J'ai effectué deux séjours au pays des mille collines, à la demande des Dominicaines Missionnaires d'Afrique. De temps en temps, elles appellent celle qu'elles nomment ''la grand-mère.'' Le premier s'est déroulé du 3 janvier au 8 février, le second en septembre.
L'aéroport de Kigali est entièrement modernisé... Et surprise, Soeur Jacqueline, l'économe générale, qui a appris à conduire, m'amène à la maison, à travers le trafic nocturne intense du samedi soir dans lequel elle se faufile avec aisance. J'arrive juste pour la fête de l'Epiphanie.
La prieure générale des Dominicaines Missionnaires d'Afrique, Soeur Antoinette Musengimana (un beau nom qui signifie: adorez Dieu...) me partage toutes les nouvelles et nous établissons ensemble le programme. Pour l'année de la vie consacrée, elle me demande de donner trois sessions pour les différents groupes de soeurs: les professes temporaires, les professes perpétuelles et les formatrices.
Celle que j'ai donnée en 2014 pour les économes porte des fruits, me confie-t-elle. Chaque communauté est auto-suffisante pour la vie ordinaire des soeurs. Elles ont décidé de bien utiliser les ressources humaines et les ressources naturelles mises à leur disposition. Mais ici à Kigali, il m'est demandé d'aider l'économe générale pour la clôture de l'exercice 2014, cela se fera rapidement et sans problèmes car les comptes sont tenus avec rigueur. En les parcourant, j'ai des frissons car je vois que les fins de mois sont toujours difficiles. Heureusement que la maison générale est aussi une maison d'accueil. On attend comme la pluie l'arrivée des passagers! Parfois il ne reste que 30 euros à la fin du mois et c'est de la maison principale qu'on doit subvenir aux besoins généraux : frais médicaux, études, déplacements pour la mission etc...
Les oeuvres aussi demandent des moyens extérieurs notamment pour la prise en charge des enfants de la rue et des jeunes filles déscolarisées.
Un jeune prêtre de Byumba est de passage: il explique que c'est grâce à moi qu'il est devenu prêtre Lorsqu'il était en rhéto au Petit Séminaire, j'y suis allée prêcher une récollection. Il était là simplement pour étudier mais il avait été interpellé surtout par la liberté de choix que j'avais mise en lumière. Dès lors, il a opté en toute connaissance de cause pour le sacerdoce. Le Saint Esprit passe comme il veut, quand il veut, mais c'est beau de voir la reconnaissance des personnes après tant d'années.
J'ai effectué des voyages pour aller visiter les soeurs dans les différentes communautés.
C'était le moment de la mise en place des différentes formatrices. Il y a une année de plus dans la formation car les jeunes qui arrivent n'ont presque plus de connaissances religieuses. Les soeurs ont choisi un coin perdu pour y amener les candidates, je suppose afin qu'elles sachent d'emblée ce qui les attend dans la vie missionnaire. Nous sommes allées aussi à Byumba, lieu de la fondation. Les gens qui m'ont reconnue étaient très étonnés de me voir en forme, ils croyaient que j'étais devenue très vieille... Un m'a dit: Tu marches encore? Il a su que j'étais là en reconnaissant la Toyota que je conduisais souvent, elle date de plus de vingt ans...
Au Foyer de Charité de Remera, dans un site extraordinaire, j'ai donné une session sur l'étude sacrée. Et à Kigali, une autre sur ''l'harmonie de la vie spirituelle'' pour plusieurs congrégations. Soeur Epiphanie, rwandaise, y participe pour pouvoir la donner à son tour comme elle le fait déjà pour les psaumes. J'ai assisté au début du procès de béatification d'un couple rwandais: Cyprien Rugamba et son épouse Daphrose, qui ont fondé la communauté de l'Emmanuel au Rwanda.
J'ai eu la joie de voir deux soeurs rwandaises se préparer à partir vaillamment en République centrafricaine malgré les dangers de la guerre: Soeur Belline et Soeur Donatilla...La tradition se perpétue! Actuellement, elles ont été rejointes par deux jeunes soeurs centrafricaines qui ont fait le noviciat au Rwanda... Elles allaient y rencontrer bientôt un hôte de marque!
Soeur Marie-Pascale