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10/12/2020
Au coeur de la 1re guerre: les carnets du chanoine Schmitz publiés dans un livre
Il a tout noté de sa petite écriture élégante. Quatre carnets tenus par le chanoine Jean-Servais Schmitz qui, au jour le jour, nous plonge dans la première guerre mondiale. Pas de récits de bataille mais le quotidien d’une population confrontée à la faim, à la peur… Pour le centenaire de celle que l’on appellera « La grande guerre », le journal l’Avenir publiait des extraits de ces carnets. Jean-François Pacco et une équipe publient l’entièreté des carnets avec de nombreuses photos et aussi des encadrés qui aident à appréhender la situation. Le livre vient de sortir. Son titre : « Les Carnets du chanoine Schmitz La Grande Guerre au jour le jour en provinces de Namur et Luxembourg 19&4 – 1919''
Le chanoine Jean Schmitz a été durant 54 ans secrétaire d’évêché. Cet enfant de Commanster, un hameau de Beho, dans les Ardennes a travaillé pour et avec trois évêques : Mgr Decrolière et Mgr Charue. Entre ces deux épiscopats, il aura été le bras droit de Mgr Heylen. Mgr Heylen pour qui, comme l’écrit Jean-François Pacco, ''il avait une admiration sans faille, du respect et de la fidélité.'' Mgr Heylen qui sera très présent, par ses actions, pendant cette guerre. On le craint.
Sur la première page du premier carnet, une date : 1914. Un titre : journal. Et des premières lignes très laconiques : « Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, la mobilisation générale de l’armée belge. » Il faudra attendre le 23 août 1914 et l’entrée des Allemands à Namur pour avoir, chaque jour, les commentaires du chanoine Schmitz. Nous sommes alors au lendemain des massacres de Dinant. Chaque jour, consignées dans ce qui devient « son » journal les informations dont il a connaissance. Pas beaucoup d’indications sur les combats, il n’est pas présent. Au fil des pages, on trouve, par contre, des précisions sur les mouvements des trains, il les entend de son bureau. Trains qui amènent des renforts ou partent vers l’Allemagne avec des prisonniers. Il évoque aussi le bruit du canon plus ou moins fort. De son bureau de l’évêché, le chanoine en déduit et écrit si les combats ont été violents ou plus calmes.

Il voit tout, il entend tout
Guerre ou pas guerre, Mgr Heylen sillonne le diocèse pour les confirmations notamment. Des conditions difficiles : il faut un passeport pour aller de Namur à Dinant. A cheval, en voiture quand c’est possible, les deux hommes se rendent dans les paroisses où l’église a été incendiée, bombardée… Le secrétaire ne perd pas une miette de ce qu’il voit, de ce qui se dit. Ainsi en 1917, il écrit « M. le curé de Warisoulx est parti pour l’Allemagne le 13 janvier à la suite de son sermon sur les déportations. » Très souvent des espions assistent aux célébrations et dénoncent les prêtres trop virulents dans leurs propos… On imagine la suite.
Bien des années plus tard, tous ceux qui ont eu la chance de lire ces carnets ont été séduits par leur précision, par la rigueur des faits. Le chanoine Schmitz accorde beaucoup de place à la situation matérielle des gens très vite touchés par la famine, par une hausse des prix des denrées… Il parle des émeutes à Dinant, Namur, Ciney… Des vols nombreux. Même la paille du coussin du confessionnal de l’église Saint Loup a été volée.

Une église qui tient tête
Dans ses récits, le chanoine Jean Schmitz parle encore d’une Église qui tient tête à l’envahisseur, des relations privilégiées de Mgr Heylen avec le cardinal Mercier. Mgr Heylen se voulait aussi proche des hommes sur le front en organisant, pour eux, une collecte de vivres pour l’envoi de colis. Il fera glisser dans ces colis, un étui à cigarettes à son effigie. Deux hommes qui s’investiront énormément pendant cette guerre. L’évêque de Namur n’hésitera pas à se rendre, avec son fidèle secrétaire à Rome. Avec pour mission : rencontrer un pape bien timide face au conflit. Un voyage qui dans une Europe en guerre est périlleux. Pour ce voyage, le chanoine n’emmène pas ses carnets : trop dangereux. Il fera, à son retour, un résumé. Des carnets qu’il cachait soigneusement. Dans sa maison de la rue du Président ?

Enquêteur
Les Allemands qui faisaient encore circuler la rumeur selon laquelle les prêtres mobilisaient les francs-tireurs. Les tirs allemands c’était ''seulement'' une réplique. Le chanoine Schmitz sera encore durant cette période un véritable enquêteur, se chargeant de faire éclater la vérité. L’évêque et lui ont des relations régulières avec les autres diocèses voire avec les évêques allemands pour obtenir des libérations.
Mgr Heylen ayant appris la déportation de Belges se rend à la gare de Gembloux où ils doivent embarquer dans un train en direction des fermes et usines allemandes. Mgr Heylen s’interpose. Le chanoine Schmitz, un homme austère, investi d’une certaine autorité est présent. Dans ses écrits, il ne mâche pas ses mots en racontant cet épisode.
Le livre comprend deux tomes bien nécessaires pour tout collationner. Ils se trouvent dans un coffret cartonné. Un travail énorme qui se lit comme un roman. Passionnant.
Tout commence un peu avant 2014 lorsque l’historien dinantais Axel Tixhon, professeur à l’UNamur obtient du journal l’Avenir la publication d’extrait de ces carnets. Des publications qui marqueront les 100 ans des débuts de ce conflit. Il travaille avec des étudiants sur ce projet. Tout n’est pas publié. On estime que seulement 30% du contenu de ces carnets a ainsi été rendu public. Carnets qui ont été retranscrits dans leur intégralité. Un travail énorme qui s’est accompagné d’une recherche importante sur les lieux, les personnes citées. Le livre comprend encore plus de 500 photos, des articles de spécialistes, deux lexiques.
Un ouvrage que l’on doit à Jean-François Pacco, Christine Decock, Marie-Christine Claes, Christophe Liégeois qui possède une collection de photos assez exceptionnelle, Axel Tixhon et le chanoine Daniel Meynen. Archiviste du diocèse.
Un livre à offrir ou encore à s’offrir. Il est bien sûr vendu en librairie au prix de 55 euros. On peut le commander directement chez l'éditeur, via son site internet (www.editionsnamuroises.be) ou via le journal L'Avenir : compte BE08 3500 0113 4013 en versant 61,70 € (frais de port compris) avec la communication structurée 886/6452/05622
C.B.
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