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10/6/2012
L’abbé Arthur Georges, grand nom de l’Histoire diocésaine
Le diocèse de Namur compte de nombreuses figures qui se sont illustrées durant la deuxième guerre mondiale. Parmi elles, l’abbé Joseph André qui sera déclaré Juste parmi les nations en 1967. S’il est un peu moins connu, l’abbé Arthur Georges est aussi de ceux dont le courage reste marqué dans les esprits.
Arthur Georges est né en 1909 dans le Brabant wallon. Il fait ses humanités et les années de philosophie au Séminaire de Floreffe. Après quatre années de théologie au grand séminaire de Namur, il est ordonné prêtre en 1934. Désigné vicaire à la cathédrale de Namur, il se consacre aux jeunes et aux pauvres de sa paroisse, ce qui fera dire de lui qu’il a été ''le vicaire optimiste, grand frère des enfants et apôtre jociste.''
Lorsqu'arrive la Deuxième Guerre mondiale, le jeune vicaire s'engage dans la Résistance. Il distribue des tracts et des journaux clandestins et rejoint le réseau Comète dirigé par l'avocat Mélot. Cette organisation est chargée de recueillir des aviateurs alliés, des soldats évadés des camps allemands et de leur faire suivre une filière secrète. Aidé de son ami, le chanoine Pierard, il cache quelques armes dans la sacristie de la cathédrale et va héberger chez lui, début novembre 1942, deux soldats russes parachutés sur l’Allemagne.

Le piège, la condamnation, la prison
Le 17 novembre 1942, Albert Marchal, membre du réseau Cornet, vient placer deux ''aviateurs américains'', l'un chez Maurice Guignon, l'autre chez l'abbé Georges, pour qu'on les achemine ensuite vers l'Angleterre. En réalité, il s’agit de deux soldats allemands, déguisés en pilotes américains! Le piège est une réussite. Très vite, la police allemande arrête plusieurs personnes: l’abbé Georges, les abbés Baijot et Doutrelepont avec qui il vit, mais aussi les deux sœurs Deroyer, les époux Guignon, de même qu'une soixantaine d'autres résistants namurois du réseau.
Lors des interrogatoires, l'abbé Georges prend sur lui seul la responsabilité de l'affaire et obtient la libération des deux abbés et des sœurs Deroyer. Son complice Maurice Guignon, suite à des interrogatoires ''poussés'', avoue avoir déjà caché un aviateur russe: il sera condamné à mort comme récidiviste. L'abbé Georges, lui, tient bon, sans rien avouer. Il sauve ainsi sa tête. Le tribunal allemand le condamnera, le 17 avril 1943, à ''seulement'' huit années d'emprisonnement.
Après un passage à la prison de Saint-Gilles, puis à Louvain, il est transféré le 15 novembre, vers les prisons allemandes d’Aix-la-Chapelle, Cologne, Reinbach et enfin Siegburg, où il est astreint à des travaux éprouvants. Tous ceux qui le fréquentent lui trouvent ''un esprit merveilleux'': il répand autour de lui la bonté et la consolation; il n'hésite pas à prélever sur son rationnement pour aider et pratiquer la charité. Dans ses lettres, il souligne souvent: ''Nous sommes de petits enfants dans les mains du Bon Dieu, laissons-nous conduire!'' Une fois, il ira jusqu’à remercier Dieu pour ''le temps d’effacement et d’isolement'' qu’il est en train de vivre et qu’il compare à une ''retraite'' d’une dimension merveilleuse, ''une expérience splendide''. Dans son testament, il dira aussi: ''Je veux que ma vie soit offerte pour les âmes que j'avais mission, en tant que prêtre, de conduire au Christ.'', et d’ajouter: ''La vie m'a paru une chose belle et joyeuse.''

La maladie, la mort, le retour en Belgique
Au fil du temps, il devient de plus en plus malade, et l'aumônier du camp, l'abbé Munster, lui obtient une place à l'infirmerie. Le verdict tombe: double pneumonie. Son ami, l'abbé Roelmont, qui lui administre les derniers sacrements, est étonné de son calme devant la mort qui se profile. Il s'éteint le 19 mai 1944, le lendemain de l'Ascension. Grâce à l'aumônier Munster, on permet exceptionnellement aux quatre prêtres belges du camp de l'enterrer en toute dignité dans le cimetière de Siegburg.
Tous ses camarades de camp gardent de lui un souvenir impérissable. L'architecte parisien Lucien Arrieu écrit à l'évêque de Namur, le 6 avril 1945, en ces termes: ''Je garde un tel souvenir de l'abbé Georges que je voudrais préparer un mémoire de tous les faits dont je fus le témoin, afin que soit connue de ceux qui l'aimèrent sa vie au bagne et qu'un si grand exemple ne soit pas perdu.''
Au début de l'année 1946, l'abbé Claes, à qui le chanoine Pierard a demandé de se recueillir à Siegburg, devant la tombe de l'abbé Georges, prend l'initiative de ramener le corps en Belgique, à la clinique Sainte-Elisabeth de Namur, où une chapelle ardente est installée. Aussitôt, la nouvelle du retour du corps de l'abbé Georges se répand. La cérémonie religieuse des funérailles, suivie par un très grand nombre de ses paroissiens, est chargée d'émotions: chacun veut rendre un dernier hommage à celui qu’on considère déjà comme un héros.
L’abbé Arthur Georges est inhumé dans le cimetière de Lomprez, près de Wellin, dans le caveau de famille.
Source: ''Etoile du matin'', novembre 2009, n°61, par J.-M. Derzelle. Texte transmis par M. Brandt
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