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6/12/2010
Quelques aspects de la liturgie catholique romaine
Une nouvelle année liturgique vient de démarrer. Nous entrons dans l'année A. Mais qu'est-ce que cela peut bien signifier? M.Marc Hebbelinck, licencié en théologie est professeur de théologie dogmatique et morale au Séminaire de Namur depuis 1993. Il est aussi Directeur des études de la section de théologie depuis 2009. Dans cet article, il nous livre sa réflexion sur la liturgie catholique et nous aide à mieux l'appréhender.
Un bref regard vers un proche passé
Durant la première moitié du vingtième siècle, la liturgie était caractérisée par une rupture entre le chœur et la nef, les prêtres et les fidèles. Ces derniers étaient plongés dans leur missel (avec le texte latin et sa traduction en langue vernaculaire) ou récitaient leur chapelet. A l’autel, le prêtre suivait scrupuleusement les rubriques (indications à observer pour la célébration) en récitant les prières (dont certaines étaient prononcées à voix basse) prévues en fonction du temps de l’année liturgique. Il s’agissait donc de deux liturgies parallèles dont deux éléments en symbolisaient la rupture: le banc de communion et le latin.
La réforme de Vatican II (Concile qui s’est tenu entre 1962 et 1965) a suscité un renouveau liturgique dont la principale caractéristique se décline par le mot ''participation'' du Peuple de Dieu. Par le dialogue entre le célébrant et les fidèles, par les chants, par le recueillement, par l’action communautaire se vérifie ce qu’on peut lire au numéro 48 de Sacrosanctum Concilium (La Sainte Liturgie):
''Aussi l’Eglise se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme
des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée …''

La liturgie élève le cœur humain
Le mystère que les chrétiens célèbrent est d’abord l’œuvre de Dieu, celle que Dieu lui-même réalise dans les cœurs. En ce sens, la liturgie est l’épiphanie, la manifestation de Dieu. Elle dessine la réalité ecclésiale puisqu’elle fait de la communauté rassemblée par le Christ son Corps. La liturgie est donc une réalité que l’on reçoit et dans laquelle on entre avec tout son être: corps-âme-esprit.
Toute célébration est essentiellement faite d’écoute, d’accueil, de disponibilité à ce que Dieu veut accomplir en ceux et celles qui se sont rassemblés en son nom. Le but de la liturgie n’est pas de rendre compte de ce qui est éphémère mais d’exprimer le mystère de la présence divine dans sa permanence. Mais ce mystère, à y regarder de près, est avant tout le culte rendu par Jésus Christ à son Père au nom de tous les baptisés, membres de son Corps et en communion les uns avec les autres.
La participation à ce culte est la véritable action (ergon) du peuple (laos) de Dieu (laosergon a donné ''liturgie''). Pour le concile Vatican II, la liturgie est essentiellement porteuse de l’œuvre de salut opérée par le Christ dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, c’est-à-dire le mystère pascal.
''La liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu. Car les labeurs apostoliques visent à ce que tous, devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, louent Dieu au milieu de l’Eglise, participent au sacrifice et mangent la Cène du Seigneur.'' (S.C. n° 10)
C’est donc cette présence du mystère du Christ dans la liturgie qui est le point de référence ultime.

Le fonctionnement du temps liturgique
Le temps de l’Avent inaugure une nouvelle année liturgique. Celle qui a commencé le dimanche 28 novembre dernier est dite ''Année A'', cela signifie qu’elle est la première année d’un cycle de lecture conçu sur trois années. Ce qui la caractérise est la lecture dominicale de l’évangile de saint Matthieu.
Les axes centraux du déroulement de l’année chrétienne sont marqués – depuis Vatican II – par une place importante accordée à la Parole de Dieu au cœur de toute célébration. Par le choix des lectures bibliques réparties sur trois années (appellation A-B-C), les baptisés lors de la messe dominicale jouissent d’un large aperçu des textes scripturaires. Autre élément signifiant est la célébration du mystère pascal dans sa récurrence annuelle et hebdomadaire, à savoir la solennité de Pâques et le fait que chaque dimanche est célébrée la Pâque du Seigneur.
Le temps liturgique est aussi marqué par trois rythmes différents tout en étant complémentaires:
Le rythme journalier: la récitation de l’Office divin, plus généralement connu sous le nom de ''Liturgie des heures'' (anciennement le bréviaire des clercs) qui offre à tous les baptisés l’occasion de prier en union avec le Christ et de s’associer au divin chant de louange qui se vit de toute éternité dans les cieux.
Le rythme hebdomadaire: le rassemblement dominical des chrétiens est une grâce car c’est aussi un jour de repos. Dans un monde trépidant où beaucoup sont surmenés par la multitude des tâches à accomplir quotidiennement, accueillir le dimanche comme un jour où il est légitime de prendre du recul par rapport à l’activisme de la semaine, c’est donner à ce jour unique un sens réellement chrétien.
Le rythme annuel: le temps tel qu’il est scandé par les fêtes et moments importants de l’année liturgique presse le peuple chrétien d’entrer dans le mystère de Dieu au long des cinquante deux semaines de l’année.

Les deux pôles de l’année liturgique
Dans la primitive Eglise, le dimanche était le jour par excellence où les chrétiens se réunissaient pour faire Eglise. A cette époque, le retour du Christ était attendu avec impatience. Dès lors, on ne se souciait guère d’organiser le temps en dehors du Dies Domini. Toutefois, Pâques et Noël s’imposeront comme les temps forts de l’année liturgique.
Au 2ème siècle, un dimanche (celui qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps) est choisi pour célébrer la Résurrection du Christ. Et vers 340, à Rome, apparaît la fête de Noël et à la même époque en Orient la fête de l’Epiphanie. La fête de Noël est fixée au 25 décembre – manière de christianiser la fête païenne du Sol Invictus, du Soleil Invaincu – à l’époque du solstice d’hiver.
Ensuite, s’ajouteront à ces deux fêtes et dans le prolongement de la solennité pascale, les fêtes de l’Ascension (attestée vers la fin du 4ème siècle en Occident et en Orient) puis celle de la Pentecôte qui venait achever le temps de Pâques.
C’est récemment qu’une dernière fête liturgique est venue compléter le cycle annuel; il s’agit de la solennité du Christ Roi de l’univers instituée par Pie XI en 1925.
A l’évidence, la liturgie ne s’élabore pas à coup de surprises ''sympathiques'' ou de ''trouvailles'' captivantes mais de répétitions solennelles. Elle représente une expérience unique de prière du Peuple de Dieu dont chaque membre a le droit d’être enrichi par sa beauté et sa majesté. Cette liturgie terrestre nous fait participer – comme par anticipation – à la liturgie céleste qui se célèbre dans la Jérusalem Nouvelle vers laquelle nous tendons comme des pèlerins avides de nous associer définitivement à l’hymne de gloire chantée par les Anges et les Saints.
Marc Hebbelinck

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