Seigneur, de « manger sa chair et son sang, non seulement dans l’Eucharistie, mais aussi dans la lecture de la Saint Écriture. En effet, la Parole de Dieu, puisée dans la connaissance des Écritures, est une vraie nourriture et une vraie boisson. » (Saint Jérôme, In Psalmum 147, cité par le Cal Jozef De Kesel dans Pastoralia N°2, 2021, p. 5) afin d’y puiser les “énergies spirituelles”, les grâces nécessaires !

11. Il est urgent, dès lors, de sanctifier “le jour du Seigneur” en prenant part au “festin des noces de l’Agneau” : « le dimanche est un jour saint pour les chrétiens, sanctifié par la célébration de l’Eucharistie, présence vivante du Seigneur parmi nous et pour nous. C’est donc la Messe qui fait que le dimanche est chrétien ! Le dimanche chrétien tourne autour de la Messe. Quel est, pour un chrétien, un dimanche où il manque la rencontre avec le Seigneur ? » (Pape François, Catéchèse du 13 décembre 2017) !

12. Il est urgent, frères et sœurs en Christ, de se préoccuper du “salut des âmes” et d’orienter nos vies vers “l’horizon de la vie éternelle” : « C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 2) !

À bon entendeur salut ! À chacun(e), fructueux Carême et joyeuse montée vers Pâques !
Abbé Ionel ABABI

Pour lire la version longue de son propos, cliquez ici.
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